"Non à la fausse consigne" : pourquoi le Sydom de l'Aveyron s'oppose à cette proposition du gouvernement sur les bouteilles plastiques ?

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  • Pour le Sydom et les autres professionnels du traitement des déchets, ce dispositif revient à instaurer une "fausse consigne".
    Pour le Sydom et les autres professionnels du traitement des déchets, ce dispositif revient à instaurer une "fausse consigne". Illustration - Pixabay
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La proposition de consigne de 20 centimes sur les bouteilles en plastique peine à convaincre, notamment en Occitanie et en Aveyron.

D'ici juin 2023, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires doit se prononcer en faveur ou contre l'application de la consigne des bouteilles en plastique. Elle s'inscrirait dans le cadre de la loi Agec (Anti-gaspillage pour une économie circulaire) promulguée en 2020, mais sans le dispositif de consigne qui avait été écarté en 2019 suite à l'opposition des collectivités et des associations de consommateurs et de protection de l'environnement.

Le dispositif prévoit de faire payer chaque bouteille en plastique 20 centimes supplémentaires, et la même somme serait rendue au consommateur au moment de ramener les bouteilles usagers dans des automates dédiés. Cette mesure ne convainc toujours pas les acteurs publics du traitement du déchet en Occitanie, ils signent un communiqué commun jeudi 27 avril pour s'opposer au dispositif et proposer à la place "d'encourager et de donner les moyens d'une politique de prévention et de qualité du tri à la hauteur des objectifs fixés dans la dynamique de l'extension des consignes de tri".

En Aveyron, le Sydom a adressé un courrier au préfet, au Département et aux parlementaires car "la mobilisation de tous me semble indispensable afin de faire entendre notre position et infléchir la décision du gouvernement", écrit la présidente Florence Cayla.

Pour faire gonfler le prix des bouteilles ?

Les professionnels du traitement du déchet, dont le Sydom, estime que cette mesure serait "une fausse consigne" dont le but serait de faire gonfler le prix des bouteilles. Ces dernières ne seront "pas réemployées mais détruites pour être recyclées", autrement dit ce qu'il se passe déjà en les jetant dans le bac jaune de collecte sélective.

"La monétisation du geste de tri et sa complexification alors même que sa simplification via l'extension des consignes de tri vient d'être généralisée" semble interroger. Ils ajoutent que cette monétisation pourrait favoriser la production de contenants plastiques "en contradiction avec nos politiques publiques qui encouragent la réduction de la production de déchets à la source".

Depuis le 1er janvier, il est en effet possible de mettre tous ses emballages dans le bac de tri près de son domicile, et "la mise en place de la fausse consigne réintroduirait un double geste de tri des emballages". Le communiqué insiste : "après avoir dépensé plus d'un milliard d'euros pour permettre un geste de tri unique pour tous les emballages, ce serait un énorme gaspillage d'argent public".

Pourquoi se concentrer uniquement sur un seul déchet ?

En France, chaque année, 3,7 millions de tonnes de plastique sont collectées, et 24 % sont recyclés (dont 30 % des emballages plastiques). Les professionnels déplorent qu'au lieu "d'accélérer véritablement la politique en matière de prévention et de réemploi, le débat est centré sur la collecte d'un seul déchet", ce dernier qui serait "le mieux collecté des déchets en plastique par le service public aujourd'hui et le mieux recyclé déjà".

Les pays qui appliquent la consigne des bouteilles en plastique sont pointés du doigt, notamment le Danemark ou la Suède, qui auraient "des taux de recyclage des emballages plastiques inférieurs à la moyenne européenne". De plus, pour assurer la collecte des bouteilles, le dispositif projetterait d'installer entre 30 000 et 100 000 automates pour un coût estimé entre "750 millions et plus d'un milliard d'euros". Une initiative qui coûterait cher et qui "va démanteler progressivement le service public de gestion des déchets".

Les associations et les collectivités ont adressé une série de propositions au gouvernement, tels qu'une meilleure régulation des emballages en plastique sur le marché, une réforme sur la taxe générale sur les activités polluantes dans le domaine du traitement des déchets, ou encore la mise en place "d'actions concrètes pour respecter l'objectif français de division par deux des bouteilles plastiques d'ici 2030".

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