SDF, bidonvilles, passoires thermiques, endettement : l'état du mal-logement en France

"Une crise du logement dont l’ampleur ne semble pas réellement prise en compte par les responsables politiques" : à un peu plus de deux mois des élections présidentielles, le 27e rapport de la Fondation Abbé-Pierre sur le mal-logement établit un bilan critique du quinquennat d'Emmanuel Macron, malgré la politique du Logement d'abord censée "désengorger les centres d’hébergement d’urgence et leur permettre de retrouver leur vocation première d’accueil temporaire et sans condition pour les personnes en grande détresse", selon le gouvernement.

Pour la fondation, le logement "n’a pas fait l’objet d’une attention particulière dans le plan de relance de l’automne 2020". Et le constat que fait ce 27e rapport sur le mal-logement en France montre que le phénomène est en augmentation.

Depuis dix ans, le nombre de sans domicile fixe a doublé, et s'établit aujourd'hui à 300 000 personnes. Début décembre 2021, quelque 4000 personnes n'ont pas pu avoir accès à un logement d'urgence, faute de places. Le nombre de nuitées a quintuplé en 10 ans, avec 74 000 en 2021. Entre le 1er novembre 2020 et le 31 octobre 2021, 1 330 expulsions ont été recensées en France, dont 64 % pendant la trêve hivernale. En mai 2021, 22 189 personnes vivaient dans 439 lieux de vie informels (squats, bisonvilles...),  dont 5 965 mineurs, en augmentation. Et 2,2 millions de ménages ont fait une demande de logements sociaux, alors que leur construction "est en baisse constante depuis le début du quinquennat, à un niveau qui n’a jamais été aussi bas depuis 15 ans (87 000 agréments en 2020)" note le rapport. 

Ouest France relève que la France compte 4,1 millions de mal logés, un million de personnes privées de logement personnel, et plus de 22 000 personnes vivant dans un lieu de vie informel (squat, bidonville…), dont près de 6 000 mineurs. Tandis que 1,2 million de locataires présentent une situation d’impayés. Au cours de l’hiver, 5 millions de Français « ont eu froid », constituant « le noyau dur de la précarité énergétique ».

La Fondation Abbé-Pierre note également que les crédits pour les APL ont diminué de 15 milliards d'euros en cinq ans.

Quant aux passoires thermiques qui représentent quelque 5 millions de logements, la Fondation propose propose que leur rénovation devienne "une priorité nationale". Elle propose d'ailleurs plusieurs propositions pour les candidats à l'élection présidentielle : "relance du Logement d’abord et du logement social, encadrement des loyers, sécurité sociale du logement, éradication des passoires énergétiques, redistribution des richesses, agence nationale des travaux d’office…".