Élections européennes : pourquoi les partis tardent à se lancer dans la course

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    Le scrutin européen arrive petit à petit... MAXPPP - Jean-Marc LOOS
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Christelle Bertrand

Parmi les grands partis, seul le Rassemblement national a déjà choisi sa tête de liste. Les autres formations politiques n’entreront réellement en campagne qu’au début de l’année 2024.

Ils voient arriver la dinde de Noël avec inquiétude… Les vieux stratèges savent, en effet, que les intentions de vote se cristallisent autour d’un pilon. Or, à un mois du réveillon, la majorité n’a toujours pas de tête de liste pour les élections européennes qui auront lieu en juin. Récemment, un sondage a glacé le monde des marcheurs. Il a été réalisé le 12 novembre dernier par le journal La Tribune et place le RN en tête avec 9 points d’avance sur Renaissance. Du jamais vu.

"Si on fait un mauvais score..."

"Presque dix points de retard sur le sujet majeur du Président, c’est extrêmement grave. Il faut que l’on présente vite notre tête de liste car si on fait un mauvais score, ça va être compliqué de finir le quinquennat", nous assurait, la semaine dernière, l’un des piliers du gouvernement. Et la Première ministre a semblé, cette semaine, vouloir passer la vitesse supérieure. "Notre adversaire dans cette élection, c’est le RN. Il a été en tête aux européennes de 2014 et de 2019. Il aborde cette élection en tant que favori. Nous ne pouvons pas lui laisser le champ libre", a-t-elle affirmé devant le bureau exécutif du parti présidentiel.

Le seul nom qui circule avec insistance reste celui de Bruno Le Maire qui a affirmé, à plusieurs reprises, qu’il ne voulait pas y aller. Mais beaucoup le poussent encore, comme l’un de ses homologues de Bercy qui nous expliquait cette semaine : "Face à Bardella, on a envie de quelqu’un de capé pour pouvoir lui assener des vérités. Alors certes, dans une équation personnelle, c’est un choix risqué que de laisser tomber un grand ministère pour prendre la tête de liste. Mais si Le Maire arrive en tête, ça lui donne une sacrée longueur d’avance pour 2027. Psychologiquement, c’est important." Mais pour l’instant seul Stéphane Séjourné, le patron de Renaissance et actuel président du groupe Renew au Parlement européen, semble intéressé.

La gauche patine

La gauche, elle, patine plus encore. Aucun des candidats déclarés ne perce. Manon Aubry (LFI), Marie Toussaint (Les Écologistes), Léon Deffontaines (Parti communiste) battent campagne hors les projecteurs. Quant au PS, il n’a toujours pas investi de tête de liste bien que le choix de Raphaël Gluksmann ne semble plus un mystère.
Les sondages indiquent que la Nupes pourrait totaliser près de 30 % des voix, ce qui la placerait au coude à coude avec le RN, mais partant en ordre dispersé, elle dilapide ses chances de briller. Le PS totaliserait 10 %, Les Écologistes autant et LFI 8. Les tensions au sein de l’intergroupe, accrues depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, semblent avoir enterré l’idée d’une liste commune.

La droite traditionnelle n’est pas en meilleure posture puisque les LR n’ont toujours pas de candidat. Si François Bellamy, le chef de file actuel des eurodéputés LR au Parlement européen, semble la tête de liste la plus probable, certains, notamment dans l’entourage d’Aurélien Pradié, poussent Michel Barnier à s’engager. "Il est le plus à même de faire le pont entre les différentes tendances de notre famille politique, de l’aile farouchement proeuropéenne à celle plus souverainiste. Il incarne d’autre part la crédibilité qui est celle de la droite en Europe, grâce aux négociations sur le Brexit qu’il a dirigées", assurait, il y a un mois, le député Pierre Henri Dumont.

Bardella crève l’écran

Plus à droite, Marion Maréchal, partie en campagne depuis le 7 septembre, est créditée de 6 % dans les sondages. Elle concentre sa campagne sur le thème de l’immigration et sillonne le sud-est de la France où elle estime détenir son vivier électoral. Mais pour l’instant, c’est bien Jordan Bardella qui crève l’écran. Il est sur tous les plateaux, même le chef de l’État, avec qui il a échangé lors des rencontres de Saint-Denis, en fait la promotion en louant son esprit brillant.

Le président du RN s’attelle à la composition de sa liste, panachant d’anciens eurodéputés, fidèles, élus locaux et personnalités issues d’autres mouvements.

Selon Le Parisien, la dernière place féminine serait réservée à Marine Le Pen pour "pousser" la liste. Jordan Bardella pourrait cependant perdre quelques points au profit d’une liste incarnant la ruralité montée par des proches de l’Élysée. Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, en prendra la tête. Sa ligne consistera à défendre "e monde rural et la vie quotidienne des Français", face à des directives européennes et une "élite technocratique".

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