Marcillac-Vallon. En 1962, les "Tréteaux laïques" ont joué au fond de la mine

60 ans après la grande grève des mineurs du Bassin Houiller de Decazeville, on se souvient encore de la grande soirée de variétés offerte aux grévistes du puits n° 1 à Cransac, le 19 janvier 1962, par le personnel enseignant des écoles de Cransac. Pendant près de deux heures, une vingtaine de bénévoles ont distrait les gueules noires, et parmi eux, les acteurs des Tréteaux laïques de Marcillac qui ont interprété quelques scènes extraites des célèbres pièces" Marius" et "Fanny" de Marcel Pagnol. Bien des années plus tard, le regretté Loulou Delmas, qui jouait le rôle de Marius aux côtés René Devals, Raymond Viguié, Louis et Robert Amans, se plaisait à raconter le déroulement d’une soirée à jamais gravée dans sa mémoire.

"Comme les femmes ne pouvaient pas descendre au fond de la mine, il nous fallut adapter des scènes dans lesquels seuls les hommes étaient présents. Avant de descendre on nous donna un casque et nous prîmes place dans l’ascenseur qui était loin d’être aussi confortable que ceux que nous connaissons aujourd’hui. La descente nous parut longue cependant beaucoup moins que le chemin qu’il nous fallut parcourir pour arriver au point de rencontre avec les mineurs. Heureusement que l’on avait des casques car beaucoup d’entre nous se cognèrent, l à voûte étant part endroit assez basse".

La représentation, donnée dans les entrailles de la terre, se déroula dans une ambiance singulière et fascinante, les gueules noires formant autour des comédiens un public dont seules les lampes étaient visibles.

"L’ovation que firent les mineurs aux acteurs montra combien leurs talents avaient été appréciés" peut-on lire dans un article de la presse locale de l’époque qui évoque dans sa conclusion "la grande, la magnifique ambiance de cette soirée" et son final en apothéose avec l’intervention de M. Chauviac, instituteur au Gua qui interpréta à l’accordéon "Froufrou", "Le petit vin blanc", "La Vase brune"… Un pot-pourri de chansons dont "les mineurs emmurés reprirent en chœur tous les refrains".