À Marcillac-Vallon, Marie Sanhes déterminée à habiller les clients "des pieds à la tête"

Abonnés
  • Marie Sanhes n'habille pas les clients de la tête aux pieds mais "des pieds à la tête".
    Marie Sanhes n'habille pas les clients de la tête aux pieds mais "des pieds à la tête". Repro CPA
Publié le
Guilhem Richaud

Il y a moins d’un an, sur un coup de tête, la jeune femme reprenait le magasin de chaussures de Marcillac. Depuis, elle l’a développé, et s’apprête à se lancer dans le prêt-à-porter.

"Je pense que si j’ouvrais à 7 h 30, les gens viendraient dès cette heure-là." Avec le sourire qui la caractérise, Marie Sanhes regarde les passants s’arrêter devant sa boutique, La pointure du Vallon, en plein centre-ville de Marcillac, à deux pas de la mairie. La mère de famille, 35 ans, a refait la vitrine la veille, et forcément, ça attire l’œil des clients, qui n’ont pu qu’observer, depuis un an, la renaissance de ce lieu historique de la commune.

Pendant près de 50 ans, la famille Aymès, mère et fille, a tenu cette boutique de chaussures, dont la renommée dépassait déjà les frontières de la petite commune de Marcillac. C’est d’ailleurs parce qu’elle en était cliente que Marie Sanhes la connaissait. "C’est ma belle-mère qui m’en a parlé, raconte cette maman de trois enfants, qui cherchait alors des chaussures pour le premier. Souvent dans les familles, ce sont les grands-parents qui achètent les premières vraies chaussures d’un enfant. C’est symbolique, c’est un passage important du bébé à l’enfant."

Un coup de tête

Voilà donc comment la jeune femme, qui habite alors à Rodez, devient cliente de la Pointure du Vallon, il y a une dizaine d’années, sans imaginer une seule seconde qu’elle reprendra un jour la boutique. Entre-temps, la famille s’installe à Valady, mais Marie Sanhes continue de travailler à Rodez. Fille de commerçants, elle a également fait des études de commerce avant de travailler dans plusieurs boutiques de la préfecture de l’Aveyron. Mais au moment du confinement, alors qu’elle est salariée dans une enseigne de prêt-à-porter, elle est licenciée à cause de la perte d’activité. "En rentrant chez moi, j’ai dit à mon mari que je ne voulais plus jamais travailler dans le commerce", sourit-elle. Quelques jours plus tard, en janvier 2021, sa grand-mère a besoin de bottes.

Elle lui propose de l’amener à Marcillac, dans la boutique qu’elle connaît bien. "En arrivant, j’ai expliqué à la gérante que ma grand-mère était timide et que ça allait prendre un peu de temps. Elle m’a répondu faites comme chez-vous, je vous laisse faire la vendeuse. Et j’ai vendu des bottes à ma grand-mère. Au moment de payer, la gérante m’a remercié et m’a lancé : "Vous voulez pas racheter ma boutique, je veux prendre ma retraite ?" Marie Sanhes répond très sérieusement à la plaisanterie que ça pourrait l’intéresser. Elle rentre chez elle, en parle à son mari, qui lui conseille de foncer. "Je suis revenue l’après-midi et j’ai demandé à Éliane Aymès (la gérante depuis 1987, NDLR) de me faire visiter, de m’expliquer comment elle travaillait…"

Bientôt du prêt-à-porter

Dans la foulée, elle va voir un comptable, se rapproche de la CCI, et mi-février, à peine un mois plus tard, les deux femmes passent devant le notaire pour acter la vente du fonds de commerce. Le troisième confinement empêchera l’ouverture prévue en mars, mais Marie Sanhes ne se décourage pas. Elle en profite pour faire des travaux et donner un goût de modernité à la boutique, mais aussi pour affiner un peu sa stratégie sur les réseaux sociaux. Elle décide également de vendre des parapluies, des chaussettes, des sacs à main de marques françaises. Et quand elle ouvre enfin, le 19 mai, tout est prêt et les clients sont directement au rendez-vous. Près d’un an plus tard, elle a rempli tous ses objectifs et continue de fourmiller de projets.

La trentenaire est en train de racheter le fonds de commerce d’une boutique de prêt-à-porter voisine, dont la gérante, qu’elle va embaucher quelques mois jusqu’à sa retraite, commençait à réfléchir à vendre. Là encore, Marie n’a pas cogité longtemps. Elle a trouvé l’idée bonne et a étudié la faisabilité financière et technique. "Reprendre la boutique était compliqué tant sur l’organisation que financièrement, alors j’ai décidé de faire un transfert de fonds", lance-t-elle. Elle s’est donc lancée dans de nouveaux travaux pour réaménager une nouvelle fois l’espace, qui accueillera des vêtements, dans quelques semaines. Pas question pour autant de remplacer les chaussures, ni de changer le nom de la boutique, qui continuera à s’appeler la Pointure du Vallon. "Les clients me disent "vous allez nous habiller de la tête aux pieds". Je leur réponds que non, je vais les habiller des pieds à la tête", termine-t-elle avec plein de malice.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?