Feux de forêt, sécheresses... Pourquoi l’Europe se réchauffe-t-elle deux fois plus vite que le reste du monde ?

  • Les forêts d’Europe ont brûlé comme jamais depuis quinze ans, vingt ans s’agissant de la France.
    Les forêts d’Europe ont brûlé comme jamais depuis quinze ans, vingt ans s’agissant de la France. Illustration Pixabay
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Ollivier Le Ny

2022 fut pour le continent la deuxième année la plus chaude jamais mesurée. Et les satellites du réseau Copernicus voient s’ancrer une tendance à la répétition des phénomènes météo extrêmes.

En 2022, "l’Europe a connu sa deuxième année la plus chaude, son été le plus chaud". En une phrase, le rapport du Copernicus Climate Change Service (C3S), le volet changement climatique du réseau européen de satellites de surveillance de la Terre, plante ce jeudi le décor d’une année qui a marqué nos esprits. Un point de basculement ? Peut-être, celui de "changements alarmants de notre climat", commente Carlo Buontempo, le directeur du C3S, dont rien ne dit qu’ils seront réversibles.

L’inventaire des indicateurs négatifs enregistrés l’an passé sur le Vieux Continent est éloquent. L’été le plus chaud de l’histoire, 1,4°C au-dessus de la moyenne des trente derniers, a été secoué par des vagues de chaleur intenses qui n’ont épargné que peu de populations. Copernicus a enregistré le plus grand nombre de jours de "stress thermique très fort", entre 38 et 46 °C, jamais observé, de "faibles précipitations" et une "sécheresse généralisée", qui a notamment pesé sur 63 % des rivières européennes. "La sécheresse a affecté un tiers du territoire européen"" indique Rebecca Emerton, chercheuse en sciences de la Terre au C3S.

Les forêts d’Europe ont brûlé comme jamais depuis quinze ans, vingt ans s’agissant de la France, alors que les Alpes, l’Arctique et le Groenland ont regardé fondre leurs glaciers dans des proportions inédites, jusqu’aux portes de l’automne. Le recul des glaciers alpins, 5 km3, est difficile à appréhender, sinon en imaginant une boîte immense de 1 km de haut, 1 km de large et 5 km de long.

Risques pour la santé

Ces événements climatiques, pointent les chercheurs du C3S, ont eu des effets immédiats. Les feux de forêts ont libéré des quantités incommensurables de CO2 et de méthane, les deux principaux gaz à effet de serre : "Ces émissions ont atteint les niveaux les plus élevés jamais mesurés" par Copernicus.

"Les chaleurs extrêmes de la fin du printemps et de l’été ont créé des conditions dangereuses pour la santé humaine", des impacts concrets "sur les écosystèmes et les communautés", dit Carlo Buontempo.

Ils s’inscrivent en outre dans une récurrence. Le nombre de jours de chaleur forte (32°C à 38°C) et très forte (38°C à 46°C) - voire extrême (46°C et plus), en zone méditerranéenne - grandit d’année en année, celui des jours “ordinaires” recule. Les débits des fleuves européens furent inférieurs à la moyenne pour la sixième année consécutive.

Les douze plaies d'une Europe harassée par le réchauffement climatique, l'an dernier.
Les douze plaies d'une Europe harassée par le réchauffement climatique, l'an dernier. Copernicus climate change service

"Les événements surviennent sur de plus longues périodes dans l’année et plus fréquemment", relève Mauro Faccini, représentant de l’Union européenne au C3S, dessinant le tableau d’un continent plus sujet au réchauffement climatique que le reste de la planète.

Plus 2,2°C par rapport à l’ère préindustrielle

La moyenne des températures de 2017 à 2022 "était d’environ 2,2 °C au-dessus de l’ère préindustrielle", c’est-à-dire 1850-1900. La hausse est même "de 3°C dans l’Arctique", insiste Rebecca Emerton. "Les températures à travers l’Europe augmentent deux fois plus vite que la moyenne mondiale, plus rapidement que sur n’importe quel autre continent", souligne le rapport.

Pourquoi ? "Comme pour tout en matière de climat, rappelle Carlo Buontempo, il y a plusieurs raisons et il est difficile d’en isoler une seule, c’est toute la complexité du système climatique." La fonte des glaces et la perte d’un nombre significatif de jours de neige sont "certainement un élément important". 2023 pourra-t-elle être aussi chaude ou pire encore ?

"On ne peut pas dire que ce sera le cas. Mais le nombre d’années chaudes va aller croissant", insiste la climatologue Samantha Burgess.

 

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