Pour la Sébazacoise Manon Caussignac, le documentaire comme porte-voix contre les inégalités

Abonnés
  • Une projection, suivie d’un débat, de l’épisode 1 du documentaire de Manon Caussignac est programmée au Club, à Rodez, vendredi 17 novembre. Une projection, suivie d’un débat, de l’épisode 1 du documentaire de Manon Caussignac est programmée au Club, à Rodez, vendredi 17 novembre.
    Une projection, suivie d’un débat, de l’épisode 1 du documentaire de Manon Caussignac est programmée au Club, à Rodez, vendredi 17 novembre. Reproduction - L'Aveyronnais
Publié le
Rui DOS SANTOS

Née à Millau, ayant grandi à Sébazac, la jeune femme de 27 ans, installée à Lyon, œuvre sur un projet baptisé "La Cantatrice Chôme". Une projection du premier épisode de la série, suivie d’un débat, est programmée au Club, la salle ruthénoise de musiques actuelles, vendredi 17 novembre, à 19 heures.

"Les femmes représentent 9 % des lauréat(e)s de la Victoire de la musique du meilleur album entre 1985 et 2021, 5 % des professionnel (le)s dans la technique, 15 % des usagers dans les studios de répétitions de la région Ile-de-France ou 17 % des dirigeant(es) des scènes de musiques actuelles…".

Ces statistiques sont celles récoltées par Manon Caussignac. Elle en a fait une série documentaire, baptisée "La Cantatrice Chôme", "pour l’égalité dans les musiques actuelles". Elle poursuit sur le sujet : "Ce sont les chiffres d’un monde de la musique que l’on jugerait instinctivement pourtant plus ouvert, plus progressiste et moins stéréotypé que d’autres secteurs professionnels".

Elle l’a imaginée comme un triptyque, réalisée avec Florent Barrallon, qui a effectué le même master qu’elle, et Germain Bacher, le vidéaste du trio. "Les regards croisés sont notre force", se réjouit-elle. Alors que les deux premiers épisodes sont prêts et ont tourné, traitant, respectivement, des artistes et des professionnel(les)s, le troisième est dans les tuyaux, en attente de financements. Celui-ci abordera les publics.

Au Club, à Rodez, le 17 novembre

Qu’est-ce qui pourrait expliquer ces inégalités ? En quoi le genre influence-t-il les trajectoires professionnelles ? Comment la musique pourrait-elle jouer un rôle d’enfermement ou d’émancipation par rapport aux inégalités de genre ? Existe-t-il des évolutions et des initiatives qui viennent bousculer et remettre en question cette situation ?

Elle essaie ainsi de répondre à cette salve de questions lors de ses interventions à travers l’Hexagone : salles de concerts, lycées, cinémas… Elle présentera d’ailleurs le premier épisode, vendredi 17 novembre, à 19 heures, au Club, à Rodez. Cette projection, suivie d’un débat (entrée gratuite, réservation en ligne), aura "une saveur particulière" puisque Manon Caussignac jouera à domicile !

Elle reconnaît quelques zones blanches dans son tour de France et l’Aveyron en fait partie. "J’ai été à Toulouse et à Montpellier, mais pas entre les deux", confirme l’intéressée. Pour l’instant ! Avec, comme leitmotiv : "Quelles solutions pour un secteur musical plus égalitaire et inclusif ?".

"Une expérience inoubliable avec NovAdo"

Née à Millau, en février 1996, de parents millavois, elle n’y a fait qu’un court séjour, à l’instar de son passage éclair par Paris. Trois mois exactement. En fait, Manon Caussignac a grandi à Sébazac, où la famille s’est installée au gré de mutations professionnelles et où elle a suivi une scolarité classique : primaire dans l’école sébazacoise, collège Jean-Moulin et lycée Monteil à Rodez, qu’elle a quitté avec un baccalauréat série S en poche.

Elle n’a pas oublié : "J’aurais bien aimé faire L, ce sont d’ailleurs les matières littéraires qui m’ont sauvée, mais on m’a dit que S, ça ouvrait toutes les portes". Elle a poussé celles de l’université Lumière Lyon 2 pour un DUT, puis une licence en droit, poursuivie par un master "intervention et développement social, parcours discriminations et inégalités".

Mais, avant de rejoindre la capitale des Gaules, elle avait découvert le théâtre, et notamment les matches d’improvisation, avec Olivier Royer, à la MJC de Rodez. Elle avait ainsi participé, avec quelques copines, aux auditions de la première édition de NovAdo et a fait partie de la délégation qui a traversé l’Atlantique pour aller découvrir cette discipline (très) prisée au Canada. Elle a adoré !

Par le prisme des musiques actuelles

Si le théâtre a été, pour elle, "une façon de chasser peut-être la timidité", elle l’a pratiqué comme "un temps de création, une cour de récréation". "C’était intéressant d’apprendre différemment, de se plonger dans la littérature d’une autre manière, confirme-t-elle. J’étais active".

En arrivant à Lyon, elle a intégré "Le nombril du monde" et, après dix-huit mois et le décès de son professeur, elle a participé à la création de La Tiff, une troupe "pour lui rendre hommage". Sa relation avec cette forme d’expression a duré plusieurs années mais "une expérience professionnelle toxique" a été "plus forte que la passion". Elle a donc fini par "mettre un terme définitif" à son lien avec le théâtre et l’improvisation.

D’autant plus que son mémoire de recherche, intitulé "L’influence du genre sur les carrières des comédiennes" lui a ouvert les yeux : "Je me suis posé beaucoup de questions, avec un constat, celui que les hommes ont majoritairement la parole".

Elle a alors choisi un autre terrain de jeu : "Je suis une Aveyronnaise très chauvine qui travaille sur des documentaires pour l’égalité par le prisme des musiques actuelles. Je suis bien dans ce que je fais. Il faut juste le financer !".

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?