France : Élisabeth Borne nommée Première ministre, le choix de raison du Président Macron

  • Elisabeth Borne est "une femme de conviction, d’action, de réalisation", a dit ce lundi Jean Castex à propos de celle qui lui succède.
    Elisabeth Borne est "une femme de conviction, d’action, de réalisation", a dit ce lundi Jean Castex à propos de celle qui lui succède. AFP - Ludovic Marin
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Christelle Bertrand

Ancienne patronne de la RATP, préfète de région, ministre des Transports, de la Transition écologique puis du Travail, Élisabeth Borne a été nommée, lundi 16 mai, Première ministre. Elle succède à la tête du gouvernement à Jean Castex qui a annoncé faire "un pas de côté en sortant de la vie politique nationale".

Élisabeth Borne a été nommée ce lundi Première ministre par Emmanuel Macron pour mener les réformes de son second quinquennat, devenant la deuxième femme à diriger un gouvernement en France, depuis Édith Cresson qui avait dirigé le gouvernement du 15 mai 1991 au 2 avril 1992.

Lors de la passation de pouvoir à Matignon, la nouvelle cheffe du gouvernement a dit son souhait de travailler "dans le dialogue" pour relever les défis, à commencer par celui du climat "sur lequel il faut agir plus vite et plus fort".

Très applaudi par ses collaborateurs, son prédécesseur Jean Castex, ému, est reparti à pied après avoir dit son intention de "sortir de la politique nationale".

Trois fois ministre sous Macron

"Le choix d’Elisabeth Borne est le choix de la compétence au service de la France, d’une femme de conviction, d’action, de réalisation", souligne-t-on à l’Elysée. "Elle a une culture de l’État, du territoire et de l’entreprise", ajoute-t-on.
Élisabeth Borne succède dans les annales politiques françaises à Édith Cresson, première femme à avoir pris les rênes de Matignon de mai 1991 à avril 1992 sous le second septennat de François Mitterrand.

Polytechnicienne expérimentée ayant entamé sa carrière politique au Parti socialiste, elle a occupé trois ministères importants depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017 : Transports, Transition écologique et Travail. Sa rigueur et sa poigne l’ont amenée à conduire à leur terme des réformes contestées comme celles de la SNCF et de l’assurance-chômage.

La nouvelle Première ministre, cheffe de la majorité, aura d’abord pour tâche de mener la bataille des élections législatives des 12 et 19 juin avec pour mission de donner à l’actuelle majorité les moyens de mettre en œuvre le programme du président réélu. Jamais élue, Elisabeth Borne, issue d’une lignée de pharmaciens de Livarot, est candidate dans la 6e circonscription du Calvados (Vire-Evrecy). Le profil d’Elisabeth Borne correspond au portrait-robot qu’avait esquissé Emmanuel Macron : une personnalité féminine disposée à mettre en haut de la pile les dossiers sociaux, écologiques et productifs.

Si Emmanuel Macron voulait une femme, c’est pour marquer l’Histoire mais aussi parce qu’il a fait de l’égalité femmes/hommes la grande cause de ses deux quinquennats. Or une photo a marqué les esprits, la semaine dernière, celle du lancement du grand mouvement présidentiel sur laquelle ne figuraient que des hommes : Richard Ferrand, François Bayrou, Edouard Philippe et Stanislas Guérini. Pas très nouveau monde…

Les atouts de la nouvelle Première ministre

Pour ce qui est de l’environnement, Élisabeth Borne a occupé le poste de ministre de ce secteur, elle a bataillé contre l’huile de palme, a dénoncé les conséquences environnementales du Black Friday, a lancé le Plan vélo, et s’est dit être favorable à la limitation de vitesse à 110 km sur les autoroutes…

Autre atout pour la nouvelle locataire de Matignon : elle s’entend bien avec Alexis Kohler, le tout-puissant secrétaire général de l’Élysée, ainsi qu’avec Richard Ferrand qui, à la tête de Renaissance, le nouveau parti présidentiel, va devenir le grand maître de la majorité.

Mais Élisabeth Borne n’a pas que des atouts dans sa manche. Venue d’En Marche, elle ne contribue pas à élargir la majorité comme Édouard Philippe puis Jean Castex l’ont fait. Mais surtout elle ne s’est jamais frottée au suffrage universel et connaît mal les élus locaux. Or l’Élysée n’entretient pas de bons rapports avec ces derniers. "Mais nous avons beaucoup modifié le profil de nos futurs députés, ils seront mieux implantés. Nous avons écarté ceux qui venaient de la société civile pour les remplacer par des maires. On peut donc se permettre d’avoir un Premier ministre qui n’a pas cette expérience", nous confiait, la semaine dernière, l’un des piliers du parti présidentiel, qui ajoutait : "On pourra aussi rééquilibrer grâce au profil des ministres" - qui seront connus aujourd’hui (ce mardi, NDLR).