Rodez au coeur des quartiers : après le Bourran de Censi, celui de Teyssèdre ?

Que serait le Rodez d’aujourd’hui sans son quartier de Bourran ? Si certains n’apprécient guère cette forêt de béton, elle accueille pourtant l’une des plus larges populations de la ville, des étudiants aux aînés en passant par les actifs. Sans compter tous les services sur place, l’hôpital public en première ligne. Qu’il paraît loin ce temps où Roland Boscary-Monsservin voyait en Marc Censi, père fondateur du quartier, "un fou qui allait ruiner la ville avec son viaduc !". Les débats politiques ont toujours animé l’aménagement du quartier. Et ce n’est pas Christian Teyssèdre qui dira le contraire. Alors jeune opposant socialiste, il s’était longuement interrogé sur le véritable apport démographique de cette multiplication de logements, ne parvenant pas à faire passer Rodez au-dessus de la barre des 25.000 habitants… Et tançant une offre immobilière destinée à des acquéreurs en recherche de solutions de défiscalisation.

"Bourran II"

Toujours est-il qu’aujourd’hui, Bourran s’est parfaitement fondu dans le paysage ruthénois. Et qui peut le regretter ? Certainement pas ses habitants qui, à la faveur d’un quotidien citadin, disent y trouver leur bonheur. Au fil des années, le quartier avait même disparu du débat… Jusqu’aux dernières élections municipales. À l’instar de son prédécesseur Marc Censi, Christian Teyssèdre avait annoncé vouloir lui aussi marquer de son empreinte ce coin de la ville. L’édile avait même fait sensation en baptisant son projet "Bourran II" et en annonçant la création de 700 logements dans "un nouvel écoquartier" en prolongement de Calcomier ! Aujourd’hui, le maire réfute ce terme et y préfère l’appellation "Saint-Jean de Calcomier". L’ambition, elle, n’a pas changé. La promesse tient toujours. "C’est un projet sur 20, 30 ans. Mes successeurs bénéficieront de cela et poursuivront le travail", souligne Christian Teyssèdre qui dit mettre un point d’honneur "à ce qu’il n’y ait aucun immeuble qui se construise sur ce nouvel espace. Il n’y aura que des maisons individuelles". Un espace de près de 60 hectares, des limites de la route départementale 992 jusqu’au foyer Saint-Pierre. "Avant la fin du mandat, nous espérons construire les cinquante premiers pavillons", confie-t-on à la Ville qui vient d’acquérir plusieurs parcelles du côté du lieu-dit Fontanille, à l’est de Calcomier.

Des logements en accession sociale

Il s’agira de maisons T3 (2 chambres) et T4 (3 chambres), toutes dotées d’un jardin privatif et d’une terrasse. Et celles-ci seront toutes disponibles via le système d’accession sociale à la propriété. "Pour un loyer, on souhaite que n’importe quel couple devienne propriétaire. C’est ça le social", assure Christian Teyssèdre, qui promet également tous les services aux futurs habitants de la zone : réseau de bus, voie cyclable… Reste qu’il faut pouvoir être éligible à cette offre, de nombreux plafonds de ressources sont fixés. "Nous avons déjà de nombreuses demandes !", rassure le maire, pour qui l’idée est née il y a plus de dix ans après avoir vu de nombreux ménages fuir Rodez et son offre restreinte de maisons individuelles pour la campagne environnante. "Si cela reste dans l’Agglo, ce n’est pas dérangeant. Car la politique de l’habitat doit être menée avec les communes voisines, mais on perd encore beaucoup trop d’habitants pour les périphéries plus lointaines. On se doit d’offrir des possibilités", avait-il insisté lors de la dernière campagne.

Du côté de l’opposition, les critiques n’avaient pas tardé à émerger. "Le bétonnage massif se poursuit sans gagner d’habitants", "si l’écoquartier ressemble à Combarel, on peut être inquiet", "occupons-nous des logements vacants avant d’en construire de nouveaux", furent autant de discours entendus. On n’a donc pas fini d’entendre parler de Bourran.