De champion d'Europe en vétérans à entraîneur, une vie autour du judo pour le Millavois Jean-Yves Cassan

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  • Jean-Yves Cassan (à droite) au milieu de ses protégées du Jita Kyoei, vice-championnes de France  de Deuxième Division cette saison.
    Jean-Yves Cassan (à droite) au milieu de ses protégées du Jita Kyoei, vice-championnes de France de Deuxième Division cette saison. Reproduction L'Aveyronnais
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Guillaume Verdu

Professeur à l’université de Montpellier, le Millavois a été champion d’Europe chez les vétérans et arbore désormais la casquette d’entraîneur, avec succès.

Et dire qu’au tout début, ses premiers pas sur un tatami ne venaient pas de sa propre envie. Jean-Yves Cassan, Millavois de naissance désormais installé à Montpellier, a toujours accordé dans sa vie une place importante au judo. Une passion héritée de son père, comme pour ses deux autres frères, également dirigés très rapidement vers ce sport auquel le paternel souhaitait initier sa progéniture, après l’avoir découvert à l’armée. "Il m’avait forcé à essayer, mais pas à en faire toute ma vie", sourit celui qui, à 48 ans, baigne toujours dans l’univers de cet art martial.

Entraîneur depuis 15 ans au Jita Kyoei, club basé à Montpellier, il a vécu un grand bonheur cette saison, lorsque ses judokates ont décroché la médaille d’argent lors du championnat de France par équipe de Deuxième Division. "Ce n’était pas arrivé à un club de l’ancienne région Languedoc-Roussillon depuis au moins trois décennies, avance l’Aveyronnais. C’était un très grand moment, peut-être le plus beau de ma carrière."

Jean-Yves Cassan a pourtant lui aussi vécu des moments forts en tant que combattant. En 2019, il a décroché le titre de champion d’Europe chez les vétérans, aux Canaries, après avoir remporté deux médailles de bronze dans cette catégorie. Dans sa jeunesse, il a régulièrement côtoyé le haut niveau national, en prenant part à plusieurs reprises à des championnats de France chez les cadets et les juniors, alors qu’il était membre du Stade olympique Millau judo. Parti à Montpellier pour suivre des études de Staps (sport), il a rejoint le Jita Kyoei, sous les conseils de Jean-Michel Ballarin, son professeur à l’université et membre de ce club.

Toujours membre de cette association près de trois décennies plus tard, l’Aveyronnais a tout de même commis une infidélité, lorsqu’il s’est installé à Paris pour raisons professionnelles. "C’était après mon service militaire, rembobine l’intéressé. J’avais ensuite enseigné durant cinq ans dans la région parisienne, dans des collèges situés en quartiers sensibles." Il a alors enfilé les couleurs du Paris Saint-Germain judo, l’un des plus prestigieux clubs de France, à une époque où il comptait comme sociétaires les champions olympiques David Douillet et Djamel Bouras. "Mais j’étais bien loin de ça, modère-t-il avec humilité. J’avais pris ma licence dans ce club, on n’était pas venu me recruter." Cela ne l’avait pas empêché de fréquenter des grands noms de sa discipline, comme le champion du monde Frédéric Demontfaucon, "et tout un tas d’autres judokas de niveau national".

Il n’avait pas réussi à se hisser au niveau des meilleurs mais assure ne pas le regretter. "J’ai tout fait pour y arriver mais je n’ai pas percé au niveau que j’aurai voulu", résume le Millavois, qui avait mené de front le sport et les études, puis le travail. Toujours enseignant, il officie désormais au sein de l’Université de Montpellier, en tant que directeur du Suaps, le Service universitaire des activités physiques et sportives. "Cela signifie que j’enseigne le sport, mais à des étudiants qui sont en pharmacie, en économie, en droit, etc. Notre service concerne 10 000 étudiants." Et cela ne l’a pas empêché d’endosser le rôle d’entraîneur de judo. "Parce que je suis un vrai passionné et que j’ai envie de redonner à ce sport ce qu’il m’a donné", assène-t-il.

"Brassage"

Il officie d’ailleurs au sein du Jita Kyoei comme "bénévole". "Dans notre club, l’ambition est d’amener les jeunes qui nous font confiance le plus loin possible, ajoute Jean-Yves Cassan. On n’est pas favorable au fait de recruter en masse pour avoir des résultats." Sa philosophie se retrouve dans d’autres engagements menés avec son club. "On a aussi une dimension sociale, en proposant du judo gratuitement à de nombreux enfants dans le quartier défavorisé de La Paillade (à Montpellier)." Il avance aussi une forme "d’entraide" avec la présence d’Ukrainiens exilés à la suite de la guerre dans leur pays ou encore la mobilisation pour un Congolais membre du club, menacé d’expulsion. "Il y avait parmi nous des étudiants en droit qui se sont mobilisés pour l’aider. Cela témoigne d’un vrai esprit de famille."

"On arrive à faire beaucoup de brassage. Il y a des garçons qui arrivent à travailler avec des filles, alors que culturellement, ce n’était pas évident. Des jeunes de quartiers difficiles côtoient des étudiants en médecine, ce qui fait changer des regards sur beaucoup de choses, relève Jean-Yves Cassan. Le judo apprend aussi à digérer les échecs, à se relever des coups durs, à respecter les autres, à mettre de son côté toutes les chances possibles en vue d’arriver à un objectif précis. Alors si on peut agir dans la vie avec les mêmes principes…"

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