Raccourcir les vacances scolaires estivales : Emmanuel Macron rouvre le débat à Marseille

  • Le sujet des vacances scolaires fait débat.
    Le sujet des vacances scolaires fait débat. MAXPPP - Quentin Petit
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Richard Gougis

En déplacement dans une école de Marseille, le chef de l’État a remis sur la table l’idée de "repenser le temps scolaire". Enseignants et parents d’élèves pensent qu’il y a d’autres leviers.

Ce très ancien serpent de mer risque-t-il de boucher le Vieux-Port ? En déplacement dans une école de Marseille ce mardi 27 juin, Emmanuel Macron a en effet annoncé sa volonté de "rouvrir un débat qui est celui du temps scolaire dans l’année". Dans la ligne de mire du chef de l’État, la longueur des vacances d’été. "On a des enfants qui ont parfois deux mois et demi de vacances, voire près de trois mois", a-t-il déploré, estimant que cela contribuait à "bourrer les semaines des enfants".

Congés : la France en tête de peloton européen

Avec 16 semaines de vacances scolaires au total, la France reste derrière l’Irlande (19), le Portugal et la Suède (17) mais figure en tête de peloton européen, loin devant l’Espagne (14) mais surtout l’Allemagne et la Finlande (13) qui sont souvent montrés comme des modèles à suivre. "Les élèves allemands peuvent avoir du sport dans l’après-midi parce qu’ils ont un temps scolaire qui est réparti différemment dans l’année", a d’ailleurs argumenté Emmanuel Macron.

Réduire le temps de vacances : la perspective ne fait pas sauter de joie les enseignants. "Dès qu’il y a un problème, on met ça sur le dos des vacances, regrette Georges Michel, professeur des écoles dans le Gard et représentant du SNUipp-Fsu. Avant de les raccourcir, il faut peut-être repenser l’année dans son ensemble et aussi les contenus de programmes dans lesquels on ne cesse d’accumuler de nouvelles obligations". 

Selon lui, rallonger le temps scolaire pendant l’été risque de se heurter à deux obstacles : "Que ce soit en juillet ou en août, on aura des classes à moitié vides car les parents partiront quand même en congés avec les gosses. Résultats, on fera de la garderie dans des écoles surchauffées où l’ambiance ne sera absolument pas studieuse. Il serait peut-être plus judicieux de tailler dans les vacances de février ou de printemps, souvent rapprochées".

Revenir d’abord sur la semaine de quatre jours

Sur les seuls congés d’été, avec huit semaines, la France est en effet plutôt dans une moyenne basse européenne derrière l’Italie (12), l’Espagne (11) et même la Finlande (10), mais devant l’Allemagne et l’Angleterre (6).

Pour Jacky Bowen, "l’annonce du Président est contradictoire avec sa volonté de vouloir ouvrir les collèges du réseau prioritaire de 8 h à 18 h, pour quoi faire ?" Le président de la Fédération des conseils de parents d’élèves de l’Hérault estime que "la première cause de surcharge des journées, c’est la semaine de quatre jours, c’est ce qu’il faut revoir en premier avec au moins quatre jours et demi en primaire".

Concernant le rythme de vacances, Jacky Bowen rappelle que "le Conseil supérieur de l’éducation avait fait il y a quelques années des propositions intéressantes sur le sujet mais restées enterrées". Lui aussi milite d’abord pour "un allègement des programmes, arrêter de bourrer les crânes pour apprendre mieux".

"Des activités sportives l’après-midi, c’est bien beau, mais qui va s’en occuper, le monde associatif ?", questionne Georges Michel qui conclut : "On s’adaptera mais il faut que ce soit discuté sereinement". C’est aussi le vœu d’Emmanuel Macron qui promet : "Ce n’est pas pour l’année prochaine, on doit concerter ça, le travailler". 

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