Millau. Manifestation anti-loups : élus et éleveurs montent au créneau dans le Larzac

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  • Des éleveurs sous pression ont témoigné de l’impact psychologique des attaques.
    Des éleveurs sous pression ont témoigné de l’impact psychologique des attaques.
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JDM

Une centaine de personnes réunies jeudi pour déplorer la prolifération du loup.

Gardarem nos bêtes en vie !" Dans la plus pure tradition du Larzac, le message était affiché bien haut, sur "le" rond-point du Caylar. Tracé en lettres rouge sang, le slogan donnait le ton à une manifestation anti-loups, qui, jeudi, était animée par une bonne centaine d’éleveurs, d’élus et de défenseurs du pastoralisme.

Banderole tricolore sur la poitrine, Sophie Pradel n’est pas seulement maire de Saint-Michel d’Alajou, elle est aussi éleveuse d’ovins. Et, comme de nombreux autres agriculteurs, son exploitation est sous pression. "Ce printemps, nous avons eu cinq attaques en cinq semaines, quatre brebis sont mortes, une a été blessée. Quand on part s’occuper d’un lot de brebis, le loup attaque l’autre, en plein jour, il est extrêmement opportuniste. Pour moi, cela s’apparente à du harcèlement. Et c’est tout un projet de vie qui est remis en question", déplore-t-elle. "Depuis septembre, ici, sur le secteur des causses, entre Aveyron, Hérault et Gard, environ 130 bêtes ont été tuées. Et dans l’Hérault, le Somail et le Caroux sont aussi touchés" dénombre Mélanie Brunet, présidente du Cercle 12. Fin juin pourtant, la préfecture de l’Hérault avait délivré une Autorisation de tir de défense renforcée pour limiter la prédation du loup. "Cette mesure peut aider. Mais elle arrive tard, cela fait deux ans que les attaques ont commencé dans le territoire. Ces autorisations sont compliquées à mettre en œuvre et la responsabilité retombe sur les éleveurs."

Préservation… des agriculteurs !

Or la propagation du canidé est avérée. "Le loup est en bon état de conservation, Il faut le contenir, le réguler. Aujourd’hui, il descend pratiquement jusque sur le littoral. Il a été observé par des éleveurs et des chasseurs sur la commune de Vendémian", assure le conseiller départemental, Christophe Morgo, délégué à l’environnement. Frédéric Roig, président de l’AMF 34, poursuit : "On a défendu l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco et ce modèle économique qui permet de maintenir des éleveurs autour de l’agropastoralisme sur les différentes filières. Or cette présence du loup, à terme, remet en question ce modèle économique sur notre territoire." Dans le département de l’Hérault, au niveau du comité loup, le sous-préfet Éric Suzanne et le préfet Hugues Moutouh, "sont totalement à l’écoute. Ils mettent en œuvre tous les outils que la loi autorise", salue le maire de Pégairolles-de-l’Escalette. Mais alors que "l’ambition de la France était, à l’origine, d’avoir 500 loups, aujourd’hui, on est à plus de 900", mesure Henri Cabanel. Venu de Servian, le sénateur diagnostique un "déséquilibre entre le système économique du pastoralisme et la préservation du loup." Avant que Christophe Morgo ne conclut : "Les éleveurs sont les jardiniers de nos paysages. Ils sont essentiels à la lutte contre les incendies. Et importer la viande de Nouvelle-Zélande ou du Royaume-Uni est incompatible avec les objectifs carbone. On doit soutenir les circuits très courts et donc nos éleveurs !".

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Les commentaires (1)
filochard Il y a 1 année Le 16/07/2022 à 11:00

les loups sont dans la banque