Les web novels, ces romans numériques qui agitent l'Asie

  • En Chine, cet engouement pour les romans numériques remonte à la naissance d'Internet, avec l'avènement de la cyberlittérature.
    En Chine, cet engouement pour les romans numériques remonte à la naissance d'Internet, avec l'avènement de la cyberlittérature. Krakenimages.com / Shutterstock
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - En Chine, les romans ne se lisent pas en tournant des pages mais sur Internet. Ce format numérique, connu comme les "web novels", a déjà conquis des millions de lecteurs et cherche désormais à conquérir l'Occident. Décryptage.

Il aura fallu du temps pour que les lecteurs européens s'essaient aux e-books, ces livres numériques que l'on dévore en "scrollant" sur une liseuse. Les Chinois sont, eux, habitués depuis longtemps à lire des œuvres de fiction sur leur smartphone ou leur ordinateur. Ils sont particulièrement friands des web novels, ces romans spécialement conçus pour être lus sur un écran.

En Chine, cet engouement pour les romans numériques remonte à la naissance d'Internet, avec l'avènement de la cyberlittérature. Les web novels se distinguent de leurs cousins sur papier par leur grande liberté formelle. Chaque auteur est libre de construire son récit sur des centaines, voire parfois des milliers de chapitres.

Un roman de 1118 chapitres

C'est toute la particularité des web novels : ces œuvres de fiction s'affranchissent des schémas narratifs traditionnels pour coller au mieux aux attentes des lecteurs. La psychologie des personnages prime sur le développement et même la cohérence de l'intrigue. C'est pourquoi la plupart des web novels appartiennent à des genres grand public, et prisés des jeunes, comme la romance, la fantasy, le "young adult" et la science-fiction.

On peut citer en exemple "Nightfall" ("Jiang Ye" en version originale) de Mao Ni. Ce web novel suit les aventures de Ning Que, un jeune homme aux aptitudes extraordinaires qui a survécu au massacre de sa famille à l'époque Tang. Une histoire que l'auteur chinois a développée dans 1118 chapitres. Malgré son extrême longueur, ce web novel a trouvé son public et a même été adapté pour le petit écran.

De nombreux studios de cinéma se tournent vers les web novels pour produire de nouvelles séries télévisées, comme ils le font depuis des années avec les fanfictions et plus récemment les webtoons. "Love in the Moonlight" et "The First Shop of Coffee Prince", toutes les deux disponibles sur Netflix, sont tirées de romans numériques sud-coréens.

Cap vers l'Occident

Le succès des web novels renoue paradoxalement avec une tradition ancienne : celle des romans-feuilletons publiés périodiquement dans les journaux aux XIXème et XXème siècles. Si ce format est depuis tombé dans l'oubli en Europe, sa nouvelle incarnation numérique fait de plus en plus d'heureux en Chine, mais aussi au Japon et en Corée du Sud.

De nombreuses plateformes comme Webnovel, Joara et Naver investissent dans ce marché en plein essor, estimé à près de 60 millions d'euros (80 milliards de wons sud-coréens) en Corée du Sud d'après le journal local Pressian. Le géant du Web sud-coréen, Naver, s'est récemment associé à Munpia, un grand nom des web novels, pour encourager les écrivains amateurs à sortir leur plus belle plume... digitale. Ils s'apprêtent à lancer un grand concours dans le pays de la K-pop pour dénicher les web novels qui marcheront dans les pas de "Nightfall" ou "Nirvana in Fire", avec, à la clé, une récompense d'un milliard de wons sud-coréens (environ 750.000 euros).

Si les web novels consolident leur statut en Asie, ils s'efforcent désormais d'infiltrer le marché occidental. La plateforme Webnovel a constaté un intérêt grandissant pour ces fictions numériques en Chine, mais aussi au-delà des frontières de l'empire du Milieu. Selon le Global Times, son catalogue comptait 370.000 web novels étrangers en décembre dernier- et il y a fort à parier que ce chiffre ne fera qu'augmenter dans les prochains mois. Webnovel fait, en tout cas, tout pour. La plateforme a lancé en mars dernier son premier concours d'écriture destiné aux auteurs nord-américains souhaitant s'essayer à la cyberlittérature. A l'époque, ils pouvaient remporter 20.000 dollars et la chance de voir la couverture de leur roman affichée sur les panneaux publicitaires de Times Square à New York. De quoi susciter des vocations.

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