VIDEO. "Leur merci est notre cadeau de Noël" : à Rodez, les maraudeurs agissent auprès des sans-abri

Publié le , mis à jour
Alexia Ott

À Rodez, le jour de Noël… La misère n’a pas de limites et de frontières. Centre Presse a participé à une maraude du Samu social de Rodez avec les bénévoles. On vous explique tout.

Alors que la nuit tombe et que la plupart des foyers célèbrent Noël en famille, le 25 décembre, quatre bénévoles du Samu social de Rodez arpentent les rues. Kits d’hygiène, soupes, couvertures, compotes, madeleines, cafés, papier toilette, croquettes pour chiens, à la main, les maraudeurs partent à la rencontre des sans-abri et des personnes en grande précarité, qu’elle soit financière ou psychologique. "En ce jour de Noël, nous rencontrons les personnes les plus exclues de la société, celles qui n’ont pas de familles, c’est donc primordial de passer", révèle Sébastien Gisquet, président par intérim de l’antenne départementale de la Croix-rouge et maraudeur.

Les bénévoles du Samu social distribuent des kits d’hygiène, des couvertures, des compotes, du papier toilette...
Les bénévoles du Samu social distribuent des kits d’hygiène, des couvertures, des compotes, du papier toilette... Centre Presse Aveyron - Alexia Ott

"Je suis convaincue que ça peut arriver à n'importe qui"

La gare, le lycée Monteil, le centre-ville et Aquavallon. Les bénévoles répètent, du lundi au vendredi, le même parcours. Un rendez-vous que Jean-Marie, sans-abri depuis deux ans, n’a pas loupé ce lundi 25 décembre. "Je fais la manche tous les matins à l’Intermarché du coin, j’utilise le micro-ondes de la grande surface pour faire réchauffer mes plats. Beaucoup de personnes me connaissent, mais beaucoup d’autres sont indifférents quand ils passent dans la rue, ça fait mal au cœur", confie l’homme quelque peu éméché, les larmes aux yeux. Alors qu’il n’a rien avalé depuis cinq jours suite à sa rupture amoureuse, Sébastien Gisquet tente de lui redonner le moral. "Ta situation nous préoccupe, il faut que tu te ressaisisses et que tu manges", lance le maraudeur. Un suivi sera d’ailleurs mis en place, permettant aux autres équipes de prendre des nouvelles de l’homme d’une cinquantaine d’années.

Entre 70 et 75 bénévoles participent aux maraudes.
Entre 70 et 75 bénévoles participent aux maraudes. Centre Presse Aveyron - Alexia Ott

Au total, entre 70 et 75 bénévoles se relaient. Une présence qui nécessite un engagement fort. "Je suis convaincue que ça peut arriver à n’importe qui, n’importe quand. Si on était dans cette situation, on serait heureux de trouver un peu de réconfort et que le lien aux autres soit maintenu", confie Marie-Jo, bénévole depuis septembre dernier. "Je trouve que c’est une bonne chose d’apporter son aide à ces personnes. Ils n’ont pas forcément leur famille en ce jour de Noël et c’est important qu’on soit là", poursuit Morgane pour sa première maraude.

"Je vais chercher à manger dans les poubelles"

Dans la rue Béteille, les bénévoles rencontrent Clémentine. Au RSA et avec 400 euros de loyer, il lui reste 150 euros pour finir le mois. "Ce n’est pas facile de joindre les deux bouts, je vais chercher à manger dans les poubelles de Carrefour". Mais le plus important pour elle, c’est le réconfort que lui apportent les bénévoles de la Croix-rouge. "Ça fait plaisir de discuter, ça n’a pas de prix", poursuit-elle. Un lien très fort entre maraudeurs et personnes dans le besoin existe. "Quand on est en civil et qu’on les croise dans la rue, ils viennent nous dire bonjour", explique Sébastien Gisquet. "Il faut être sur le terrain pour se rendre compte de la réalité. C’est un préjugé de dire que les sans-abri sont méchants. Depuis mes premières maraudes en 2016, je n’ai jamais eu de soucis d’agression", ajoute-t-il.

"Ça fait plaisir de discuter, ça n’a pas de prix", confie Clémentine, bénéficiaire de l'aide du Samu social.
"Ça fait plaisir de discuter, ça n’a pas de prix", confie Clémentine, bénéficiaire de l'aide du Samu social. Centre Presse Aveyron - Alexia Ott

Alors que l'hiver dernier, les bénévoles constataient la présence de plus en plus importante de femmes en grande précarité, cette année le bilan est différent. "La présence des femmes à la rue se stabilise. Or, nous avons de plus en plus de familles en grande précarité. On voit que les besoins augmentent, notamment suite à l'inflation", atteste le président par intérim.

En moyenne, les bénévoles croisent entre trois et vingt personnes par jour. En ce soir de Noël, les maraudeurs ont rencontré neuf personnes. "C’est un soir calme. Tant mieux, cela signifie qu’ils sont à l’abri et entourés", continue Sébastien Gisquet. "On a le sentiment d’avoir amené de la lumière et de la chaleur humaine. Aujourd’hui, nous avons fêté Noël avec eux. Leur merci est notre cadeau de Noël, ça fait chaud au cœur", concluent les maraudeurs, une fois rentrés à la Croix-rouge.

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