Vous ne lisez pas les études universitaires ? Un quart des journalistes ne le font pas non plus

  • Les journalistes sont confrontés à de multiples obstacles pour trouver et interpréter ces publications universitaires.
    Les journalistes sont confrontés à de multiples obstacles pour trouver et interpréter ces publications universitaires. Tada Images / Shutterstock
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - La pandémie a été (et est toujours) riche en enseignements pour les médias. L'un d'entre eux concerne le rapport qu'entretiennent les journalistes avec les études universitaires. Certains n'en consultent que très rarement -voire pas du tout- pour s'informer sur une thématique.

Le site The Journalist's Resource a dressé ce constat après avoir interrogé plus de 1500 journalistes et autres professionnels des médias. Le but de la démarche ? Comprendre quelle est la place des publications universitaires dans la pratique journalistique. Près de la moitié des répondants lisent souvent des études "peer reviewed", ou "examinées par les pairs" en français, pour s'informer sur des sujets qu'ils couvrent.

Mais ce n'est pas sans difficulté. Les journalistes sont confrontés à de multiples obstacles pour trouver et interpréter ces publications universitaires. Près de deux tiers des professionnels interrogés (60%) disent avoir du mal à les consulter à cause des "paywalls" que mettent en place certaines revues scientifiques. En effet, de nombreux sites spécialisés réduisent le nombre de leurs contenus accessibles gratuitement sur internet, pour encourager leurs lecteurs à souscrire à un abonnement.

Autres problèmes rencontrés : le jargon universitaire (58%) et le manque de temps (54%). La plupart des sondés dit ne pas avoir le temps de lire de longs documents de recherche dans les délais qui leur sont impartis pour rédiger un article. Un tiers déclare même manquer de temps pour les chercher en ligne !

Le "peer review" dans la ligne de mire

Avoir recours à des experts pourrait faciliter la tâche des journalistes. L'enquête menée par The Journalist' Resource révèle toutefois que beaucoup d'entre eux peinent à entrer en contact avec eux. La plupart déclarent qu'il serait "très utile" que les universitaires incluent leurs coordonnées dans leur biographie en ligne, et qu'ils répondent plus rapidement aux appels et aux mails.

Si les professionnels des médias sont habitués à consulter des recherches universitaires, ils n'ont pas forcément tous les bons réflexes lorsqu'il faut les citer. Un tiers d'entre eux reconnaissent ne jamais- ou presque- indiquer si l'étude en question a été évaluée par des pairs. Cela fait des années que ce processus d'évaluation est considéré comme la méthode de référence de validation des découvertes scientifiques.

Si certaines voix s'élèvent depuis longtemps contre le "peer review", elles sont encore plus nombreuses depuis le "Lancetgate". Cette prestigieuse revue britannique a dû rétracter en juin 2020 une étude suggérant que l'hydroxychloroquine augmentait la mortalité et les arythmies cardiaques chez les patients hospitalisés pour Covid-19. Bien que cet article ait été examiné par des pairs en amont de sa publication, l'origine des données sur lesquelles il s'appuyait a soulevé de nombreuses interrogations au sein de la communauté scientifique.

Malgré ce scandale, peu de journalistes prennent le temps de contacter les auteurs des études qu'ils citent pour plus de précisions. C'est le cas de seulement 15% de ceux interrogés par The Journalist's Resource. Espérons que ce pourcentage augmente dans les prochains mois ; il en va de la crédibilité des médias face à une crise à l'ampleur inédite.

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