Le Ruthénois Sylvain Bru : "L’esprit de sobriété est ancré dans nos gènes aveyronnais"

Sylvain Bru est intarissable lorsqu’il s’agit de parler de l’application de covoiturage, CareCO2, qu’il est en train de mettre au point pour les smartphones. Démonstration à l’appui, l’Aveyronnais, né en 1976 à Rodez, explique pourquoi il est important de favoriser ce mode de transport partagé. "Avant de penser à rouler dans des véhicules électriques, il faudrait d’abord remplir ceux qui circulent déjà sur nos routes", appuie-t-il, soulignant que son application sera 100 % gratuite (lire ci-dessous). "Elle est basée sur la force d’une communauté qui échangera des kilomètres, pas de l’argent. Je suis convaincu que ça peut marcher", avance l’ingénieur. "L’esprit de sobriété est ancré dans nos gènes aveyronnais", affirme-t-il pour expliquer son besoin de "lutter contre le gaspillage" et "améliorer l’efficience de la voiture individuelle". Une conscience écologique et une "sensibilité à l’empreinte carbone" qu’il revendique.

Cinq années aux États-Unis

Enfant de profs – dessin industriel et construction mécanique à Monteil pour son père Robert et anglais à Jean-Moulin pour sa mère Jacqueline – le jeune Sylvain Bru grandit à Sainte-Radegonde. Le bac S en poche, au sortir du lycée Foch, il s’inscrit en filière "Organisation et génie de la production", à l’IUT de Rodez, puis enchaîne avec une maîtrise de science et technique en système de production informatisé, à la fac de Bayonne. Il poursuit un troisième cycle à l’institut supérieur de logistique industrielle, à Bordeaux, durant lequel il fait un stage chez Bolloré, à Colomiers, en banlieue toulousaine. "Ils voulaient m’embaucher dès la maîtrise mais j’ai voulu continuer jusqu’au master." Il finit par entrer chez Bolloré Logistics qui, quelque temps plus tard, l’envoie à Miami puis Cincinnati. Cinq années pendant lesquelles naissent Nora, en 2006, et Yohan, en 2008. "C’était sympa, se souvient-il. Mais, avec ma femme Stéphanie, on n’a jamais voulu s’installer aux États-Unis."

Avant le retour en France, "recruté en 2009 par l’Aveyronnaise Virginie Granier". "J’ai passé trois entretiens à Toulouse vers Noël, en 2008, et j’ai été recruté par Axsens, un cabinet de conseil en organisation industrielle, cabinet au sein duquel je suis devenu associé minoritaire."

Six années passent avant que le jeune ingénieur décide de voler de ses propres ailes. Il crée, en 2015, sa société installée à Mons, en banlieue toulousaine, OE-Xperts pour "Operational Excellence eXperts", où il met ses compétences au service de l’industrie, essentiellement dans le secteur de l’aéronautique mais aussi de la distribution, de la logistique, du transport, du luxe, de la santé…

Sylvain Bru est par ailleurs consultant et formateur et donne des cours à l’École des Mines d’Albi et à la faculté de pharmacie de Toulouse.

Ma mission est "d’augmenter la part de valeur ajoutée dans le cycle de production. Il s’agit de mettre en lumière tous les gains potentiels d’organisation en réduisant les gaspillages et en augmentant la stabilité du système".

Les vertus du covoiturage

Réduire le gaspillage, on y revient : "Le rendement global d’une voiture type Golf VIII thermique, qui transporte un individu de 90 kg, est de 1,2 %, avance l’ingénieur. Soit 98,8 % de gaspillage." C’est ce qui le motive aujourd’hui, avec donc la création de son application pour smartphone dont la phase de test auprès des volontaires devrait démarrer avant la fin de l’année avant un déploiement prévu en 2024.

"Le covoiturage n’aide pas simplement à réduire l’empreinte carbone. Ça permet aussi de réduire la circulation et le nombre de places de parking, de décongestionner les villes et de donner un accès plus aisé aux personnes qui ont du mal à se déplacer. Ça crée aussi du lien social", insiste Sylvain Bru qui se dit "plus attaché au succès de son application qu’à l’argent."

Souhaitons donc que CareCO2 soit une réussite.

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