Maison d'arrêt de Druelle : de trois à deux ans de prison pour les auteurs du guet-apens sur un surveillant

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  • Des surveillants pénitentiaires sont venus soutenir leur collègue au tribunal judiciaire de Rodez.
    Des surveillants pénitentiaires sont venus soutenir leur collègue au tribunal judiciaire de Rodez. -
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L'audience correctionnelle s'est tenue ce jeudi 5 mai, devant le tribunal judiciaire de Rodez.

Une nouvelle fois, les surveillants pénitentiaires de la maison d'arrêt de Druelle étaient venus en nombre. Car, ce jeudi 5 mai à 14 heures, devant le tribunal correctionnel de Rodez, se tenait le procès de deux homme de 25 et 33 ans, accusés d'avoir fomenté un guet-apens à l'encontre d'un de leur collègue. Leur procès avait déjà été reporté par deux fois. Les prévenus, déjà sous le coup d’une procédure criminelle (pour une affaire de meurtre et l'autre de proxénétisme), avaient demandé un délai pour être jugé. 

Des surveillants pénitentiaires remontés et qui attendaient une décision de justice ont donc suivi avec attention cette audience qui a démarré par le rappel des faits. Le lundi 7 février, alors que les détenus de la maison d'arrêt prennent encore leur petit-déjeuner, le surveillant qui va être agressé est appelé pour régler " un problème à la télévision ". Celui-ci rentre alors dans la cellule où se tiennent les deux prévenus. En effet, le socle sur lequel repose la télévision est cassé, elle ne tient plus que par les fils. La suite, c'est le surveillant pénitentiaire qui raconte à la barre : " Lorsque je suis rentré, j'étais donc face à la télé, puis j'ai été saisi par derrière au niveau des biceps. Assez fort pour avoir des traces." 

" J'ai senti qu'il commençait à douter "

Le surveillant parvient à se retourner, face à lui, il aperçoit l'autre détenu qui brandit un morceau de brosse à dents sur lequel est fixée une lame de rasoir. " Je suis parvenu à lui saisir le bras, poursuit la victime. Il y avait de la force dans son geste. Il avait l'intention de me blesser. " 

La scène dure un peu plus d'une minute. Sur des images de vidéo surveillance, prise depuis le couloir de la maison d'arrêt, on voit ensuite l'un des prévenus qui sort de la cellule et s'enfuit à toutes jambes. Quelques secondes plus tard, l'autre détenu sort en maintenant le surveillant plaqué contre lui, avec la lame de rasoir contre son cou. " J'ai senti qu'il commençait à douter ", rajoute-t-il. Et puis, sur les images on voit l'homme lâcher prise et être raccompagné dans sa cellule par le surveillant tandis que ses collègues arrivent en renfort. 

Les surveillants pénitentiaires étaient venus chercher des réponses et une condamnation, lors de ce procès. "Malgré les explications, souvent farfelues des prévenus, il reste difficile de justifier leur geste", déplore Me Bruce Flavier, l'avocat de la victime. Chacun expliquant avoir voulu protéger la victime de cette agression. 

Un piège

"Heureusement que mon client a eu les bons réflexes et les bons gestes. Les détenus ne s'attendaient pas à une telle résistance, complète l'avocat. D'ailleurs, il a été félicité par sa hiérarchie aussi bien au niveau local, régionale que national. En 25 ans d'ancienneté, il n'a jamais connu de faits aussi graves. D'ailleurs, tous les surveillants de la maison d'arrêt de Druelle n'ont jamais été confrontés à ce genre d'agression. Ces derniers mois, les agressions se sont multipliées au sein de l'établissement. Comment peut-on explique cela ? À la population carcérale qui a fortement augmenté, au profil des individus, etc. "

" Stupeur, grand émoi. Nous n'avions jamais vu pareille agression" à la maison d'arrêt de Druelle. Par ces mots forts, le procureur de la République Olivier Naboulet a rappelé dans sa plaidoirie la gravité des faits. " Ils ont attiré le surveillant dans un piège, ils ont tendu un guet-apens." Et le représentant du ministère public de requérir 5 et 3 ans de prison ferme à leur encontre. 

De leur côté, les avocats des prévenus ont déploré "l'absence d'une enquête" plus poussée "qui aurait pu permettre de lever certains doutes" ou encore que "les versions de chacun" n'aient été prises en compte.

Après avoir délibéré, le tribunal a condamné les deux individus à trois ans de prison ferme contre celui qui avait tenu le couteau et deux pour celui qui avait pris la fuite. Ils sont maintenus en détention et seront jugés dans quelques mois pour leurs affaires criminelles. 

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