Aveyron : Claude Baillon, un maître verrier bien dans son art et son époque

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  • Claude Baillon : "Aujourd’hui, j’ai plus de temps donc j’approfondis des techniques, j’ai une liberté totale."
    Claude Baillon : "Aujourd’hui, j’ai plus de temps donc j’approfondis des techniques, j’ai une liberté totale."
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Midi Libre

Originaire des Yvelines, formé à Paris, Claude Baillon est installé dans le sud du département où il a restauré, avec son épouse, une ferme fortifiée en ruines.

Maître verrier depuis 50 ans, Claude Baillon se souvient que sa sensibilité à la lumière et aux couleurs des vitraux apparaît dès l’âge de 5 ans, alors qu’il est enfant de chœur.

Formé à l’École des métiers d’art à Paris, il s’installe dans l’Aisne en 1962 et réalise d’importants travaux comme les vitraux en pierre et verre de l’église de Mont-Saint-Aignan, à Rouen, en 1970, technique qu’il a créée et qui n’a jamais été reproduite. "J’aime bien retourner voir mon travail des années après, voir comment ça évolue et ça n’a pas bougé", explique-t-il avec fierté. Et ce ne fut pas sa dernière trouvaille.

"Quand je me formais, c’était la fin d’une époque de reconstruction des églises après la Seconde guerre mondiale. Cela permettait de faire des œuvres monumentales. J’ai bénéficié de ce moment où on œuvrait beaucoup dans les monuments historiques et les nouvelles architectures. J’avais une fascination pour la lumière et donc pour le vitrail qui est un aménagement de la lumière dans les édifices", se livre l’artiste.

"J’appartiens à une sorte de confrérie, une famille"

C’est en 1971 qu’il rejoint le Larzac avec son épouse, artiste elle aussi. Ils s’installent dans une ferme fortifiée en ruines à Brouzes-du-Larzac. Pendant 30 ans, le couple restaure la bâtisse qui, à la suite des travaux, sera classée monument historique. Mais son engagement se traduit également par sa participation à la lutte contre l’extension du camp militaire. Claude Baillon relie cette "rébellion politique du Larzac" à celle qu’il revendique d’un point de vue professionnel, contre "les pesanteurs artistiques conservatrices, une liberté et une contestation des institutions académiques". Car ce qu’il apprécie particulièrement c’est cette "possibilité de faire une œuvre en dehors des musées, des circuits officiels". Il ajoute que si le vitrail est lié de fait à l’architecture, il n’en reste pas moins indépendant. C’est cette volonté de rester libre dans son art qui a poussé le maître verrier à fonder en 1977 une association de verriers créateurs qui porte le nom de Hyalos.

"J’appartiens à une sorte de confrérie, une famille artistique", ajoute-t-il. "J’étais intéressé pour rassembler à l’époque. J’ai créé le premier annuaire des verriers de France qui étaient disséminés dans le pays afin de permettre une interconnaissance", raconte Claude Baillon qui deviendra, quelques années plus tard, président de la chambre syndicale des maîtres verriers français.

Aujourd’hui, celui qui a travaillé à la commande toute sa vie aspire à autre chose : "J’ai plus de temps donc j’approfondis des techniques, j’ai une liberté totale, je crée pour des particuliers, pour leur permettre de vivre avec l’idée du vitrail et d’en acquérir s’ils le souhaitent. On n’a pas de retour de la population quand on enchaîne les chantiers puisqu’une fois les vitraux posés, on s’en va. Aujourd’hui, la rencontre avec le public me permet d’avoir son regard, ses commentaires, c’est important pour moi."

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