Rodez, Millau, Calmont, Mayran... Ces affaires criminelles marquées par la folie

  • En Aveyron ces dernières années, la responsabilité pénale fut au centre de débats lors de crimes ayant défrayé la chronique
    En Aveyron ces dernières années, la responsabilité pénale fut au centre de débats lors de crimes ayant défrayé la chronique Illustration - Pixabay
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Mathieu Roualdès

Dans le département, ces dernières années, la responsabilité pénale fut au centre de débats lors de crimes ayant défrayé la chronique. Retour sur plusieurs affaires marquantes, certaines encore à l’instruction.

Millau : Aude, 14 ans, victime de la folie

Le 6 décembre 2013, Aude, une collégienne de 14 ans, passe la soirée chez les parents de l’une de ses amies. Dans la soirée, un voisin frappe à la porte. Elle ouvre. Thomas Gavalda, 28 ans, entre. Il évoque des démons, une vengeance, puis s’empare d’un couteau et tue sauvagement Aude.

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« En la voyant, j’ai été fasciné par le noir de ses yeux et j’ai pris un couteau », expliquera-t-il au Dr Danan, psychiatre, qui l’examine le lendemain des faits. Depuis l’âge de 10 ans, il présente des troubles du comportement. À 13 ans, il est tombé dans la drogue : cannabis, cocaïne, héroïne, LSD, champignons hallucinogènes… Rapidement, il est diagnostiqué schizophrène et multiplie les passages en hôpital psychiatrique.

Quelques mois avant le drame, il était interné à Rodez sur la demande de sa mère. Il n’y est resté qu’une semaine. Les démons sont revenus, jusqu’au drame épouvantable plongeant la commune dans un état de choc. Plus de 3 000 personnes avaient rendu un dernier hommage à l’élève de 3e lors d’une marche blanche. Les questions, elles, furent également nombreuses sur les failles dans le suivi du meurtrier, déjà connu des services de police et de justice. Thomas Gavalda a été reconnu irresponsable et interné.

Mayran : un meurtre sans procès

Le 17 février 2016, Élodie Bonnefille, 26 ans, technicienne à la chambre d’agriculture est tuée dans une ferme à Mayran. L’homicide marque l’opinion. Pourquoi l’agriculteur, Xavier Espinasse, un homme jusqu’alors sans histoire, s’en est-il pris à cette jeune femme, venue pour un simple contrôle dans l’exploitation ? Rapidement, les experts ont évoqué un « délire interprétatif paranoïaque » du quadragénaire, souffrant de schizophrénie, avant qu’il ne soit définitivement déclaré irresponsable pénalement en 2017.

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L’homme n’a ainsi jamais comparu devant une cour d’assises. « Je veux savoir où il sera interné, les psychiatres ont dit qu’il était dangereux, et je le suivrai toute ma vie, dans dix ou vingt ans, s’il risque de sortir, je serais là et je m’opposerai », avait réagi la mère de la défunte, Myriam Bonnefille, au sortir d’une audience devant la chambre d’instruction de Montpellier venant entériner l’irresponsabilité de Xavier Espinasse. Aux psychiatres, l’homme avait indiqué avoir entendu « des voix » le jour des faits et expliqué suivre un « commandement » pour tuer cette technicienne agricole venue contrôler la traite des bovins dans l’exploitation, comme elle le faisait depuis un an et demi…

Calmont: il tue sa femme sur la route

Ce devait être une sortie dominicale dans un restaurant ruthénois pour cette famille de Rullac-Saint-Cirq. Elle s’est transformée en drame. Sur la route, à hauteur de Calmont, le père de famille, 50 ans, exploitant agricole, s’arrête pour « une pause-pipi ». Ne le voyant pas revenir, sa femme part à sa recherche. Il la tue de plusieurs coups de couteau avant de tenter de mettre fin à ses jours.

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Longtemps hospitalisé, entre la vie et la mort, le père de famille n’a pas su s’expliquer sur son geste. Selon nos informations, il aurait même demandé à voir son épouse lors de sa première audition devant une juge d’instruction, plusieurs semaines après le drame… Depuis, il est interné et sa responsabilité pénale n’a toujours pas été définie. L’agriculteur souffrait de troubles psychiatriques depuis des années et ne prenait plus son traitement « depuis plusieurs semaines », selon les premiers éléments du dossier.

Capdenac : il tue sauvagement son ancien beau-père

Si elle n’a pas encore été actée, l’irresponsabilité pénale de l’auteur dans cette affaire semble toute tracée… Le 1er juillet 2022, dans l’après-midi, un retraité est retrouvé mort dans son appartement à Capdenac-Gare. La scène de crime est d’une rare violence, l’homme a été poignardé à de multiples reprises. Rapidement, un suspect est interpellé dans la commune. Il a les mains ensanglantées et est dans un état second. Il s’agit du fils d’une ancienne compagne de la victime.

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Quadragénaire, il n’a pu s’expliquer sur son geste lors de sa garde à vue, rapidement écourtée pour placer l’homme dans un hôpital psychiatrique. Il est aujourd’hui interné dans une unité spéciale pour malades difficiles, située à Albi. Rapidement, son profil s’est avéré particulièrement inquiétant. Déjà connu de la justice pour une agression à l’arme blanche sur un membre de sa famille, il était également suivi pour de graves problèmes psychiatriques. « La dose des médicaments qui lui étaient prescrits était presque létale, c’est du jamais vu ! », s’était étonnée une source proche du dossier alors que le maire de la commune, Stéphane Bérard, avait indiqué, sous le choc, que « s’il s’agissait d’une tragédie avec un dossier psychiatrique qui aurait manqué d’attention, ce serait alors fort dommageable… »

Millau : irresponsable pour le meurtre de ses parents

« J’ai complètement débloqué, ce qui a abouti à cette catastrophe. J’étais complètement perdue, je voulais me suicider, la maison de retraite pour mes parents, ça aurait été terrible, terrible, terrible ». En mars 2020, Sylvie Jugla, 57 ans, est déclarée irresponsable après le meurtre de ses parents, le 21 janvier 2018 au domicile familial sur les hauteurs de Millau.

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Ce soir-là, cette femme de 57 ans est découverte allongée dans la cuisine de la maison où elle vit depuis de longues années avec ses parents. à côté d’elle, une scène de crime insensée : le corps de sa mère, 88 ans, étouffée avec un sac en plastique. Son père, 91 ans, lutte contre la mort depuis deux jours après avoir été également été étouffé. Il ne survivra pas. Les experts psychiatriques ont parlé « de mélancolie anxieuse », « de conviction délirante qu’il n’existe pas d’avenir » pour l’accusée, avant que la justice ne considère définitivement qu’elle relevait plus de l’hôpital que de la prison.

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