Personnes âgées : en Aveyron aussi, le grand âge se cherche un avenir, un collectif de professionnels de la santé alerte

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  • Le collectif a présenté son rapport sur l'état de santé du grand âge pour le remettre au Département.
    Le collectif a présenté son rapport sur l'état de santé du grand âge pour le remettre au Département. Centre Presse Aveyron - O. C.
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Le collectif des professionnels au service des personnes âgées de l’Aveyron a remis ce lundi 4 décembre son livre blanc au Département.

"Le plus grand malheur est la double peine de nos aînés qui paient 2 000 € par mois dans un Ehpad, une somme plus élevée que ce qu’ils ont gagné, c’est de la maltraitance passive. On a gardé notre maman à domicile le plus longtemps possible et aujourd’hui je dois aider l’établissement qui manque de personnel pour mettre des couches", témoigne la fille de ladite résidente venue ce lundi 4 décembre 2023 assister à la présentation du rapport du collectif des professionnels au service des personnes âgées de l’Aveyron.

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"C'est l'ensemble du maillon qui est en crise"

Face au manque de moyens et au manque de personnel, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) – dénomination qui hérisse le poil du collectif rappelant la distinction entre la dépendance soit une addiction et le handicap – ont alerté sur la situation alarmante du grand âge aux côtés des services d’aide à domicile, ordre des professionnels des médecins, infirmiers et kinésithérapeutes.

Des propositions : décloisonner, mutualiser et diversifier l'offre...

"Nous remettons ce livre blanc au Département pour alerter aussi les citoyens Aveyronnais car on laisse des gens sur le bord de la route." Et de balayer les idées reçues : l’âge médian en Ehpad est de 97 ans. Le service d’aide à domicile est aussi touché par le manque de moyens et de personnel. "On parle de crise à l’hôpital mais c’est l’ensemble du maillon qui est en crise. On lance un appel pour des réformes nationales", résume Pierre Roux, membre du collectif et délégué départemental de l’association des directeurs de services aux personnes âgées. Au-delà du constat, le collectif émet des propositions : décloisonner services à domicile et établissements pour mutualiser et diversifier l’offre. Sur le plan financier, le compte n’y est pas. Il manque toujours 30 % des aides prévues par le Ségur de la santé.

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Tarification et reconnaissance

En outre, le manque de personnel oblige à fermer des lits d’où un manque de rentrée d’argent alors qu’au même moment l’inflation monte en flèche. Un cercle vicieux dans lequel, pour en sortir, le collectif demande "aux autorités de traiter l’urgence la tarification pour éviter la fermeture". À court terme, quatre établissements sont en péril en Aveyron, à moyen terme, ils sont tous concernés.

Des maux : désaffection du métier, crise des vocations, absence de reconnaissance

"L’Ehpad de demain ne veut rien dire, c’est une diversion pour ne pas parler de l’Ehpad d’aujourd’hui." Sur le plan humain, la situation "est gravissime avec une désaffection du métier, une crise des vocations et une absence de reconnaissance." De fait, il n’y a pas d’autre choix que de faire appel à l’intérim ce qui coûte deux fois plus cher. Former des gens diplômés et revaloriser sont une nécessité.

"Au lendemain de l’article paru sur le sujet (3 octobre dernier dans Centre Presse, NDLR) j’ai reçu un appel d’une société privée. Si on veut du lucratif, on a vu ce que cela donne avec l’affaire Orpea où on compte les biscottes. Il n’est pas question de faire moins bien." Quant à la loi Autonomie, "c’est l’Arlésienne".

Pourtant, un tiers des Français aura plus de 60 ans en 2030 et déjà 30 000 personnes sont centenaires.
 

En chiffres :

  • 97 ans, l’âge médian de la personne en Ehpad.
  • 6 salariés pour 10 résidents actuellement alors que l’objectif du plan grand âge de 2006 prévoyait 8 pour 10.
  • 1 intérim coûte 2 salariés en CDI.
  • 30 % du Ségur de la santé non perçu.
  • 2 000 € par place et par an de déficit pour un Ehpad en Aveyron soit 120.000 € par an pour un Ehpad de 60 places.
  • 66 % des Ehpad en déficit.
  • 100 millions €, la rallonge de l’État soit 15 000 € par Ehpad.
  • 10 milliards d’euros, moitié pour les Ehpad, moitié pour les services d’aide à domicile, sont nécessaires.
  • 120 000, le nombre de personnes nécessaires pour répondre aux besoins.
     
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