Rieupeyroux. "Gardiennes" : un spectacle fort pour libérer la parole des femmes

  • Fanny Cabon dans "Gardiennes" au centre culturel. Fanny Cabon dans "Gardiennes" au centre culturel.
    Fanny Cabon dans "Gardiennes" au centre culturel.
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CORRESPONDANT

Beaucoup d’émotions lors du spectacle de Fanny Cabon au centre culturel dans une salle bien remplie ! Il faut dire que "Gardiennes", le spectacle proposé par Fanny Cabon, ne peut pas laisser indifférent !

Fille unique d’une femme qui l’a élevée seule, femme d’une famille de femmes, "témoin d’un silence de choses tues", l’actrice et autrice nous immerge dès les premières secondes dans le monde de l’intimité féminine, une intimité qui se dévoile, se raconte, sans fard, dans la langue de celles qui l’ont vécue, dans une mise en scène épurée.

Elle nous prend aux tripes : pas de répit pour les femmes, qui au XXe siècle encore avortent clandestinement et risquent leur vie pour ne pas être rejetées de la société car n’étant pas encore mariées, pour ne pas avoir trop de bouches à nourrir, pour… survivre, tout simplement.

Pas de plainte, non, ce n’est pas le genre de la maison : "Là où la chèvre est liée, faut bien qu’elle y broute". Juste des constats : chacune des dix femmes de la famille que met en scène Fanny Cabon raconte son calvaire, son combat, sans jugement, sans révolte.

Les grossesses systématiques au retour du mari, les faiseuses d’ange, les hémorragies, la peur de la mort, l’abandon de l’Église, la méthode Ogino, l’indifférence des hommes qui provoquaient pourtant les drames, mais allaient voir ailleurs, quand leurs femmes passaient enceintes la moitié de leur vie de femme… Le spectacle n’en est que plus fort ! "Mes cris sont de silence et ma paix de façade. Ma mère m’a appris à sourire". Les mots sont forts, comme ces femmes qui ont su résister pour survivre. C’est nous, spectateurs, qui sommes dans la révolte : comment une société tout entière peut-elle taire de telles pratiques, laisser faire, supporter, envoyer à la mort des femmes qui se battent pour survivre, souffrent le martyre dans leur chair, risquent l’échafaud pour aider les autres ? Comment les hommes, qui leur font l’amour, les voient mettre au monde leurs enfants, laissent-ils souffrir et mourir leurs femmes, leurs filles, leurs mères, sans se révolter avec elles contre des lois absurdes ? Comment est-ce possible ?

Alors oui, les femmes sont les gardiennes de la vie, comme le disait le curé lors de ses prêches, comme Garance, 3 ans, le rappelle à sa mère, mais il est temps que les femmes deviennent aussi les gardiennes de leur propre vie ! Fanny Cabon nous montre le chemin.

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