Villeneuve. C’est l’histoire de la bastide du comte Raymond

  • Quelques maisons de la Bastide, place des Conques (XIIIe siècle).
    Quelques maisons de la Bastide, place des Conques (XIIIe siècle).
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"Tartarassa ni voutor – No sent tan leu charn puden – Quom clerc e prezicador – Senton ont es lo manén" (Ni la buse ni le vautour – Ne sentent aussi vite la chair puante – Que les clercs et les prêcheurs – Ne sentent où est le riche) chantait Peire Cardinal, troubadour à la cour des comtes de Toulouse, au sujet des prêtres et des moines. Comme beaucoup d’Occitans, il dénonce la rapacité du clergé qui trouve dans la lutte contre l’hérésie une occasion de s’enrichir. L’évêque de Rodez, Henri de la Treille, ruine les uns après les autres les seigneurs rouergats fidèles au comte de Toulouse, comme Ozil et Saura de Morlhon qui ont dû lui abandonner leurs biens, dont Villeneuve qu’il convoitait.

Le comte Raymond VI de Toulouse, excommunié par le pape, lors du concile de Latran en 1215 est déchu de sa seigneurie qui est offerte à Simon de Montfort. Les Toulousains se révoltent et le nouveau comte doit prendre d’assaut sa capitale. Ce siège lui sera fatal. Des femmes de Toulouse qui manœuvrent une perrière, en haut des remparts, le visent et l’atteignent en plein front, le 25 juin 1218. Mais sa mort ne met pas fin à la croisade.

En 1222, Raymond VI, meurt excommunié et privé de funérailles chrétiennes. Son fils, Raymond VII mène avec énergie le combat contre les Croisés désormais aux ordres du roi de France. Malgré de belles victoires, il comprend qu’il faut cesser cette interminable guerre.

Pour retrouver ses terres, Raymond signe avec le roi de France Louis IX, le traité de Paris (ou de Meaux) en 1229. Il accepte d’être flagellé publiquement en signe de pénitence sur les marches de Notre-Dame et de marier sa fille unique, Jeanne, alors âgée de 9 ans, à un frère du roi, Alphonse de Poitiers. Très attaché au Rouergue, il compte, entre autres, récupérer Villeneuve. Bonnes gens de Villeneuve, oyez le message de notre seigneur Raymon le VIIe, comte de Toulouse : "Que tous sachent qu’en l’an 1231, aux nones de mai, nous, Raymond, comte de Toulouse par la grâce de Dieu, agissant pour nous et nos héritiers, abandonnons à Pierre, évêque de Rodez et à ses successeurs, le château de Lusençon, le château de Jouqueviel, la bastide de Berlande et cinq mille sous Melgoriens et lui promettons l’albergue à Villeneuve… en échange du droit que le seigneur évêque avait sur Villeneuve".

Maître de Villeneuve, le comte dote la cité du Causse d’une charte de Bastide. À condition qu’il ne soit "ni serf, ni noble" chaque arrivant se voit attribuer un ayral pour bâtir sa maison et des terres à cultiver à l’extérieur de l’enceinte du bourg, en contrepartie d’une redevance assez légère. La charte stipule que l’administration de la ville sera confiée à quatre consuls, élus parmi les prud’hommes.

À l’est de la Sauveté, naissent deux nouveaux quartiers, la gache del Cun et la gache del Barri Soubira. De nombreux "colons" viennent librement s’y fixer pour bénéficier de l’avantageux statut de bourgeois et construisent leur maison selon un plan prédéfini.

Sur la façade d’une maison du quartier Soubira, à côté de la Tour, au-dessous d’une croix "pattée" de Toulouse, on peut lire en lettres romanes cette dédicace : "Ramundus comes dedit istum locum Deo e pauperibus". Cette maison, donnée par le comte Raymond à Dieu pour les pauvres restera longtemps un hôpital.

Villeneuve eut également le privilège de porter dans ses armes la croix de Toulouse : "De gueules, à la croix cléchée, vidée et pommetée de douze pièces d’or". Raymond VII est le second fondateur de Villeneuve, la 1re bastide du Rouergue.

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