Rieupeyroux. "Chaplin 1939" : un spectacle en résonance avec l’actualité

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  • "Chaplin 1939".
    "Chaplin 1939". Hélène Lecarme.
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CORRESPONDANT

La salle était comble pour accueillir le spectacle "Chaplin 1939" de la compagnie Hé ! Psst, écrit et mis en scène par Cliff Paillé, joué par Romain Arnaud-Kneisky, Alexandre Cattez et Swan Starosta.

A priori, rien à voir avec ce que nous vivons aujourd’hui : Charlie Chaplin, en 1939, écrit le scénario de son futur film "Le Dictateur". Et pourtant ! Le ton est donné dès que fusent les répliques d’un texte ciselé, écrit pour nous alerter et montrer la modernité d’un artiste qui résonne encore près d’un siècle plus tard : "Un jour, l’argent aura bouffé l’humanité".

Un homme qui a vécu une enfance malheureuse déraille, par folie du pouvoir, entraînant avec lui tout un peuple, mettant à mal l’Europe puis le monde : "Je vais me payer Hitler", s’écrie Chaplin face à son frère. La femme de Charlie Chaplin oblige le créateur à faire le parallèle avec propre histoire. Soif de pouvoir, orgueil blessé, soif d’ambition, soif de plaire et d’être idolâtré ?

Le même désir de vengeance chez les deux protagonistes, mais celui de Chaplin le sauve et lui permet de dépasser le malheur par l’art, celui d’Hitler, qui aurait voulu devenir peintre, est destructeur. Ne subissons-nous pas encore aujourd’hui la folie de certains qui nous entraînent dans des guerres fratricides ?

N’avons-nous pas la liberté et la capacité de décider de ce que nous ferons des événements qui nous ont forgés ?

Le spectacle, magnifiquement interprété et mis en scène, sait parfaitement rendre universelles les réflexions suscitées par la narration de l’enfance du réalisateur. Dans l’un des derniers tableaux, Charlie Chaplin s’adresse au personnage qu’il a créé, évoque son succès mais également sa fin : "Cette fois, tu ne partiras pas à la fin du film, c’est fini, Charlot, je veux que tu meures à l’écran ; tu te heurtes au parlant comme je viens de heurter ma folie à celle de Hitler".

"Je refuse de me taire", conclut l’artiste.

Car le spectacle, loin d’être un simple récit biographique, transcende l’exemple personnel pour en faire une réflexion sur la responsabilité de l’artiste, son rôle dans la société : véritable métaphore du film "Le Dictateur", il veut amuser, divertir, tout en instruisant et dénonçant, invitant à ouvrir les yeux et réagir pour que l’histoire ne se répète pas.

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