Pâtes, farine, huiles... : doit-on s'inquiéter d'une prochaine pénurie ?

  • Les Français ont-ils raison de faire des stocks de produits de première nécessité ?
    Les Français ont-ils raison de faire des stocks de produits de première nécessité ? Pixabay -
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Centre Presse Aveyron

On a vu apparaître dans les magasins des affichettes restreignant l'achat de produits de première nécessité. En effet,  huiles, farines ou encore pâtes  sont soumises depuis quelques semaines à davantage de tensions d'approvisionnement, en raison notamment d'achats de précaution des consommateurs, mais les professionnels sont rassurants sur les stocks à court terme.

Certains produits commencent à manquer dans les rayons de supermarchés, notent les spécialistes. Et les prix sont à la hausse depuis plusieurs semaines. Entre le 21 février et le 27 mars, les huiles, la farine et les pâtes ont vu "leurs nombres d'incidents de rupture en grande distribution", hors les discounters Lidl ou Aldi, "croître de manière plus ou moins significative", respectivement de 37% pour les huiles, de 26% pour la farine et de 21% pour les pâtes alimentaires, a relevé Nicolas Léger, directeur analytique chez NielsenIQ.

"Les gens font des stocks" mais pas de pénurie annoncée

"En France, aujourd'hui, il n'y a pas de pénurie pour la consommation courante et il n'y en aura pas jusqu'à l'été", a déclaré dimanche sur BFMTV le président du comité stratégique E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc. "Des pâtes, il y en a. Pour l'huile de tournesol, nos stocks vont jusqu'à juin".

"Sur l'huile de tournesol, il y a un peu d'achats de précaution mais on n'est pas en pénurie complète de l'approvisionnement", a aussi déclaré mardi le patron de Système U, Dominique Schelcher, au micro de Radio Classique. "Les gens font des stocks et c'est ce qui peut vider les rayons actuellement, mais il y aura de nouveau de la marchandise. Pas forcément toutes les marques, mais il y aura des produits, pas de panique".

Les rayons vides s'expliquent par la tension sur l'approvisionnement créée par ces achats de précaution et un phénomène de stockage "plus important qu'à l'habitude", selon Nicolas Léger de NielsenIQ. Un phénomène également observé lors des premiers mois de l'épidémie de Covid-19.

"On dit et répète de ne pas s'inquiéter, qu'il n'y a pas de pénurie, mais le fait d'en parler attire l'attention de certains consommateurs, qui au lieu d'acheter un litre d'huile vont en acheter trois", poursuit Thierry Desouches, porte-parole de Système U. "Or, la chaîne d'approvisionnement est dimensionnée pour un certain volume, et si ce dernier est démultiplié, il peut y avoir ce genre de rupture" alors qu'il n'y a pas de problème de stock.

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Pandémie et Ukraine facteurs de tensions

"Le contexte actuel crée de l'incertitude au sein des foyers français", qui ont successivement subi "période inédite de coronavirus, reprise mondiale sans précédent, tensions sur les matières premières, inflation et conflit en plein cœur de l'Europe", synthétise NielsenIQ. "Nous lisons ainsi une transcription de ces tensions sur les achats en magasin". À l’inverse, l'augmentation du nombre de ruptures est plus modérée "sur certaines familles dites sensibles ou exposées, telles que le sucre (+8%) ou le riz (+5%)", précise Nicolas Léger.

Concernant l'huile de tournesol, utilisée dans de nombreux produits transformés, le problème de pénurie pourrait se poser après l'été, dans la mesure où l'Ukraine en est le premier exportateur mondial. Fin mars, le ministre ukrainien de l'Agriculture avait estimé que l'invasion russe risquait de diviser par deux la prochaine récolte de céréales.

Les semis ont bien commencé en Ukraine, mais si les volumes de tournesol ne sont pas au rendez-vous, "cela posera problème pour l'huile de tournesol et pour l'industrie agroalimentaire", reconnaît Thierry Desouches. Même s'ils sèment, il faudra en outre sortir la marchandise d'un pays aujourd'hui coupé des routes commerciales.

Une incertitude qui pourrait accroître encore la tentation des achats de précaution.

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