Rodez : Hantz - Lacombe - Poisson, les bons tuyaux pour le maintien du Raf en ligue 2

Encore une fois, le conseil le plus sage est venu de Michel Poisson, entraîneur légendaire du Raf, qu’il a hissé de la Promotion d’Honneur, une division régionale, à la D2 entre 1979 et 1993. "Il faut un entraîneur au président et un entraîneur à l’entraîneur. Laurent Peyrelade est un coach d’exception, mais au bout d’un moment, comme pour tout homme, son discours ne passe plus. À force d’être sous pression, on n’est plus lucide. Ça m’est arrivé à quatre reprises en troisième division. À chaque fois, pour relancer mes joueurs, j’ai fait venir des entraîneurs pour prendre le groupe en main à ma place pendant une semaine. Des amis comme Philippe Bergeroo, Erick Mombaerts (passés sur le banc du Paris Saint-Germain) ou encore l’ancien conseiller technique régional Jean-Michel Benezet. Ça m’a fait mal, mais ça a toujours marché. Ceux qui ne sont pas humbles, ce ne sont pas des hommes. Et un jour ou l’autre, ça se retourne contre eux."

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De quoi créer un choc psychologique dans une équipe ruthénoise venant d’enchaîner quinze matches sans victoire, dont sept défaites, et qui n’a plus que trois points d’avance sur le 19e, Dunkerque ? D’autant que le coach emblématique, âgé aujourd’hui de 73 ans, avait pris cette décision à la moitié des saisons en question. Là, il ne reste plus qu’un mois à Laurent Peyrelade et ses hommes avant d’entendre le coup de sifflet final de l’exercice en cours. "Ça rassurerait le groupe et lui permettrait de reprendre confiance, estime le Sévéragais. En plus, ça évite de payer des indemnités de licenciement. Et elles sont de plus en plus élevées dans le football d’aujourd’hui. Surtout, c’est une solution qui respecte les hommes." Une idée saluée par les deux autres légendes aveyronnaises du banc, tous deux sans club : "Ça amènerait une bouffée d’air frais, mais moi, je ne suis plus trop dans le coup là !", rigole Guy Lacombe, dont la dernière saison en poste remonte à 2012-2013, à Al Wasl Dubaï. C’est un peu plus récent pour Frédéric Hantz, remercié il y a un an et demi par Al-Khor, un club qatari : "Michel a eu une très bonne initiative, mais il faudrait que Laurent en soit persuadé."

Pour maintenir Montpellier en Ligue 1 en 2016, le Ruthénois avait, lui, actionné d’autres leviers. "Ce n’est pas comparable car j’étais arrivé en janvier et à pareille époque de la saison, on était sûr de se maintenir, contextualise d’abord le technicien de 55 ans. Selon les besoins du groupe, j’ai fait tout et son contraire pour le remobiliser. Pendant une ou deux semaines, si un mec avait à peine trois minutes de retard à l’entraînement, il n’y participait pas. Quand je n’étais pas content, j’ai fait des séances durant lesquelles je ne disais pas un mot aux joueurs. Par contre, lorsqu’ils étaient fatigués mentalement, je renforçais ma proximité avec eux, j’axais davantage mes entraînements autour du jeu…"

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"Il faut s’aimer fort"

Celui dont Laurent Peyrelade a été l’attaquant puis l’adjoint, au Mans, ajoute : "Quand tu es dans la situation de Rodez, en avril, il faut s’aimer fort, trouver des qualités à ses partenaires, se transmettre de la confiance… Aussi prendre conscience que ta formation a des atouts et que tes concurrents au maintien, comme c’est le cas actuellement, sont plus en souffrance. Mais ne pas surjouer l’aspect collectif pour ne pas mettre trop de pression à tes gars. Surtout se rapprocher des cadres pour être en phase avec les pulsations du vestiaire. Une mise au vert peut être contre-productive et à part s’il a vraiment dépassé les limites, écarter un joueur dans le sprint final ne sert à rien. Au MHSC, j’adaptais les séances à chacun et je faisais beaucoup d’entretiens individuels."

"Certains joueurs peuvent avoir peur et il faut savoir ne plus compter sur eux, oppose Guy Lacombe, à qui Laurent Peyrelade a "demandé conseil " récemment. À Cannes, à cinq ou six matches du terme de la saison 1996-1997, j’avais remplacé mon gardien titulaire François Lemasson, expérimenté mais que je ne sentais plus concerné, par un gamin de 18 ans. Et on s’est sauvé."

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Autre exemple du tacticien villefranchois de 66 ans : "Quand je prends Rennes au milieu de l’exercice 2007-2008, on se bat aussi pour le maintien et je décide de changer de capitaine. À son retour de la coupe d’Afrique des nations, je donne le brassard au Ghanéen John Mensah, qui ne parle quasiment pas un mot de français. (rires) Dans mon bureau, il me dit : ‘‘Pas possible coach ! Pas possible !’’ (rires) Je lui ai répondu qu’il n’avait même pas besoin de parler car avec son envie sur le terrain et sa haine de la défaite, tout le vestiaire allait le suivre. Ça n’a pas loupé."

Sa décision d’obliger les Rennais à manger tous ensemble le midi a aussi porté ses fruits. "Pendant un repas, tu échanges bien plus librement que dans un vestiaire. Grâce à ça, j’ai vu mon groupe se resouder. Ce sont des petits détails, mais ils font la différence. Les gars s’entendaient tellement bien que derrière, ils faisaient les efforts les uns pour les autres sur le terrain."