Surendettement, isolement... Une campagne de prévention contre les paris sportifs avant le Mondial 2022 au Qatar

  • La campagne « Parier, c’est pas rien », sera diffusée jusqu’au 22 novembre.
    La campagne « Parier, c’est pas rien », sera diffusée jusqu’au 22 novembre. Illustration - Pixabay
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Santé publique France communique sur une campagne de sensibilisation pour ne pas augmenter le nombre de "parieurs à usage problématique" à l'approche du Mondial 2022.

À un mois du coup d'envoi de la Coupe du monde de football au Qatar, une campagne de prévention liée aux paris sportifs va être lancée par Santé publique France afin de "diminuer le nombre de parieurs à usage problématique" ainsi que pour mieux faire connaître les risques, tout particulièrement chez les jeunes.

"Les paris sportifs se sont considérablement développés et popularisés en France ces dernières années, notamment auprès d’un public jeune, particulièrement vulnérable. En effet, 72 % des parieurs ont entre 18 et 35 ans (près de 50 % entre 18 et 25 ans). Ces joueurs sont souvent issus de milieux modestes et sont plus fréquemment chômeurs", relève Santé publique France.

Et chaque événement sportif d'envergure est une nouvelle publicité massive pour les paris. "Lors de l’Euro 2021, le montant des mises en ligne a atteint 434 millions d’euros, soit 3 fois plus que lors de l’Euro 2016 (141 millions €).  Cette pression publicitaire contribue à la normalisation de la pratique des paris sportifs dans la société".

La France est particulièrement accro aux paris sportifs. En 2019, 5,2 % des Français ont joué au moins une fois dans l'année, ce qui correspond à 11 % des joueurs, et les montants mis en jeu ont été multipliés par 2,8 en l'espace de 5 ans.

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Quels sont les risques ?

"Pourtant, le risque de jeu excessif est 5 à 6 fois plus élevé pour les parieurs sportifs que pour les joueurs de loterie. Sur 100 parieurs sportifs, une quinzaine risque de basculer dans une pratique problématique".

"Les conséquences sont réelles : surendettement, problèmes familiaux, isolement social et suicide4 dans les cas les plus graves", avertit Santé publique France. Il existe par ailleurs un lien entre jeu pathologique et troubles mentaux, décrit dans plusieurs études en population générale. "Selon ces études, les troubles anxieux seraient près de quatre fois plus fréquents parmi les joueurs pathologiques. De la même manière, le risque de trouble de l’humeur serait multiplié par 4,4 et celui d’épisode maniaque par 8,8 parmi ces derniers".

Ces études expliquent également que le tabagisme, l'usage ou l'abus d'alcool, ainsi que la dépendance aux drogues sont plus fréquents parmi les joueurs pathologiques.

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Quelle forme prendra la campagne de sensibilisation ?

Pour sensibiliser le public, des clips vidéo seront diffusés sur internet, et se retrouveront sur les réseaux sociaux ou sur les plateformes de vidéo. De plus, une émission débat en formant audio aura pour but de "déconstruire les idées reçues sur les paris sportifs", avec le journaliste sportif Mohamed Bouhafsi, l'addictologue Laurent Karila et le comédien Fred Testot. "Plusieurs thématiques sont abordées comme le poids des opérateurs de jeux, leurs techniques marketing, le caractère addictif des paris sportifs, ainsi que les mécanismes et les conséquences de l’addiction".

Un dispositif d'aide a été mis en place, répondant au nom de Joueurs-Info-Service. Il s'adresse aux personnes en difficulté avec leur pratique de jeux ainsi qu'à leur entourage. Une ligne téléphonique 09 74 75 13 13, accessible 7jours/7 de 8h à 2h du matin, anonyme et non surtaxée.

En 2021, "parmi les 3 635 demandes d’aide et d’information traitées par Joueurs info service, 65% provenaient des usagers, 32% de l’entourage, 3% des professionnels et du grand public. 47% de ces sollicitations concernaient les paris sportifs. Les thématiques les plus souvent évoquées étaient les difficultés à arrêter (34%), les difficultés financières (26%), le mal-être de l’usager (24%)".

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