Ces produits qui boudent les rayons des magasins français... et ceux qui vont peut-être le faire

  • La moutarde reste toujours rare dans les rayons, mais elle n'est pas la seule.
    La moutarde reste toujours rare dans les rayons, mais elle n'est pas la seule. - JEAN-MICHEL MART
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Sophie Motte, avec L.R.

C'est certes un manque à gagner pour les grandes surfaces, mais des ruptures de stock qui s'annoncent encore pour certains aliments, qui vont encore obliger les consommateurs à changer leurs habitudes.

Les pénuries dans les magasins pénalisent le consommateur mais aussi les enseignes : le manque à gagner atteint déjà 2,7 milliards d’euros depuis le début de l’année, selon le dernier baromètre NielsenIQ publié le 2 septembre. Il place la moutarde en tête des produits les plus impactés par les ruptures de stock. Selon le panéliste, son taux de disponibilité dans les rayons des grandes surfaces aurait baissé de 31,8 % entre l’été 2021 et l’été 2022. "Je ne suis absolument pas surpris, affirme Olivier Dauvers, expert de la grande distribution. À la base, il y a un problème de matière première qui n’est pas disponible. La graine de moutarde a été beaucoup moins récoltée au Canada, en France, en Russie ou encore en Ukraine."

D’après l’expert, le peu de moutarde aujourd’hui disponible dans les magasins est quasiment toujours de la moutarde d’importation : "Elle vient principalement des pays de l’Est, notamment de la Pologne. D’ailleurs, elle a une spécificité. Elle est plus sucrée que la moutarde de Dijon." Quand l’approvisionnement des rayons reviendra-t-il à la normale ? "Pas avant la fin de l’année, le temps que la récolte de cette année arrive enfin chez les moutardiers pour être utilisée", prévient Olivier Dauvers.

Le phénomène de report

Autre enseignement du baromètre NielsenIQ : sur un an, les ruptures de stock sur la vinaigrette, l’huile, la graisse à frire ou encore la graisse à cuisiner ont progressé de près de 10 %. Ensuite, précise le spécialiste de la grande distribution, "vous avez un autre phénomène qui se produit qui est le report sur d’autres produits et c’est notamment le cas avec la graisse à frire. Mécaniquement, la pénurie d’huile de tournesol a déporté la demande des consommateurs sur d’autres produits qui ne sont pas disponibles aussi facilement en quantité importante et qui, eux-mêmes, tombent en rupture de stock."

Une sorte de stratégie des dominos en somme. Contrairement à la moutarde, l’huile de tournesol a déjà fait son grand retour dans les étals des grandes surfaces : "Elle a refait son apparition, souvent grâce à des marques qu’on ne connaissait pas, mais le problème c’est que les consommateurs n’en achètent plus car elle est très chère et, qu’en plus, souvent, ils ont déjà fait des stocks", analyse Olivier Dauvers.

Entre l’été 2021 et l’été 2022, la vente des sandwichs a doublé créant, ici aussi, quelques problèmes d’approvisionnement des rayons des supermarchés : "Une conséquence de la crise sanitaire, estime l’expert. Le développement du télétravail a entraîné une moindre consommation de repas à l’extérieur du domicile. Pendant deux ans, les ventes ont logiquement baissé, engendrant un effet d’historique négatif. Quand la situation revient à la normale, vous vous remettez à acheter comme avant et les stocks ont parfois du mal à suivre."

Mais on ne peut pas à proprement parler de pénurie : "On est confronté à un problème de surconsommation qui est lié notamment au contexte, ajoute Olivier Dauwers. Quand il fait chaud, on achète évidemment beaucoup plus d'eau, beaucoup plus de boissons que d'habitude, donc on est sur un rythme de consommation plus élevé."

La patate n'a pas la pêche

Les approvisionnements "agricoles" des supermarchés sont soumis eux aux aléas climatiques que de nombreux agriculteurs ont connu, entre les conséquences de la guerre en Ukraine, de la canicule ou d'autres facteurs. Tout dépendra du moment et de l'état des récoltes et/ou de la production. des pénuries pourraient se créer dans les semaines qui viennent pour le blé (de façon moindre), le sarrazin, le foie gras, les pois chiches, et surtout les pommes de terre, avec une baisse "d'au moins 20% par rapport à la moyenne des vingt dernières années", selon l'Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT). Avec des conséquences en cascade non seulement dans les magasins, mais aussi dans la restauration, les fast-foods et les "produits dérivés" fabriqués à partir du légume préféré des Français, comme les frites, les purées...

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Les commentaires (1)
camera Il y a 1 année Le 07/09/2022 à 22:55

A propos de l’huile de tournesol, l'article dit : "Elle a refait son apparition, souvent grâce à des marques qu’on ne connaissait pas, mais le problème c’est que les consommateurs n’en achètent plus car elle est très chère et, qu’en plus, souvent, ils ont déjà fait des stocks", analyse Olivier Dauvers.
Donc s'ils ont fait des stocks, c'est qu'il y en avait et s'ils ont tout acheté, il est logique qu'il n'y en ait plus...
Créez la peur du manque et vous vendrez à prix fort...
Bravo, on espère que vous récoltez au moins un pourcentage...