Une page se tourne à Rodez : dernier gala pour Dominique Jean, après 45 années très "danse"

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  • Dominique Jean et sa fille Camille Vigier.
    Dominique Jean et sa fille Camille Vigier. Centre Presse Aveyron - José A. Torres
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Philippe Routhe

La professeur de danse ruthénoise, qui œuvre avec sa fille Camille Vigier, s’apprête à prendre sa retraite après avoir fait grandir tant d’élèves.

Sans doute qu’elles manqueront ses tirades lancées à ses danseurs. Du style : "Je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier ou alors je refuse", tiré d’Antigone de Jean Anouilh. Antigone, justement, c’est le dernier spectacle que monte la professeur de danse Dominique Jean, en compagnie de sa fille Camille Vigier. Après le spectacle de ce vendredi 16 et de ce mardi 20 juin à La Baleine, à Onet-le-Château, elle tirera en effet sa révérence. Après 45 années consacrées à l’apprentissage de la danse. Ou plutôt à l’élévation des danseurs dans leurs têtes et leurs corps. 45 ans, oui.

"Si je n'avais pas réussi dans cette formation..."

Son premier gala, elle s’en souvient encore, elle l’a monté quand elle était en terminale, au lycée Foch. à Marcillac. À cette époque-là, nul besoin de disposer d’un diplôme pour enseigner la danse. Mais après ce gala, elle est quand même allée suivre un enseignement de haut vol à l’Ipac (Institut pédagogique d’art chorégraphique). Car ce qu’elle avait en tête, ce n’était pas d’être danseuse, mais bel et bien professeur de danse. "Si je n’avais pas réussi dans cette formation, je pense que j’aurai fait prof" sourit-elle. Mais la danse lui a souri, comme ce jour de 1966, lorsque, en tenue de danseuse folklorique, elle remit une bouteille d’eau au président Pompidou, venu inaugurer la grande foire-exposition de Rodez.

De retour à Rodez, elle a continué à enseigner à Marcillac et a ouvert sa "petite" école dans la rue de Bonald. Avant de s’installer en 2000 avenue Victor-Hugo. Là où, tous les jours, des élèves viennent apprendre la danse, mais aussi faire leur devoir en attendant que le cours commence.

"De l'affectif ? Bien sûr qu'il y en a un peu"

Quand on sait que quelques-uns de ces jeunes viennent depuis qu’ils ont l’âge de 4 ans, et parfois tous les jours depuis plusieurs années, on imagine sans mal qu’aller chez Dominique Jean, c’est un peu aller dans sa deuxième maison. " Il faut laisser l’affectif à une certaine distance, mais bien sûr qu’il y en a un peu", lance-t-elle. Étant entendu que sa spécialité demande avant tout de la rigueur. C’est le classique. Un enseignement dispensé avec le caractère d’une fille de coiffeuse qui, à 18 ans, se rendait de Rodez à Marcillac parfois en mobylette, avec le transistor sur le porte-bagage, pour assurer les cours de danse.

"Mais je crois que dans ce monde plein de tumulte, ils ont besoin de ce moment de cadre, de concentration, de rigueur. Et puis, cela leur apporte tant pour ensuite aller pratiquer des danses plus modernes ", glisse-t-elle.

Ces danses plus modernes, c’est sa fille Camille Vigier qui en assure l’apprentissage depuis plus de dix ans maintenant à ses côtés. Dans ces grandes salles aux baies miroirs, elles partagent toutes les deux leur passion pour le beau geste, la chorégraphie, mais aussi une forme d’élévation de l’âme. " Tout cela doit avoir du sens. Danser doit avoir du sens. Quand on travaille Antigone, on veut qu’ils connaissent la pièce… On veut des danseurs intelligents, oui, c’est cela, des danseurs intelligents…" Peut-être est-ce la raison pour laquelle elle préfère la création de gala avec sa compagnie que la compétition. "Je n’aime pas la compétition" tranche-t-elle.

Le "street tour"

Cette façon de voir la danse a en tout cas fait de Dominique Jean une figure incontournable de cet univers très prisé à Rodez. En 45 ans, elle en aura vu passer des danseurs, dont certains brillent sous de beaux projecteurs comme Maé Nayrolles ou Fanny Gombert, devenues professionnelles. Cette façon de voir la danse, elle l’a transmise à sa fille Camille Vigier qui, au gré de ses créations, marque de son empreinte la dimension culturelle et intérieure qu’elle veut insuffler à cette discipline. "Et d’ouverture aussi" souffle-t-elle, avec ces représentations hors les murs qu’elle n’hésite pas à imaginer comme le "street tour" qu’elle prépare pour le 21 juin.

Bientôt Dominique Jean, comme le dit Voltaire, ira cultiver son jardin. Ce qu’elle fait depuis bien plus de 45 ans en réalité. Nombre d’élèves qui ont poussé à ses côtés peuvent en témoigner…

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