Le deal tourne mal à Toulouse : séquestré, il s'enfuit de la voiture des ravisseurs aveyronnais après une nuit de calvaire

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  • Me Arnaud Cagnac défendait  la victime, "absente du procès car encore terrorisée".
    Me Arnaud Cagnac défendait la victime, "absente du procès car encore terrorisée".
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Mathieu Roualdès

Quatre Aveyronnais ont été condamnés ce vendredi pour avoir séquestré et violenté un Toulousain à la suite d’une transaction qui s’est mal passée…

Dans le monde du trafic de stupéfiants, les séquestrations et enlèvements violents sont devenus monnaie courante. Les spécialistes parlent même d’un phénomène de "mexicanisation". Il s’accélère depuis le début des années 2000 au même rythme que les règlements de compte à l’arme lourde… Comme toujours, l’Aveyron n’était pas vraiment préoccupé par cela. Mais depuis peu, plusieurs affaires de ce type arrivent devant le tribunal de Rodez. C’était le cas, hier après-midi.

Au cœur des débats, un Albanais se présentant comme "Kosovar". Il a 57 ans, vit à Onet-le-Château depuis plus de dix ans après avoir " pris les armes " dans son pays. Dans les différentes auditions, on l’appelle "le chef", "il consigliere" même en référence aux grades de la célèbre mafia italienne. Dans la soirée du 3 septembre 2021, il prend la route vers Toulouse avec un ami de longue date. "Son chauffeur" comme il se présente.

Ce soir-là, ils doivent faire affaire avec des connaissances de la ville rose. Une transaction de cigarettes de contrebande, dit "le chef". De la cocaïne, en grande quantité, pour d’autres. Toujours est-il que l’équipe aveyronnaise est victime d’un guet-apens, dans un bâtiment désaffecté. "Le chef" reçoit un coup de couteau et les agresseurs s’en vont avec sa sacoche contenant l’argent de la transaction : 3 200 €, 10 000 € ou 13 000 € selon les déclarations de chacun. Ivres de rage, les Aveyronnais invitent alors l’un des intermédiaires de la transaction à monter dans leur véhicule. Il le fera. On retrouvera sa trace deux heures plus tard, vers quatre heures du matin, dans le village de Valady… Prévenus par des riverains, les gendarmes arrivent. Ils recueillent les confidences du Toulousain, désigné comme "le black" par les prévenus.

"Ils veulent me tuer !"

Il raconte avoir échappé à un enlèvement "d’Albanais de Rodez". "Ils veulent me tuer", crie-t-il, avant d’évoquer des coups de tournevis, de marteau ou encore de pelles ! Comment a-t-il pu prendre la fuite ? Au moment où ses ravisseurs ont rejoint un autre véhicule, venu en renfort. À son bord, deux trentenaires, deux Albanais qui résidaient à Decazeville et liés par le sang au "chef", sans véritablement connaître ces liens, chacun ayant divers alias ! Tous deux étaient également poursuivis. "On n’a rien fait ! On est arrivé, on a vu un mec courir et nous sommes repartis. Nous ne voulons pas de problèmes", expliquent-ils à la barre. Après les faits, l’un d’eux a pris la fuite vers son pays d’origine avant d’être arrêté en Serbie et remis aux autorités françaises. Depuis, tous ont effectué plusieurs mois de détention provisoire avant d’être remis en liberté.

"Le chef" a purgé un an. Lui aussi jure qu’il n’a rien fait, du moins donné aucun coup. S’il a pris la route vers l’Aveyron, c’est à la demande de la victime pour récupérer la marchandise… "Aujourd’hui, on veut tout lui mettre sur le dos. Mais ce soir-là, il avait le bras en sang, tenait à peine debout après les coups reçus à Toulouse. Arrêtons de romancer l’affaire et de donner tout le crédit à cette victime, qui était sous l’emprise de cocaïne et délinquant multirécidiviste !", a plaidé son avocate, Me Laurence Foucault. Ses confrères de la défense, Me Cédric Galandrin et Me Christelle Cordeiro, ont également insisté sur "une certaine exagération" de la victime. Ou encore le fait qu’aucune trace de son sang n’a été retrouvée dans le véhicule… Pour l’avocat du Toulousain, Me Arnaud Cagnac, cela n’enlève en rien "le calvaire vécu et sa vie dans une peur quotidienne depuis les faits ! Il ne lui tarde qu’une chose, que cette affaire soit passée pour partir à l’étranger et recommencer un semblant de vie".

"Je crois qu’on n’arrivera pas à connaître la vérité et à savoir qui a fait quoi !", avait pour sa part lancé la présidente, Geneviève Boussaguet, après plusieurs heures de débats particulièrement confus. Après une longue délibération, elle a condamné "le chef" à une peine de trois ans de prison et "son chauffeur" à un an et demi. Tous deux ont été incarcérés dans la foulée. Les deux hommes, venus en renfort, ont été condamnés à des peines moins lourdes. Et pourront effectuer celles-ci à l’aide d’un bracelet électronique.

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