Aveyron : 2,5 km pour jeter leurs ordures ménagères, ces "oubliés" de la collecte se rebiffent

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  • Sur les hauteurs de Salles-la-Source, l'amertume est encore vivace face à cette situation qui, à travers le département, concerne vraisemblablement bien davantage que les six hameaux.
    Sur les hauteurs de Salles-la-Source, l'amertume est encore vivace face à cette situation qui, à travers le département, concerne vraisemblablement bien davantage que les six hameaux. Centre Presse Aveyron - Xavier Buisson
Publié le , mis à jour
Xavier Buisson

À la faveur d'une "optimisation" dans la collecte des déchets, quelque 70 habitants de plusieurs hameaux de Salles-la-Source doivent désormais parcourir jusqu'à 2,5 km pour jeter leurs ordures ménagères. La mobilisation est en cours face à cette situation qu'ils ne digèrent pas.

Foncoussergues, Figuiès, Blermont, le Puech, Alseroques et Saint-Austremoine comptent une trentaine de foyers pour près de 70 habitants qui, depuis la fin du mois de juin, ont vécu un changement radical dans leurs habitudes. La faute à un programme "d'optimisation et de regroupement des containers", selon la communauté de communes Conques-Marcillac, avec pour conséquence un déplacement desdits containers à près de 2,5 km de certaines habitations.

"Avant, il y avait quatre containers ici, à Foncoussergues, raconte Jean-Marie Orlandini, habitant du hameau. Il y en avait aussi plusieurs à Figuiès, Saint-Austremoine... Et aujourd'hui, nous devons descendre à Mernac", résume cet habitant du hameau de Foncoussergues.

Un déplacement que les habitants goûtent peu, à commencer par Rolande Pérée, veuve de 93 ans qui peut pour l'heure compter sur l'aide des voisins pour se débarrasser de ses ordures du fait qu'elle ne dispose pas de voiture. Une solution d'ailleurs suggérée par la communauté de communes, présidée par Jean-Marie Lacombe, lorsque cette dernière a été contactée au sujet de ce problème.

"Sécurité" et "optimisation des coûts"

"Cette opération de regroupement des points de collecte a été lancée en 2018. Il y avait localement des petits soucis de sécurité, des containers déposés au bord des routes, plutôt étroites. Les camions de collecte devaient effectuer des manœuvres, des marches arrière... Ensuite, il fallait le faire pour une optimisation des coûts, réduire le nombre des trajets effectués", explique le président de la communauté de communes  

"Ils nous ont répondu que la route était trop étroite, mais ça fait 40 ans qu'ils l'empruntent. Même les toupies de béton et les camions de pompiers peuvent passer... Et le réchauffement climatique, les émissions de carbone, ils en font quoi ? Le code général des impôts nous permet de demander une exonération de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, du fait que nous sommes désormais en dehors du circuit de collecte. Alors nous l'avons fait", reprend Jean-Marie Orlandini, retraité de 76 ans.

"On est une réserve d'Indiens à présent"

La demande d'exonération, pour les habitants de ces hameaux qui s'estiment "oubliés", n'est que symbolique, comme l'explique Jean-Marie Orlandini :."On n'est pas là pour économiser 100 €, on s'en fiche. Et puis les poubelles de Rolande Perée, on les prendra... Mais qu'on ne vienne pas nous dire qu'on s'occupe de la ruralité. On est une réserve d'Indiens à présent, on ne fait plus partie de la commune. Cette optimisation répond à une logique comptable et financière, mais on paye des impôts comme tout le monde". 

Sur les hauteurs de Salles-la-Source, l'amertume est encore vivace face à cette situation qui, à travers le département, concerne vraisemblablement bien davantage que ces six hameaux et leurs 70 habitants.

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