Avec Adada, Véronique Lacaze passe des vitrines du Printemps aux peluches made in France

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    Avec Adada, Véronique Lacaze passe des vitrines du Printemps aux peluches made in France
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BPI France

Après une première vie professionnelle en tant qu’architecte d’intérieur, notamment pour l’enseigne Printemps, Véronique Lacaze a décidé de mettre sa créativité au service des plus petits. Aujourd’hui à la tête d’Adada, une marque de doudous et peluches, elle nous partage sa reconversion.  

" Petite, j’ai toujours fabriqué des maisons à mes nounours. In fine tout ça a un sens ! ", raconte Véronique Lacaze, la fondatrice d’Adada, une enseigne de jouets pour enfant made in France. Des peluches, elle passe rapidement aux humains en devenant architecte d’intérieur à la suite d’un cursus aux Arts Décoratifs de Paris. Après un passage en agence, elle est engagée au Printemps en tant que chargée de projet en architecture intérieure évènementielle, et donc responsable de toutes les mises en avant saisonnières, puis chargée de projet des vitrines du magasin. " Ce qui me plaisait le plus, c’était de créer un décor qui racontait des histoires aux enfants. Chacune d’elles était une mise en scène spectaculaire et poétique qui faisait rêver petits et grands ", se rappelle-t-elle.

De l’architecture d’intérieur à l’artisanat

Pour le passage à l’an 2000, la direction demande à Véronique Lacaze de réaliser la mascotte des vitrines. Un projet d’envergure qui la plonge dans l’univers de l’enfance, des lumières hypnotiques et de la magie d’un nouveau millénaire, Véronique Lacaze se découvre une passion pour les peluches et poupées auxquelles elle donne littéralement vie grâce à l’aide d’un animateur d’automates. Après cinq ans au Printemps, Véronique Lacaze décide de quitter la célèbre enseigne parisienne pour se mettre à son compte en tant qu’architecte d’intérieur. Elle travaille alors sur des concepts de boutiques mais également pour des particuliers sans jamais mettre vraiment de côté ce rêve de revenir à la création d’objets pour enfants. En 2015, le Printemps la rappelle pour lui proposer de réaliser tous les personnages animés de leurs vitrines de noël à l’occasion des 150 ans de la maison. " C’était le rêve ", se souvient la fondatrice d’Adada. Sans plus attendre, elle se met à crayonner et imagine tour à tour " La fée du Printemps ", personnage emblématique du grand magasin, mais également tous les personnages qui incarneront les marques partenaires, de Lancôme à Evian en passant par Longines. " Le budget était pharaonique, on a donc pu créer un univers complètement dingue qui a dépassé toutes nos attentes ". Il devenait de plus en plus évident que Véronique Lacaze avait trouvé sa vocation, celle qui l’animait et la faisait vibrer.

" Mais voilà, j’avais toujours autant de travail en architecture, et tout plaquer pour me lancer n’était pas forcément évident, surtout avec des chantiers en cours ". Ce n’est que quelques années plus tard, lorsqu’elle s’expatrie en Allemagne pour suivre son mari, qu’elle lève enfin le pied et commence à se pencher sur son projet. Crayon à la main, elle esquisse les traits de Jermaine l'ourson, qui deviendra sa peluche signature. C’est le début d’Adada. " Au même moment je me renseigne sur le fournisseur et les ateliers de fabrication en France car il était évident pour moi que ces peluches devaient être locales ". Véronique Lacaze décide donc de recontacter l’animateur d’automates et gérant de l'entreprise Nounours avec qui elle travaillait au Printemps, mais impossible de le trouver. " Je découvre alors que l’entreprise, après avoir fait faillite, a été reprise par quatre anciennes salariées qui ont racheté les machines avec l’aide de la commune locale " ajoute l’entrepreneure. Une très belle histoire qui la convint de s’associer à la petite entreprise bretonne. Deux ans après le début de leur collaboration, la société est rachetée par Alain Joly, dirigeant de la marque Doudou et compagnie, et créateur de l’actuelle mascotte des JO 2024.

dessin

Dessin de Piotr, un loup polonais

" Tant que les gens ne seront pas tous consommateurs du made in France, les prix resteront élevés "

Ce rachat, loin de profiter à la dirigeante, lui fait perdre beaucoup de temps. " Mes produits ont très vite été relayés au second plan. J’imagine qu’ils étaient plus compliqués à réaliser et moins rentables pour l’entreprise du fait d’une conception exclusivement made in France ".
Avec ses prototypes sous le bras, Véronique Lacaze met fin au partenariat et décide de monter son propre atelier dans une petite ville proche de Rennes. Avec, à la barre, quatre couturières et une modéliste, ses nounours sont désormais entre de bonnes mains et prêt à voguer vers de nouvelles aventures, mais cette fois-ci littéraires. " Lorsque j’imagine une peluche, je lui attribue également une histoire. Comme nous, elle a un caractère bien à elle, des TOC, des défauts et des rêves ", assure la dirigeante. Des personnalités que Véronique Lacaze se plait à faire découvrir à ses clients sur son site internet. Ainsi, on y découvre Helmut un cochon très chic et distingué ou Piotr, un loup polonais, végan et très glouton. Des personnages attachants qui pourraient bientôt voir leurs mésaventures retranscrites en livre.

Et si aujourd’hui le succès semble être au rendez-vous, l’entrepreneure ne cache pas que produire en France reste un vrai défi, notamment à cause du manque de main d’œuvre. " Toutes les formations spécialisées dans ces métiers sont en train de disparaitre. Recruter devient donc de plus en plus difficile ", déplore-t-elle. Mais plutôt que de recourir à une fabrication étrangère, Véronique Lacaze a fait le pari de former en interne ses futurs talents. Une initiative payante puisqu’elle vient de recruter une nouvelle collaboratrice qui est désormais totalement autonome sur la fabrication de peluches. Et lorsqu’on interroge la dirigeante sur l’actuelle mascotte des jeux olympiques et paralympiques de 2024 – fabriquée à plus de 50 % en Chine – la démarche a du mal à passer.

" Je comprends la problématique rencontrée par Alain Joly [dirigeant de Doudou et compagnie et créateur de la mascotte des JO. NDLR] lors de la production de la mascotte des Jeux Olympiques. Pour lui, réaliser entièrement cette peluche en France était impossible, mais en réalité ça aurait été tout à fait faisable s’il avait anticipé cette commande ", affirme Véronique Lacaze. En effet, à un an et demi de la date butoir – et au vu de la masse à produire – l’entrepreneure reconnait que l’objectif était irréalisable. " Même avec 50 couturières dédiées entièrement à la fabrication de cette mascotte, il n’aurait pu en sortir que 150 000. On est loin de 600 000 annoncées ". Déterminée à prouver que le made in France à de beaux jours devant lui, Véronique Lacaze reste cependant consciente qu’il a un prix parfois. " Tant que les gens ne seront pas tous consommateurs du made in France, les prix resteront élevés. Mais si demain tout le monde s’y met, la facture baisserait automatiquement ".

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