Les Jeux olympiques et les Aveyronnais : "Bien plus que du sport" pour le cavalier Didier Séguret à Barcelone

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  • Didier Séguret, 65 ans, est aujourd’hui à la tête  d’une écurie en Gironde. Didier Séguret, 65 ans, est aujourd’hui à la tête  d’une écurie en Gironde.
    Didier Séguret, 65 ans, est aujourd’hui à la tête d’une écurie en Gironde. Centre Presse Aveyron - M. R.
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Mathieu Roualdés

Les Jeux olympiques, prévus en 2024, se dérouleront du 26 juillet au 11 août, à Paris. Cet été, le samedi, la rédaction met en lumière ces sportifs aveyronnais qui ont participé (et souvent brillé), aux JO.

Cavalier olympique. Le qualificatif fait rêver, plus que tous les autres. Didier Séguret en sourit même : "J’ai beau être vice-champion du monde et plusieurs fois médaillé aux championnats d’Europe, on ne me parle que de ma participation aux JO. Regardez, même vous, vous m’appelez pour cela !". Et c’est avec plaisir que le Ruthénois a bien voulu raconter ses Jeux. "Une formidable expérience", comme il le résume.

L’équitation, "un peu à part"

Cela remonte à 1992, à Barcelone. Là où pour la première fois les grandes stars du basket américain se sont réunies pour former l’invincible "Dream team", là où les "Bronzés" ont ouvert la voie à la moisson de titres du handball français, là où Marie-José Pérec remportait la première de ses trois médailles d’or olympique en finale du 400 mètres… "Il y avait Carl Lewis aussi et d’autres stars américaines de l’athlé dont j’ai oublié le nom ! J’ai souvenir avoir entendu ensuite que plusieurs avaient été déclassés pour dopage", se remémore Didier Séguret. Lui, dans l’équipe de France du concours complet, faisait partie des "petits", loin de l’effervescence médiatique. Comme à part. "Déjà, les cavaliers nous sommes plus âgés que les autres athlètes donc il y a un décalage. Moi, j’avais 40 ans quand les certaines gymnastes, par exemple, ont 14 ans ! Et les autres athlètes ne connaissent pas vraiment les sports équestres. Quand on parlait du maréchal-ferrant, on nous regardait avec les gros yeux", sourit-il.

Dans son milieu, en revanche, Didier Séguret est loin d’être un inconnu lorsqu’il arrive à Barcelone avec sa monture nommée "Cœur de Rocker". Il porte la tunique bleue depuis de nombreuses années et il s’est déjà construit un joli palmarès : deux médailles de bronze en équipe lors des Mondiaux, une 10e place en individuel lors des championnats d’Europe en 1989…

Et surtout, un an avant les Jeux, tous les meilleurs cavaliers de la planète sont invités à concourir sur le parcours officiel de Barcelone. Ce jour-là, Didier Séguret termine deuxième. "Avec cette performance, j’étais parmi les favoris et on m’attendait", raconte-t-il. Mais le concours complet et ses trois épreuves – dressage, saut d’obstacles et cross –, réserve toujours des surprises. Et la moindre faute ne pardonne pas.

Chute sur le cross

Pour le Ruthénois, elle est arrivée sur le cross avec une chute. "Souvent, le parcours des Jeux n’est pas très difficile pour que tous les athlètes parviennent à le boucler. Donc, j’ai pris plus de risques que d’habitude et ce n’est pas passé…"

En équipe, la France termine à la 14e place. Barcelone ne reste donc pas comme un grand cru pour l’équitation française. Mais qu’importe. "Si on ne parle que sportivement, tous les cavaliers vous diront que les Mondiaux sont bien plus remarquables. Mais les JO, c’est autre chose. C’est bien plus que du sport. C’est incomparable. Je comprends pourquoi tous les sportifs courent après une participation. Il m’arrive parfois de me remémorer le défilé dans le stade et j’en ai encore la chair de poule. En seulement quelques heures, on fait un tour du monde, c’est magnifique", conclut Didier Séguret.

Cette ivresse des grandes compétitions, le Ruthénois ne l’a jamais quittée. Après sa carrière, il s’est reconverti dans l’entraînement de cavaliers français et internationaux. Avec un regard particulier sur le dressage, il forme les champions de demain au sein de son écurie (haras de Piques) située en Gironde, à Saint-Aubin-de-Médoc. Jamais très loin de l’Aveyron, où son fils, Adrien, a longtemps brillé dans la course à pied.

"J’ai de moins en moins de temps pour revenir, mais je rigole car à chaque fois que nous avons des travaux à réaliser au haras, je fais appel à des entreprises aveyronnaises ! Cela me rappelle les années passées ici", confie l’ancien athlète. Qui ne manquera pas de suivre les JO de Paris l’an prochain.

"Des chances de médailles à Paris"

"On a des chances de récolter des médailles. En complet, on fait partie des meilleures nations actuellement. Et en saut d’obstacles (CSO), on est dans le top 5", explique-t-il, avec le regard d’un expert.

Qui pourrait bien dans quelques années renouer au plus près avec l’olympisme. Car l’un de ses poulains, Alexandre Cheret, excelle en dressage et revêt très souvent la tunique de l’équipe de France lors des compétitions internationales….

"Je lui souhaite vraiment de vivre ce que j’ai vécu. Car même s’il chute comme moi, dire qu’on est cavalier olympique, ce n’est pas si mal que cela sur une carte de visite", rigole Didier Séguret. Et comment ne pas lui donner raison ?

"Brutaliser le cheval, ça ne sert à rien !"

L’image a fait le tour du monde.  Et a particulièrement choqué. Tokyo 2021 : lors de l’épreuve du pentathlon moderne, les caméras du monde entier captent l’image d’une athlète allemande, en larmes, sur son cheval. Jusque-là, rien d’anormal. Si ce n’est que celle-ci, pour faire avancer sa monture, multiplie les coups de cravaches et d’éperon. Choquant, ce dérapage fait le tour du monde. Et la maltraitance animale s’invite dans les discussions autour des sports équestres, discipline particulière du monde olympique.

L’entraîneur de l’équipe allemande sera même exclu. Alors, l’équitation laisse-t-elle la place à de la maltraitance pour la performance ? Didier Séguret répond sans détour : "Les chevaux, on les traite très bien. Les brutaliser, ça ne sert à rien ! Ils font 80 % du travail. Sans un bon cheval, le cavalier ne gagnera jamais. Alors que l’inverse n’est pas vrai : on peut mettre le meilleur cavalier du monde sur un cheval moyen, il ne réussira jamais…" 

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