Drame de Venise : comme l'effondrement de celui de Gênes il y a 5 ans, la vétusté des ponts italiens encore en question

  • Plus de 10 mois après le drame, le pont Morandi de Gênes avait été totalement détruit.
    Plus de 10 mois après le drame, le pont Morandi de Gênes avait été totalement détruit. Repro Centre Presse - Wikipedia - You Tube
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Laurent Roustan, avec Reuters

Le mardi 14 août 2018, le pont Morandi de Gênes sur lequel passait une autoroute s'est effondré en partie, précipitant les voitures dans le vide et faisant 43 morts, dont des Français. En cause, un entretien de l'infrastructure  déficient pour faire des économies. Cinq ans plus tard, à Venise, bis repetita ?
 

Le mardi 14 août 2018 vers Midi, une partie pont Morandi de Gênes sur lequel passait l'autoroute italienne A10, un axe important de trafic routier entre la France et l'Italie, s'effondre et entraîne dans sa chute des dizaines de voitures qui traversaient alors l'ouvrage.

43 morts, dont 4 jeunes originaires d'Occitanie

Au total 43 personnes vont perdre la vie dans ce drame dont 4 jeunes d'une vingtaine d'années voyageant ensemble, tous originaires d'Occitanie, Gard, Lot, Tarn et Haute-Garonne.

En cause, un défaut "volontaire" d'entretien de cet ouvrage, dans le but de faire des économies ", et la mise en évidence du piètre état des pont italiens et autres infrastructures routières. Le procès dans lequel sont mis en cause des responsables de la société autoroutière, de celle chargée de la maintenance de l'ouvrage ainsi que des fonctionnaires, accusé d'avoir rechigné à effectuer les travaux d'entretien pour "préserver les dividendes" des actionnaires, rappelle Le Monde. Des preuves "accablantes", selon l'enquête.

Les images du drame de Gênes avait entraîné en France un bilan complet et public des ponts routiers.

Après Gênes, Venise, et pour les mêmes raisons

Le procès lui, a été ouvert début juillet 2022, près de 4 ans après le drame, et est toujours en cours alors que survient celui de Venise, ce mardi 3 octobre, avec un bilan de 21 victimes, et 15 blessés dont 4 dans un état grave.

Or, ce pont de Venise d'où un bus touristique a chuté dans le vide  était vétuste et devait être rénové depuis des années, y compris pour boucher une "brèche" dans le rail de sécurité, ont rapporté jeudi les médias italiens.

Une rénovation lancée en 2016, débutée... 7 ans plus tard

Un projet de rénovation de ce pont construit il y a une cinquantaine d'années a été lancé en 2016, mais les travaux ont débuté seulement... en septembre 2023 et n'avaient pas encore atteint la portion du pont où la tragédie est survenue, a indiqué l'adjoint au maire de Venise en charge des transports, Renato Boraso.

Le bus électrique, qui ramenait une quarantaine de touristes étrangers du centre historique à leur camping, a heurté le rail de sécurité, contre lequel il a roulé sur plusieurs mètres avant d'entrer dans une "brèche" de 1,5 mètre et de défoncer une seconde barrière pour finalement s'écraser dix mètres en contrebas, près d'une voie ferrée, selon les reconstructions des médias.

"Ces barrières ne sont pas aux normes selon la législation actuelle, mais elles l'étaient à l'époque de leur conception. Les brèches auraient été bouchées l'an prochain grâce aux travaux déjà décidés", s'est défendu dans la presse Renato Boraso. "Je m'oppose à ce que l'on fasse passer nos services pour des assassins".

 "Demandons-nous pourquoi en Italie une procédure pour faire des travaux doit être aussi longue", a-t-il conclu.

Ce drame lui aussi donnera certainement lieu à un procès... Pas avant 2027 ?

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Les commentaires (1)
Mézac Il y a 7 mois Le 05/10/2023 à 19:30

Je connais bien l'Italie. À force de privatiser, tous les secteurs rentables l'État est exsangue. Il n'a plus les moyens financiers d'entretenir ses axes et ses infrastructures... routiers ou ferroviaires.
Ces accidents sont inévitables.
La France, hélas, prend le même chemin. L'Angleterre en est un autre exemple