Aveyron : pourquoi même l’orgue de l’église d'Espalion n’est pas épargné par la canicule ?

  • Le buffet et ses tuyaux toujours très esthétiques cachent unemachinerie très complexe et sensible aux conditions climatiques.
    Le buffet et ses tuyaux toujours très esthétiques cachent unemachinerie très complexe et sensible aux conditions climatiques.
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Centre Presse Aveyron

La chaleur de ces derniers jours n’épargne personne. Elle contraint même l’orgue à rester silencieux.

Ne vous êtes-vous pas étonnés de l’absence de jeu de l’orgue liturgique durant ces derniers offices ? Eh bien, l’orgue de l’église Saint-Jean-Baptiste n’aime pas la canicule, mais alors, pas du tout ! En dessous de 40 % d’hydrométrie, l’orgue est condamné à rester muet.

Paul Lamic, organiste régulier de l’orgue, s’est donc résigné, à son grand désarroi, à consigner l’instrument en l’attente de conditions hydrométriques plus favorables. Il connaît si bien cet orgue qu’il nous donne bien volontiers quelques explications : le cuir et les peaux de l’orgue n’aiment pas la sécheresse !

En effet, les cuirs faisant office de clapets dans les tuyaux de l’orgue, les "boursettes" en peau permettant l’étanchéité entre la transmission et le sommier supportant ces mêmes tuyaux, sèchent et perdent toute leur souplesse.

Deux effets immédiats : le fonctionnement de l’orgue est compromis et pire, si on persiste à jouer, ces fameux cuirs peuvent être définitivement endommagés. Un orgue à transmission pneumatique :

L’orgue d’Espalion est un orgue "Puget" (Famille de facteurs d’orgue de 1843 à 1960) à transmission pneumatique et construit en 1896 (période romantique).

Cette technologie en rajoute à la grande sensibilité de l’orgue aux températures extrêmes et à l’hydrométrie. Plus l’air comprimé est sec et plus les organes d’étanchéité en contact direct avec la commande pneumatique perdent de leur efficacité. Au mieux, la note jouée ne "sonne" pas ou plus embêtant pour l’organiste, la soupape reste "ouverte" et la note joue en permanence !

Il faut alors accéder aux entrailles de l’instrument pour débloquer la fameuse soupape. Peu envisageable et encore moins compatible avec l’office du dimanche ! Plus grave, lesdites "boursettes" assurant l’étanchéité indispensable au bon fonctionnement de l’instrument, peuvent également durcir et se craqueler, nécessitant des réparations longues et très coûteuses.

C’est une des raisons (avec une réponse un peu lente au jeu de l’organiste) pour lesquelles la transmission pneumatique, inventée par l’anglais Barker au XIXe siècle, fut complètement abandonnée au profit de technologies plus modernes, plus fiables et plus rapides permettant par ailleurs une plus grande virtuosité et le jeu de certaines œuvres, difficilement interprétables sur un orgue équipé de ce type de transmission.

Rendons néanmoins "justice" à cette technologie qui a permis d’éloigner la console (claviers, pédalier, registres, banc…) du buffet de l’orgue et de permettre à l’organiste de faire face au cœur de l’église. Une véritable révolution à l’époque !

Alors vivement des pluies abondantes et durables qui permettront de redonner vie à l’orgue.

Instrument dont la fabrication particulière et son histoire (dont un déménagement) méritera à coup sûr, d’autres écrits. À suivre…

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