Olympique lyonnais : comment Jean-Michel Aulas a fait passer le club de la D2 à une entreprise cotée en Bourse

  • Le grand stade pour l'OL à Décines-Charpieu, une enceinte ultramoderne de 59 000 places, dont l'inauguration en 2016 a été "le plus beau jour" de la vie de Jean-Michel Aulas.
    Le grand stade pour l'OL à Décines-Charpieu, une enceinte ultramoderne de 59 000 places, dont l'inauguration en 2016 a été "le plus beau jour" de la vie de Jean-Michel Aulas. Reproduction Centre Presse Aveyron
Publié le , mis à jour
Hervé Garric avec Reuters

Personnage incontournable du football français depuis trois décennies, Jean-Michel Aulas, qui a quitté la présidence de l'Olympique lyonnais, a transformé un club moribond à son arrivée en une entreprise cotée en Bourse et au palmarès prestigieux.

M. Aulas, 74 ans, devait conserver "au moins trois ans" le poste de président qu'il occupe depuis 1987, mais des dissensions sur la politique sportive à mener sont vite apparues avec la nouvelle équipe de l'Américain John Textor, un investisseur ambitieux déjà présent au capital de Crystal Palace (Angleterre) et Botafogo (Brésil) et qui a racheté le club français en décembre.

36 ans de mandat

En 36 ans de mandat, cet as de la communication, spécialiste des petites phrases assassines, a fait de Lyon une place forte française et européenne : sept trophées consécutifs en Ligue 1 (2002-2008) et deux demi-finales de Ligue des champions (2010, 2020).

Arrivé un peu par hasard à l'OL, "JMA" a su développer une véritable entreprise de spectacle et de divertissement à partir d'un club qui végétait en D2. Sans oublier le volet sportif : entre 1997 et 2020, le club s'est chaque saison qualifié pour une compétition européenne.

La réussite de l'OL est une illustration des talents d'entrepreneur de Jean-Michel Aulas, un meneur d'hommes, stratège inspiré, animal médiatique et autodidacte au fort besoin de reconnaissance.

Puissance de travail

Né à L'Arbresle (Rhône) dans une famille d'enseignants, Jean-Michel Aulas est encore mineur - 19 ans à l'époque - lorsqu'il crée sa première entreprise, en 1969, dans le domaine de l'informatique.

Il pose les bases de sa fortune avec la Cegid (Compagnie européenne de gestion informatique décentralisée), qu'il fonde en 1983 et fait entrer en Bourse trois ans plus tard.

À l’origine spécialisée dans les logiciels pour experts-comptables, la société est devenue un des leaders européens des progiciels de gestion. Il en a cédé le contrôle en 2016, engrangeant au passage un petit pactole.

"OL Vallée"

Aulas a longtemps rappelé que sa plus belle réussite était la Cegid... jusqu'à l'aboutissement de son projet de Grand stade pour l'OL à Décines-Charpieu, une enceinte ultramoderne de 59 000 places, dont l'inauguration en 2016 a été "le plus beau jour" de sa vie.

Sur le même site, appelé "OL Vallée", doit désormais s'élever une nouvelle "arena" multifonctionnelle, symbole de la diversification d'OL Groupe, qui détient aussi un tiers du capital du club de basket de l'Asvel Lyon-Villeurbanne (Elite).

Aux yeux de tous, la grande force de "JMA" est sa puissance de travail : il est présent dans toutes les instances qui comptent, de la Fédération française à la Ligue en passant par la puissante association européenne des clubs (ECA).

Précurseur du foot féminin

Et il a su mener bien des combats : la cotation en Bourse des clubs français, l'indemnisation pour la mise à disposition des internationaux (après une blessure d'Eric Abidal avec les Bleus) ou le statut professionnel des femmes et leur rémunération. Il est par ailleurs chargé du football féminin au sein du Comité exécutif de la FFF.

Même ses rivaux reconnaissent l'intelligence, la vivacité d'esprit et le sens des affaires de cet ancien joueur de handball de bon niveau.

A lire aussi : Olympique lyonnais : après 36 ans et plus de 50 titres gagnés, Jean-Michel Aulas quitte la direction du club

Omniprésent dans les médias

"C'est un professionnel de la politique du foot", pointe un dirigeant d'un club du haut de tableau en Ligue 1. "Sa communication est changeante, pleine de "fake news" mais c'est un professionnel" qui a de l'"expérience".

Et, des plateaux de TV aux réseaux sociaux, il sait être omniprésent dans les médias.

"Sur Twitter je joue mon rôle de président", a-t-il dit un jour. "Cela signifie défendre l'équipe, protéger les supporters et parfois remettre à leur place ceux qui m'insultent."

Sa pugnacité a souvent été récompensée mais, frisant parfois la mauvaise foi, elle peut agacer. D'autant qu'il a souvent été procédurier, comme lorsqu'il contestait l'arrêt anticipé de la saison 2019-2020 pour cause de pandémie.

Pas de Ligue des Champions

Malgré certains échecs récents dans le choix des hommes, comme celui de l'ancienne icône Juninho devenu un éphémère directeur sportif aux choix contestés, la vision à long terme d'Aulas a été l'un des atouts de l'Olympique lyonnais pour se développer.

Mais "JMA" aura échoué dans son rêve de remporter la Ligue des champions, échouant trois fois en quarts de finale (2004, 2005, 2006) et deux fois en demi-finales (2010, 2020).

À l’inverse, alors qu'il a été un précurseur chez les femmes, l'équipe féminine lui a donné cette satisfaction à huit reprises, bâtissant le plus beau palmarès de la Ligue des champions féminine. 

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