Grippe aviaire : les petits producteurs peinent à relancer leur activité, exemples en Aveyron

  • La production des couveuses restent trop faibles pour fournir suffisamment les petits éleveurs du département.
    La production des couveuses restent trop faibles pour fournir suffisamment les petits éleveurs du département. Photo - La Dépêche du Midi
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Benoît Donnadieu

Alors que la crise semble passée en Aveyron, les petits producteurs manquent de canetons depuis un an. Les couveuses de la région n’en fournissent pas assez.

Depuis Noël dernier, les enclos à canards de Guillaume Barthélemy sont vides. Cet agriculteur de Martiel souffre encore des conséquences de la vague de grippe aviaire de l’année dernière. Le département de l’Aveyron n’a pourtant pas été fortement impacté, avec seulement deux foyers détectés. Au total, 16 000 canards ont été abattus, dans deux exploitations.

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16 000 canards abattus en Aveyron

Mais c’est toute la chaîne de production qui est déréglée à l’échelle nationale. Les couveuses de la région, chez qui se fournissent les producteurs en canetons, ont subi la crise de plein fouet. Les fermiers du département se fournissent sur l’ensemble du territoire, notamment dans certaines des zones les plus touchées, le Lot ou le Gers. Depuis un an, les couveuses tournent en sous-régime, et ce sont les grosses coopératives qui sont approvisionnées en priorité. La production tend vers la normale ces dernières semaines, mais les séquelles restent importantes pour les petites exploitations.

"C’est difficile psychologiquement”

"D’habitude, je tourne à environ 140 canards par semaine", indique Guillaume Barthélémy. "Les fournisseurs m’indiquent que je pourrais à nouveau avoir des canetons en automne. Il faut 4 à 5 mois pour les nourrir jusqu’à maturité. La vente de foie gras se ferait après les fêtes de fin d’année. Le manque à gagner est trop important. Il faut aussi relancer les investissements. Avec le prix des aliments qui a augmenté, cela demande beaucoup d’efforts".

"C’est une situation difficile psychologiquement”, poursuit l’agriculteur. "J’ai deux salariés qui ont quitté l’entreprise en début d'année. On attend toujours des indemnisations".

Le fermier, a pour l'heure, mis son activité de canard en suspens

Pour l'instant, le fermier a mis son activité de canard en suspens. Il se focalise sur sa production de bovins pour la vente directe. “C’est beaucoup plus stable et ça tourne bien. Déjà que je n’ai pas de canetons, on n’est pas à l'abri en début d’année prochaine de nouvelles restrictions”, ajoute-t-il. Celles-ci ont été levées le 26 avril. "Je fais du plein air et je ne peux pas me permettre de laisser ces bêtes enfermées. Les enclos se salissent trop vite et le bien-être animal ne serait pas respecté".

"On investit pour se protéger des prochaines crises”.

Face à cette situation, certains producteurs se sont adaptés. “On a connu des jours meilleurs”, réagit Florent Fabre, éleveur à Clairvaux-d'Aveyron. "Les six derniers mois ont été très compliqués avec de petits volumes et peu d'achats de canetons. Ça reprend depuis deux semaines, mais on développe une solution en parallèle".

Pour être moins dépendant des fournisseurs, le fermier investit pour créer sa propre couveuse, avec des lots de femelles et mâles reproducteurs. "C’est un nouveau métier complexe et pointu", renchérit le jeune homme, qui produit environ 180 canards tous les mois. "Cela demande beaucoup de travail. On est encore en train d’apprendre car c’est un équilibre fragile, mais on tend vers l'autosuffisance. Au final, le coût revient au même. Mais on investit pour se protéger des prochaines crises".

Le niveau de risque abaissé

Le 26 avril dernier, le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire (MASA), a abaissé le niveau de risque de l’influenza aviaire à un stade "modéré", sur l’ensemble du territoire français. Une mesure prise suite "à la diminution du nombre de cas d'influenza aviaire dans les pays voisins et la fin des migrations ascendantes", indique le Journal officiel.

Cela ne s’applique pas à certaines zones à risques, mais l’Aveyron n’est pas concerné. Les mesures de biosécurité renforcées, mises en place le 11 novembre 2022, sont ainsi levées sur le département. Les autorités rappellent aux producteurs et aux particuliers d’être vigilant et de signaler toute anomalie à leur vétérinaire.

Le chiffre

16 000 canards ont été abattus en mai 2022, en Aveyron, au plus fort de la crise de la grippe aviaire. Deux foyers ont été impactés, un de 16 000 individus à Vézins-de-Lévézou, et un de 2 000 individus à Sénergues. Plusieurs agriculteurs ont reçu des indemnisations de l’Etat.

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