Ils rendent l'eau du robinet impropre à la consommation : que sont ces polluants éternels et ces métabolites partout autour de nous ?

  • PFAS et métabolites présents dans plus d'un verre d'eau sur deux.
    PFAS et métabolites présents dans plus d'un verre d'eau sur deux. Illustration - Centre Presse Aveyron
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Le Canard Enchainé a révélé cette semaine un mail de l'ARS Occitanie faisant état de la présence de polluants éternels et autres métabolites dans l'eau du robinet. Mais que sont ces "polluants éternels" et où les trouve-t-on ?

Le directeur de l'ARS Occitanie, Didier jaffre l'assure : "l'eau de la région "peut être bue en toute sécurité". Même si l'eau est consommable, cela ne l'empêche pas d'être impactée, à des degrés divers, par des PFAS et des métabolites.

Polluée même pour l'éternité, si l'on fait référence au surnom de "polluants éternels" donné à ces deux composés chimiques supposés avoir des effets néfastes sur la santé humaine.

"Plus on va chercher, plus on va trouver"

Dans un mail interne qui a fuité jusqu'aux oreilles du "Canard enchaîné", Didier Jaffre s'inquiétait de la présence de ces PFAS et ces métabolites dans l'eau du robinet : "Plus on va en chercher, plus on va en trouver". Disant à ses cadres que les Français feraient mieux de boire de l'eau en bouteille. Alors qu'en avril dernier, l'Anses avait relevé la présence d'un métabolite au-dessus de la limite de qualité dans plus d'un prélèvement d'eau sur trois, des prélèvements réalisés partout en France.

Mais au fait, ces PFAS, ces métabolites, c'est quoi ?

Les PFAS, partout, autour de nous, en nous

Utilisés depuis les années 1940, les PFAS (pour subtances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées) sont des composés purement chimiques (une famille de 2 700 molécules) non présents dans l'environnement que l'on retrouve dans de très nombreux produits de consommation. En voici une liste non exhaustive :

  • Additif du ciment
  • Isolation de câbles et fils
  • Batteries diverses
  • Production de plastique et de caoutchouc
  • Production de textile
  • Gazon artificiel
  • Conservation des livres
  • Lubrifiants pour vélos
  • Cordes à grimper
  • Lentilles de contact
  • Cosmétiques divers
  • Lignes de pêche
  • Revêtements des cordes de guitare et touches de piano
  • Désinfectants pour les mains
  • Téléphones mobiles
  • Pesticides utilisés pour lutter contre les moustiques
  • Toner et encre d’impression
  • Assainissement des sols
  • Emballages alimentaires
  • Emballages plastique
  • Mousse ignifuge des extincteurs
  • Produits imperméabilisants des vêtements (gore-Tex... etc)
  • Produits antiadhésifs de cuisson type Téflon
  • ...etc.

Les PFAS sont solubles dans l'eau et dans la graisse, résistent à la dégradation et donc persistent très longtemps dans l'environnement.

Les PFAS, présents partout dans notre vie quotidienne.
Les PFAS, présents partout dans notre vie quotidienne. Repro Centre Presse - Institut national de santé publique du Québec

Et dans nos corps, où ils sont à l'origine de problèmes de santé. Certains sont avérés, selon Libération. Et d'autres problèmes de santé causés par les PFAS sont aussi suspectés.

Vers une interdiction ?

La proposition de l'Agence européenne des produits chimiques pour interdire les PFAS, publiée en février 2023, qui pourrait être soumise aux membres de l'Union européenne en 2025, ne sera pas facile à appliquer. 

Une carte du Monde montre au niveau européen les usines de production de PFAS, certains sites où ils sont utilisés et les sites où une contamination a été détectée ou est présumée.

Les métabolites, rejetons des pesticides

Les métabolites concernés dans la pollution de l'eau potable sont eux des résidus de pesticides, herbicides, et particulièrement l'un de leurs composants, le chlorothalonil, mais aussi de substances phytopharmaceutiques, cousins des métabolites de tout autre corps organique (plantes, animaux...etc) par transformation chimique. Comme les PFAS, ils sont de structures très stables et persistent longtemps dans l'environnement.

La métabolite la plus concernée par cette pollution, celle du chlorothalonil, a un impact sur la santé, mais mal défini par les autorités scientifiques. En septembre 2022, relève France Info, "les effets à long terme sur la santé d’une exposition à de faibles doses de pesticides sont difficiles à évaluer" pour le ministère de la Santé. 

Mais l'incertitude concernant ces molécules chimiques issues de pesticides sont suffisamment définies pour que l'on recherche le taux de ces métaolites dans l'eau du robinet. Pour l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA),  le chlorothalonil "devrait être classé comme cancérogène de catégorie 1B", c'est-à-dire comme cancérogène supposé.

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