Les Aveyronnais Sabine et Christian Boisse de Black récoltent les fruits de leur passion dans l’Hérault

Abonnés
  • Sabine et Christian Boisse de Black sont vignerons récoltants sur la commune d’Aspiran (34), entre Clermont-l’Hérault et Pézenas, depuis le milieu des années 90.
    Sabine et Christian Boisse de Black sont vignerons récoltants sur la commune d’Aspiran (34), entre Clermont-l’Hérault et Pézenas, depuis le milieu des années 90. L'Aveyronnais - Rui Dos Santos
  • Les deux Aveyronnais sortent, environ, 20 000 bouteilles par an de leur Domaine des Montèzes.
    Les deux Aveyronnais sortent, environ, 20 000 bouteilles par an de leur Domaine des Montèzes. L'Aveyronnais - Rui Dos Santos
  • Pour permettre la construction du tronçon de l'A75 entre Le Caylar et Pégairolles-de-l'Escalette, mis en service en 1998, les bâtiments (maison, cave, hangars...) de la famille Boisse de Black (au 1er plan, à droite) ont été totalement détruits, avec une expropriation et une installation à Aspiran.
    Pour permettre la construction du tronçon de l'A75 entre Le Caylar et Pégairolles-de-l'Escalette, mis en service en 1998, les bâtiments (maison, cave, hangars...) de la famille Boisse de Black (au 1er plan, à droite) ont été totalement détruits, avec une expropriation et une installation à Aspiran. Reproduction - L'Aveyronnais
Publié le
A Aspiran, Rui DOS SANTOS

Expropriés de Pégairolles-de-l’Escalette, au milieu des années 90, au moment de la construction de l’autoroute A75, les deux Aveyronnais (lui, 57 ans, de Bozouls ; elle, dix ans de moins, de Coubisou et Saint-Julien-de-Rodelle) sont vignerons récoltants à Aspiran, où ils produisent le Domaine des Montèzes.

Mettre le cap au sud, en quittant l’Aveyron à destination de Sète, de Montpellier, des plages de la mer Méditerranée, de la Côte d’Azur ou de l’Espagne est aujourd’hui un jeu d’enfants. Surtout depuis 1994 et l’ouverture du tunnel du Pas de l’Escalette (la RN 9 s’est effondrée dans la descente, le 13 juin 1993, et l’axe a été dévié par Le Caylar, Saint-Pierre- de-la-Fage et Soubès), assurant la jonction entre le plateau du Larzac et la vallée du Lodévois, puis la construction de l’autoroute A75 et la mise en service, en 1998, du tronçon entre Le Caylar et Pégairolles-de-l’Escalette. D’autant plus depuis que le viaduc de Millau (qui a soufflé le 16 décembre ses 19 bougies) enjambe le Tarn.

Expropriée de Pégairolles

Mais, ce chantier (auto)routier n’a pas fait que des heureux. A l’instar de la famille Boisse de Black, expropriée de Pégairolles, avec bâtiments (maison, cave, hangars) détruits et hectares de vignes rasés. Elle a décidé d’acquérir alors le domaine des Montèzes, à Aspiran, à quelques kilomètres de là, tournant douloureusement la page de ce site, héritage de la grand-mère paternelle de Christian Boisse de Black, une Teisserenc, dont les parents possédaient, à Lodève, l’usine qui avait le monopole des draps pour l’armée (un millier d’employés au début du XXe siècle !).

"Toute la famille est Aveyronnaise"

Voilà donc un quart de siècle qu’il est installé entre Clermont-l’Hérault et Pézenas, avec son épouse Sabine, et leurs quatre enfants. Si Clotilde est native de Rodez, en 2005, les trois autres, Justine et les jumeaux Amédée et Arsène, ont vu le jour à Béziers, respectivement, en 2010 et 2012. Cet élément a peu d’importance pour leur père, qui aimerait abolir le droit du sol... Pour lui, "toute la famille est Aveyronnaise !". Point.

Il sourit donc quand ses voisins l’appellent "gabach". En occitan, un "gabach" désigne en effet les gens des montagnes, sobriquet attribué par les autochtones aux Aveyronnais descendus dans le Midi. Du coup, clin d’œil à cette aventure familiale, il a baptisé de ce nom une cuvée, issue de la plus vieille parcelle du "mas" et composée de quatre cépages.

Une production de 20 000 bouteilles par an

Au risque de remuer le couteau dans la plaie, Christian Boisse de Black est né à Lodève, le 12 janvier 1966, d’un père de Villecomtal et d’une mère de Sénergues, alors que son épouse Sabine, Pradalier de nom de jeune fille, de dix ans sa cadette, a vu le jour à Rodez, le 24 juillet 1976. Avec des racines aveyronnaises : maternelles à Saint-Julien-de-Rodelle, paternelles à Coubisou. Les deux familles étaient des agriculteurs et c’est dans cet environnement qu’elle a passé ses vacances, enfant et adolescente.

Avant de décrocher un bac série S au lycée ruthénois Sainte-Marie. Alors qu’elle s’imaginait bien devenir ergothérapeute, elle a accompagné une amie faire les vendanges à Pégairolles-de-l’Escalette... Le propriétaire ne lui a plus lâché la grappe ! Si elle a suivi des études d’informatique au Cnam de Millau (où elle a ensuite donné des cours durant six ans), Sabine Boisse de Black travaille désormais avec son mari, main dans la main.

Ils vinifient à  Aspiran

Depuis 2007, ils vinifient à Aspiran les raisins de Pégairolles, environ six hectares, ainsi qu’une petite partie de la récolte du nouveau domaine (d’une surface globale de 35 hectares, d’un seul tenant). Tout le reste est vendu à la coopérative. La production totale est de 20 000 bouteilles par an, avec 60 % de rouge, 30 % de blanc et 10 % de rosé.

Les cépages principaux sont grenache blanc, clairette et rolle (ou vermantino) en blanc, syrah, carignan, grenache et cinsaut
en rouge. Le maître des lieux envisage de planter du mourvèdre en 2025. Chargée d’écouler la production du Domaine des Montèzes, Sabine Boisse de Black mise sur l’export (vers la Thaïlande), des boutiques de producteurs, des brasseries à Paris, des particuliers aussi et un site "pour l’instant" vitrine.

"Pour moi, l’Aveyron, c’est tout"

Même s’il reconnaît, avec quelques trémolos dans la voix, que "ça va beaucoup mieux aujourd’hui", Christian Boisse de Black ne cache toutefois pas qu’il a eu "énormément de mal à faire le deuil". Il précise volontiers : "Je n’en veux pas à ceux qui ont construit l’autoroute mais c’est la méthode qui a été un peu violente. Pour moi, en effet, perdre la maison familiale, c’est comme perdre quelqu’un de sa famille". Il a réussi à sauver la cheminée, la porte d’entrée..., qui figurent en bonne place aux Montèzes.

Au point que la commune d’Aspiran est le nouveau port d’attache ? "On est bien ici", assure Sabine Boisse de Black. Son mari entretient davantage le mystère : "Je ne sais faire que le vin !". Pourrait-il déménager cette activité du côté, par exemple, de Marcillac ? Il ne lance pas de bouchon, se contentant de glisser : "Pourquoi pas...". Ce qui n’enlève rien "au fort attachement" de toute la famille à la terre aveyronnaise.

"Pour moi, l’Aveyron, c’est tout !, insiste, avec des mots très chauvins à l’appui, la quadra ruthénoise de naissance. Tous mes ancêtres sont là". Ces racines transpirent même dans "la manière de cuisiner". Notamment les farçous. Quant au maître des lieux, son arbre généalogique a retrouvé des aïeux au nom de Boisse dans le Quercy en 1246, puis du côté de Clairvaux. Pour ce qui est du patronyme de Black, les traces font état d’un Charles, de Blake venu d’Irlande. Christian Boisse de Black en a conservé "le goût prononcé pour la bière".

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
Anonyme13170 Il y a 4 mois Le 20/12/2023 à 13:13

Un des meilleurs vin de l'Hérault