Aveyron : quand la génétique des brebis est au cœur de recherches scientifiques

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    Les romanes vivent en plein air toute l’année. Maxime Cohen
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Au domaine de La Fage, dans le Sud-Aveyron, une unité expérimentale permet de produire des données sur l’élevage ovin.

Au premier coup d’œil, les brebis pâturent, comme n’importe quel troupeau en Sud-Aveyron. Elles sont en plein cœur de la forêt de la Vialette avec les falaises du cirque de Saint-Paul-les-Fonts qui cassent l’horizon. En se rapprochant un peu plus des clôtures de l’enclos, les marques vertes ou bleues apparaissent sur la laine. Ces romanes, race à viande, font partie de l’unité expérimentale de La Fage, gérée par l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement).

Dans les murs de cette exploitation, on ne peut plus classique, des recherches sont menées sur la génétique des brebis. Le cheptel compte 300 romanes pour la viande et près de 600 lacaune, pour le lait. "On est un élevage classique, présente Sara Parisot, la directrice de l’unité. Le lait est vendu pour l’industrie de roquefort et les brebis vendues dans le circuit classique de la coopérative."

Un protocole précis

Pas l’ombre d’un scientifique dans les murs de la ferme, traversée par une des variantes du GR©71. Ils définissent les protocoles selon leurs besoins et les travailleurs sur place, sont chargés d’envoyer leurs observations et relevés. Seize personnes travaillent sur site et sont chargées du phénotypage. " Nous partons d’une question, pose Sara Parisot. À partir de cette dernière, un projet est monté et les scientifiques déterminent le protocole. Nous réalisons le phénotypage. Cela correspond à ce que l’éleveur voit. Les scientifiques vont les analyser et des écrits sont produits." Les travaux menés portent sur la génétique des animaux. Les brebis de race lacaune sont élevées selon les règles du cahier des charges de l’AOP roquefort et celle de race romane "dans un système atypique, en plein air intégral", décrit la professionnelle. " Après-guerre, on travaillait sur les questions de production, sur la quantité au détriment de la qualité, présente la directrice. Après, on a travaillé sur les questions de santé animale et notamment les problématiques de mammites (inflammation des mamelles, NDLR), afin d’en déterminer la part de génétique. Aujourd’hui, nous sommes sur des questions de robustesse et de résilience. On observe comment l’animal optimise son allocation de réserves, si elles sont stockées ou mobilisées, etc."

Les études varient au fil des années, en fonction des évolutions des méthodes d’élevage. Les observations ne sont pas les mêmes sur les deux troupeaux. "Dans le troupeau de brebis viande, on travaille sur le comportement, reprend Sara Parisot. On observe la relation entre l’agneau et la brebis, l’instinct de survie mais aussi la relation entre l’homme et l’animal. Certains vont fuir, d’autres vont venir."

Un travail de longue haleine

Par exemple, pour cette étude, des lignées divergentes vont être créées. "On regarde si c’est un caractère héritable. On mesure le comportement des animaux à des dates clés (naissance, sevrage, etc.) pour déterminer s’il est sociable ou non. On fait reproduire les moins sociables entre eux et les plus sociables entre eux. Si le caractère est héritable il va être extrêmement prononcé sur ces générations."

Un travail de longue haleine qui peut parfois prendre plusieurs années. Cette méthode a été utilisée pour étudier les problèmes de mammites et il s’est avéré que les résultats ont été très rapides. Plus le caractère est héritable, plus il se voit rapidement sur les portées. Toutefois, ces sous lots ne sont pas visibles au sein du troupeau. Toutes les bêtes vivent ensemble. Ces recherches menées sur le plateau du Larzac permettront aux agriculteurs de demain de mieux s’adapter à l’évolution de l’environnement.

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