Il achète un masque africain à un couple pour 150 € et le revend aux enchères 4,2 M€ : une affaire en or dans une tempête juridique

  • Il n'existerait qu'une dizaine de masques comme celui-ci à travers le monde, il est parti aux enchères à Montpellier pour plus de 5 millions d'euros.
    Il n'existerait qu'une dizaine de masques comme celui-ci à travers le monde, il est parti aux enchères à Montpellier pour plus de 5 millions d'euros. Hôtel des ventes de Montpellier
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Les anciens propriétaires du masque exigent l'annulation de la vente, tout comme la République Gabonaise qui s'immisce maintenant dans cette bataille juridique.

Il pensait avoir fait l'affaire du siècle, loin de se douter de la tempête juridique qui allait suivre. Tout commence en 2021, lorsqu'un couple de retraités vivant dans l'Eure décide de vendre la maison du grand-père de la famille, du côté paternel, située au Vigan (Gard). Ils contactent un antiquaire brocanteur pour savoir s'il est intéressé par quelques vieux meubles. 

Après un premier refus, le brocanteur va finalement s'intéresser à des miroirs à restaurer, une boucle d'oreille, quelques cadres photos... mais surtout un masque africain qui semble dater du XIXe siècle. Il va offrir 150 euros au couple de retraité et repartir avec cet objet de collection.

Le couple était loin de se douter de la rareté de ce masque. Six mois plus tard, ils apprennent sa vraie valeur lors d'une vente aux enchères à Montpellier : entre 300 000 et 400 000 euros. Le masque a finalement été adjugé à 5,25 millions d'euros. Le brocanteur touche le pactole de 4,2 millions d'euros.

Une bataille juridique s'engage

"Ils ont l'impression de s'être fait arnaquer", avait réagi l'avocat du couple de retraités auprès de nos confrères de Midi Libre. Lors d'une rencontre avec le brocanteur, ce dernier a proposé à la famille 300 000 euros. "Ils discutent et mes clients demandent davantage, et puis plus rien ne se passe", explique Me Manat-Jaffré.

Le brocanteur a ensuite été attaqué en justice. Le 28 juin 2023, la Cour d'appel de Nîmes ordonne une saisie conservatoire des comptes du brocanteur, à hauteur de 3,171 millions d'euros. "Si l'antiquaire a profité de ses connaissances pour induire en erreur le vendeur, il s'expose à une annulation de la vente", estimait l'avocat du couple.

L'avocate du brocanteur, Me Patricia Pijot, expliquait quant à elle que c'est l'Hôtel des ventes de Montpellier qui avait fait les analyses, en faisant appel à un expert parisien, et qui avait révélé la rareté de l'objet. 

Le Gabon exige l'annulation de la vente

Le grand-père du côté paternel du couple avait été un lieutenant gouverneur au Moyen-Congo en 1917, et aurait ramené le masque à son retour en France. On sait maintenant qu'il n'existe qu'une dizaine d'exemplaires connus à travers le monde aujourd'hui.

La République Gabonaise a annoncé se mêler à ce feuilleton juridique, demandant tout comme le couple de retraités à ce que la vente soit annulée. 

La décision attendue le 19 décembre

Ce mardi 31 octobre 2023, le tribunal judiciaire d'Alès a entendu les différents partis de cette affaire. Il devra se prononcer ensuite le 19 décembre 2023.

Le Collectif Gabon Occitanie et la République Gabonaise sont à l'origine de deux plaintes, datant de 2022 et 2023, accusant le brocanteur de recel. Elles sont en cours d'analyse juridique "pour déterminer si les faits peuvent être qualifiés pénalement et s'ils ne sont pas prescrits", a indiqué le procureur de la République à nos confrères de Midi Libre. La procédure peut déboucher jusqu'à une saisine de l'Office central de lutte contre le trafic de biens culturels.

La famille qui a vendu le masque ainsi que le brocanteur se sont une nouvelle fois opposés lors du procès. Le premier parti continue d'exiger l'annulation de la vente, quand l'autre clame son innocence. 

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Les commentaires (1)
Milsabords Il y a 5 mois Le 31/10/2023 à 20:44

Il semble que cette affaire soit moins limpide qu'il n'y parait. Au début il était question d'un intermédiaire et d'un partage du montant de la vente aux enchères avec lui, de plusieurs visites du broc après l'achat de l'objet pour avoir des détails sur sa provenance etc... etc ... ce qui semble prouver qu'assez rapidement le brocanteur a eu idée de la grande valeur du masque, mais après tout, si pas vu pas pris, c'était tout bénéf' , manque de chance ...