"On ne vous a jamais vu rire", "vous n'avez pas honte ?" : retour sur les punchlines mythiques de Jean-Pierre Elkabbach

Unanimement salué, Jean-Pierre Elkabbach, décédé à l'âge de 86 ans, mardi 3 octobre 2023, était un moteur du journalisme politique français. Celui qui a été à la tête de France Télévisions et d'Europe 1 maîtrisait à perfection l'art de la punchline. Certaines resteront mythiques.

"On ne vous a jamais vu rire", à Vladimir Poutine

En juin 2014, Jean-Pierre Elkabbach interviewe Vladimir Poutine, en compagnie de Gilles Bouleau. "Il y a beaucoup de caricatures sur la plupart des dirigeants du monde. Sur vous aussi, vous n'êtes pas épargné. Votre première réaction spontanée, c'est la colère ? Une certaine maîtrise de vous ? L'envie de punir ? Ou peut-être un jour de rire", questionne-t-il, avant de faire une remarque au président Russe : "on ne vous a jamais vu rire".

"Bonjour Marine Le Pen. Vous n'avez pas honte ?"

"Bonjour Marine Le Pen, vous n'avez pas honte ?" : c'est ainsi que Jean-Pierre Elkabbach démarre son interview avec la présidente du Front National le 12 janvier 2015, sur Europe 1. "Honte de quoi ? De quoi me parlez-vous Monsieur Elkabbach ? Je vous reconnais bien là dans la provocation", répond son interlocutrice.

"Le monde entier était à Paris hier, c'était au-delà de l'union nationale, l'union européenne, l'union planétaire pour lutter contre le terrorisme, une sorte de rassemblement et les démocrates se sont passées de vous parce que vous n'y étiez pas. Vous avez préféré aller devant 1 000 personnes à Beaucaire, c'est-à-dire chez les vôtres."

"Quelle couleur vous préférez pour le mur ?"

Toujours sur les ondes d'Europe 1, Jean-Pierre Elkabbach avait reçu, quelques mois plus tôt, le 13 mai 2014, André Vallini. Fraîchement nommé secrétaire d'Etat chargé de la Réforme territoriale, il est alors interrogé par le journaliste : "quelle couleur vous préférez pour le mur ?". "Pour le mur, quel mur ?", lui répond celui qui a été maire de Tullins pendant 15 ans. Et à Jean-Pierre Elkabbach d'enchaîner : "comment quel mur ? Le mur sur lequel votre réforme territoriale va se fracasser !"

Quelques heures après l'annonce de la disparition du journaliste, André Vallini a évoqué cette séquence sur Twitter. "Cher Jean Pierre Elkabbach, nous ne saurons jamais de quelle couleur était le mur! Grande tristesse après la disparition de cette légende du journalisme politique…", a-t-il salué.

"Nous ne sommes pas au music-hall !"

Autre phrase mythique prononcée par Jean-Pierre Elkabbach, en compagnie d'Alain Duhamel dans Cartes sur Table. Le 21 janvier 1980, le duo interroge Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste français. Alors que la salle accompagne une réponse de ce dernier par des applaudissements, le journaliste martèle : "je voudrais dire, parce que vous avez pas mal d'amis ici, que nous ne sommes pas au music-hall, alors s’il vous plaît, les applaudissements c'est pour d'autres émissions".

"Nous vivons ensemble un moment décisif"

S'il s'est distingué par des punchlines piquantes, Jean-Pierre Elkabbach a aussi marqué de son empreinte des étapes charnières de la politique française et de sa diffusion sur nos écrans. "Nous sommes donc dimanche 10 mai 1981, le deuxième tour de l'élection présidentielle. Nous vivons ensemble un moment décisif. Dans quelques secondes, vous allez connaître le nom du président de la République" : aux côtés d'Etienne Mougeotte, il annonce en direct, à la télévision, que François Mitterrand est le nouveau chef de l'Etat.