Coup mortel à Mur-de-Barrez : dix ans après, l'affaire de nouveau jugée

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  • Verdict attendu mardi 17 janvier devant la cour d'appel de Montpellier.
    Verdict attendu mardi 17 janvier devant la cour d'appel de Montpellier. Illustration Centre Presse Aveyron - José A. Torres
Publié le , mis à jour

En 2012, Christian Q., 42 ans, décédait à la suite d'un coup de poing reçu dans un bar de la commune. Acquitté en première instance, l'accusé est jugé en appel jusqu'à lundi à Montpellier. Le verdict est attendu mardi 17 janvier. 

C'était il y a plus de dix ans. Le 17 novembre 2012, à Mur-de-Barrez. Un jeune du village voisin de Lacroix-de-Barrez se rend au bar O'Guardians. À 25 ans, il est un habitué des lieux. Mais ce jour-là, le ton monte avec le compagnon de la tenancière. Ce dernier lui reproche d'avoir déplacé sa voiture sans demander l'autorisation quelques jours plus tôt dans le centre du village... Dans le bar, une bousculade s'ensuit. Le jeune homme, Yoann G., dit avoir reçu un premier coup de poing. Il en donnera un en retour. Celui-ci s'avérera fatal pour Christian Quenet, 42 ans et père de deux enfants. Il décédera plusieurs heures plus tard d'une fracture au crâne.

"Le coup que j'ai porté, ce n'était pas pour faire mal"

En 2018, la cour d'assises de l'Aveyron avait acquitté le jeune homme après trois jours de débats. La légitime défense avait été retenue. Cinq ans plus tard, l'affaire fait son retour devant les tribunaux. Un nouveau procès se tient devant la cour d'appel de Montpellier depuis hier. Il doit se conclure lundi. L'accusé, Yoann G. encourt 15 années de réclusion. "Le coup que j'ai porté, ce n'était pas pour faire mal", avait-il assuré en première instance, rejoint en ce sens par son conseil Me Maxime Bessière : "La scène, c'est Yoann G. qui prend un coup de poing, qui glisse de son tabouret, qui est tenu par la capuche de son manteau par Christian Q. et qui donne un coup de poing en se retournant. C'est ce que mon client dit depuis le début. il a répondu avec proportion et dans le même temps. L’acquitter pour cette raison, ce n’est pas justifier cette violence, ce n’est pas le féliciter. C’est seulement reconnaître son droit à la légitime défense lors des faits".

"Une réaction de virilité blessée"

Pour l'avocat ruthénois, une autre question se pose également : comment envoyer son client, inconnu de la justice hormis pour une conduite en état d'ébriété, en prison plus de dix ans après les faits ? Sans compter que celui-ci n'a jamais fait un seul jour de détention provisoire dans le cadre de cette affaire. En première instance, il s'était donc présenté libre et avait même assisté à son propre procès dans le public ! Ce qui n'avait pas manqué de faire bondir l'avocat de la famille de la victime, Me Gérard Christol, plus de 40 ans de barre à son actif : "Comment juger ce garçon qui vit, qui mange, qui dort, qui profite de la vie même s'il est perturbé et je n'en doute pas. Ma cliente, elle, est seule. J'appartiens à un monde quasiment disparu mais à l'époque, l'accusé était dans le box des accusés avec l'armée ! Dans une cage comme on disait... Aujourd'hui, il est assis avec le public. C'est d'une banalité extrême. Et cela change la vision des jurés. C’est beaucoup plus facile de juger un monstre !" Dans son réquisitoire, l'avocat général Frédéric Cousin avait lui réfuté la légitime défense. "Ce qui a tué Christian Q., c'est l'orgueil de Yoann G. C'est une réaction de virilité blessée, d'orgueil d'un jeune homme de 25 ans qui ne supporte qu'on vienne l'insulter, qu'on ose le frapper..." Il avait requis six ans de réclusion. Avant de faire appel, déçu du verdict.

 

Un problème de prise en charge ?

Le premier procès devant la cour d'assises de l'Aveyron avait aussi mis en lumière un problème dans la prise en charge de la victime. Alcoolisé, ce dernier avait prévenu les secours après avoir saigné de l'oreille. Mais il n’a pu être transporté à l’hôpital d’Aurillac, le plus proche de Mur-de-Barrez. Il a été amené à Rodez, à 1h30 de route. Malheureusement, le centre hospitalier ne comptait ce jour-là pas de spécialiste pour une intervention chirurgicale afin de soigner le traumatisme crânien grave de la victime. Il a donc dû être dirigé vers la clinique des Cèdre, à Cornebarrieu (Haute-Garonne). Il y a été transporté alors qu'il était déjà dans le coma. Il y est décédé dans la nuit. "Dans ces cas-là, toutes les minutes comptent", avait rappelé le médecin légiste, en réponse à la question de la présidente : "Pouvait-on sauver Christian Q. ?"

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