"Une scène de crime d'une grande violence" : le procureur retrace cette nuit de Noël de l'horreur à Meaux, où une femme et ses enfants ont été tués

  • Le procureur de la République de Meaux, Jean-Baptiste Bladier.
    Le procureur de la République de Meaux, Jean-Baptiste Bladier. MAXPPP - Christophe Petit Tesson
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Le procureur de la République a livré les premiers éléments de l'enquête après la découverte des corps d'une mère et de ses quatre enfants à Meaux.

Après la découverte de cinq corps dans un appartement à Meaux, le procureur de la République Jean-Baptiste Bladier a retracé cette nuit de Noël de l'horreur. Il confirme que des proches et du voisinage ont manifesté une alerte auprès de la police peu avant 21 heures, lundi 25 décembre 2023, face à l'absence de réponse des habitants du logement. Ils avaient également détecté des "petites" traces de sang devant la porte.

Les policiers du commissariat de Meaux et la brigade anticriminalité sont rapidement arrivés sur les lieux pour établir un contact, mais en vain. La porte d'entrée était fermée, personne ne répondait. Les fenêtres de l'appartement, situé au rez-de-chaussée, étaient également closes par des volets roulants. Mais l'un d'eux a été forcé par les forces de l'ordre pour pénétrer dans le logement.

Ils sont tombés dans la chambre conjugale, et ont vite compris qu'ils se trouvaient "sur une scène de crime d'une grande violence", a présenté le procureur de la République.

A lire aussi : "Il y a du sang partout" : le témoignage glaçant d'une voisine après la découverte des corps d'une femme et de ses enfants à Meaux

Ce que l'on sait des cinq victimes

Il a été constaté le décès d'une mère de famille née en avril 1988 à Haïti. Les quatre autres victimes sont ses enfants : une fillette de 10 ans, une fillette de 7 ans, un petit garçon de 4 ans et un bébé né en mars 2023, qui aurait fêté ses 9 mois lundi 25 décembre 2023.

La mère et les deux fillettes présentent "un très grand nombre de coups de couteau", à tel point qu'il est impossible à dire pour l'instant le nombre de plaies par arme blanche. Les petits garçons ne présentent pas de plaies apparentes, amenant alors l'hypothèse d'une mort par étouffement ou par noyade, bien que leurs cheveux ne soient pas mouillés.

Une autopsie est attendue à Paris, ce mercredi 27 décembre 2023, pour confirmer les causes des décès.

Le père, principal suspect, a été interpellé

Le crime a été commis dans un appartement de petite taille, qui présentait tous les aspects "d'une vie de famille ordinaire". Et dans lequel "des flaques, des marres de sang" recouvraient le sol de différentes pièces. Le procureur de la République relève aussi la présence "d'un grand nombre de kleenex et de sopalin avec des traces de sang", comme si quelqu'un s'était essuyé.

Également dans l'appartement, les forces de l'ordre ont retrouvé des documents médicaux et administratifs qui dépeignent de l'état psychiatrique du principal suspect : le père de famille, qui s'est enfui du lieu du crime à 20h08, lundi, comme le témoignent les caméras de la copropriété. 

Le suspect a ensuite été identifié par les caméras de la Ville de Meaux, même s'il portait une casquette. Dans les rues, il a chuté à deux reprises et s'est blessé au niveau d'un abri de bus. Ce dernier a été balisé pour laisser les enquêteurs travailler. 

À 20h56, le suspect a embarqué dans un véhicule en direction de la Seine-Saint-Denis. Là où il a été rapidement géolocalisé, puis interpellé ce mardi 26 décembre 2023 à 7h47 à Sevran, près du domicile de son père.

L'homme n'a pas encore été entendu par les forces de l'ordre mais aurait dit savoir pourquoi il se faisait arrêter, tout en évoquant son mal-être personnel et sa dépression. En raison d'importantes blessures à la main, il est en cours d'hospitalisation. 

Des faits de violence et un antécédent psychiatrique

Le suspect est né en avril 1999 à Colombes (Hauts-de-Seine). Il est détenteur d'un CPA de plombier mais sa situation professionnelle actuelle n'a pas été communiquée. Il n'existe aucun antécédent sur son casier judiciaire, sinon une procédure datant de 2019 pour l'usage d'un couteau au même domicile où a eu lieu le drame. 

Ce jour de 14 novembre 2019, la victime était la conjointe du suspect, elle avait reçu un coup de couteau au niveau de l'omoplate. Il s'agit de la même femme qui a été retrouvée morte à Meaux. Elle expliquait en 2019 être en couple avec le suspect depuis 14 ans, et qu'ils se connaissaient depuis le lycée. Elle décrivait déjà l'état dépressif de son conjoint, et le fait qu'il avait interrompu son traitement.

Elle avait rappelé des faits remontant à 2017, où elle n'avait subi aucune violence mais que son conjoint avait tenté de se suicider. 

Le suspect et la victime se sont mariés en octobre 2023.

La réclusion criminelle à perpétuité

Si le suspect est déclaré coupable, il risque la réclusion criminelle à perpétuité pour les chefs d'homicides volontaires sur mineurs de moins de 15 ans et homicide volontaire son conjoint. Si les expertises médicales concluent à une altération du discernement chez le suspect, il risque toujours 30 ans de réclusion criminelle.

Si les expertises concluent à une abolition complète du discernement chez le suspect, "des mesures de sûreté seront prises", a expliqué le procureur de la République.

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