De l'Aveyron au Sénégal, quatre héros arrivent à bon port en parcourant 5 500 kilomètres à mobylette

Il y a des moments comme ça où les mots de la chanson "La route" de Michel Corringe tournent en boucle dans les têtes. Cette route qui "attire et appelle", parfois transformée en simple piste dans les contrées reculées de l’Afrique, les quatre Villefranchois (Jean-Luc et Francis Bosc, Patrick Beffre et Francis Froment) l’ont domptée en moins de quatre semaines aux guidons de leurs mobs d’un autre âge, mais aussi solides que des rocs de granit.

Partis de la place Notre-Dame au matin du 8 avril dernier, après avoir traversé les Pyrénées, l’Espagne, le Maroc, une partie de la Mauritanie, un grand bout du Sénégal et la Gambie, dimanche 7 mai, ils ont atteint la Casamance et la ville de Ziguinchor, but de leur périple à forte résonance humanitaire. Car leur pari ne se résumait pas à une escapade de plaisir, même s’il fut là. L’objectif majeur résidait dans le fait de collecter des fonds grâce à la médiatisation de l’opération afin d’aménager plusieurs classes au sein du lycée Kenia de la cité. Le tout sous couvert de l’association "Sahel Quercy Rouergue du docteur Pierre-Marre" qui, depuis Villefranche fédère des actions au Mali et en Casamance, région du Sénégal très éloignée de la capitale Dakar.

Mais avant de toucher au but, les 250 km en Gambie ne furent pas de tout repos. Entre "les roulettes russes, où les gens roulent n’importe comment", comme le décline Jean-Luc Bosc, "les mobs ont eu chaud, mais elles tiennent le coup…"

Arrivée en fanfare

Pour preuve, les ultimes kilomètres du périple en ce premier dimanche de mai ont résonné comme un bouquet final. "Une arrivée magique", saluent les mousquetaires de l’aventure humanitaire, sur fonds de moments exceptionnels.

Accueillis sur place par Ruben de la Ballina, président de Sahel Quercy Rouergue du docteur Pierre-Marre, leurs épouses, arrivées en avion depuis quelques jours, et des responsables du lycée Kenia, entre autres, la fête fut totale. Fanfare, danses, mots de félicitations dans une ambiance des plus chaleureuses, de quoi apporter beaucoup de baume au cœur des quatre compères. La surprise fut grande : "nous étions à un carrefour, et tout d’un coup on a entendu une fanfare et vu tout le monde arriver vers nous, c’était génial."

Certes depuis le 8 avril, ils ont "fondu". Les traits sont un poil plus tirés, la fatigue est là. Mais ce type d’accueil compense toutes les fatigues. Quant aux vielles MBK 49,9 cm3 offerte par des donateurs villefranchois, elles n’en ont pas fini.

Chouchoutées durant le long périple, avant une ultime sortie à l’occasion de l’inauguration des classes financée par cette action ce mercredi, elles seront offertes à des habitants pour faciliter les transports. Ainsi commencera une nouvelle vie à l’africaine. Une démarche ultime qui n’aurait pas déplu, tant s’en faut, au docteur Pierre Marre.

Pour l’heure, pilotes et accompagnants vont profiter de quelques jours en Casamance, d’abord pour se rendre au lycée Kenia et mesurer les besoins. Mais aussi, guidés par Ruben de la Ballina, pour jauger sur place de l’action impulsée par l’association villefranchoise (aménagements de puits, maraîchage et autres activités agricoles, aide à un collectif de couturières, à des artisans menuisiers, formation, dispensaires, orphelinats…). Nous y reviendrons au retour des mousquetaires en Aveyron en fin de semaine.