L'Aveyronnais Paulin Courtial enregistre son album auprès du producteur du groupe Nirvana

"Avant, nous nous sommes pincés... Nous étions comme des enfants qui allaient vivre un truc incroyable !". Chanteur et guitariste du groupe CXK, créé en 2016 avec Dimitri Kogane, né en 1988, originaire du Vibal, se qualifiant de "bilingue français-occitan de naissance" ("C’est ma langue paternelle !"), Paulin Courtial sort un deuxième album, après Dirècte, en 2019, et un EP, Diga-me, deux ans plus tard. Intitulé Castèls dins la luna, il sera dans les bacs le 29 mars.

Le duo a franchi l’Atlantique pour l’enregistrement puisqu’il a vu le jour à Chicago. Et pas n’importe où... Ils ont, en effet, travaillé avec Steve Albini, guitariste et chanteur lui aussi, producteur, notamment, de Nirvana, le groupe légendaire lancé en 1987 par Kurt Cobain.

Paulin Courtial se souvient parfaitement de ces six jours : "C’est lui qui nous a accueillis à notre arrivée. Il nous a dit "Bonjour, je serai votre ingénieur du son pour la session qui vient". L’humilité du gars ! Il n’était pas sur un piedestal, ça nous a aidés à être productifs. Nous avions lu des centaines de trucs sur lui, nous avions regardé l’intégrale de son travail. Il connaissait le basque et le catalan, et a été curieux sur l’occitan. Nous avions l’impression de marcher sur la lune".

Les neuf pistes de l’opus reflètent ainsi "la diversité et la conscience" des textes des deux artistes en occitan, cette langue qu’ils assurent "étrangement proche des sonorités anglaises", leur permettant d’exprimer, à la fois, "l’urgence" de leurs prises de conscience face aux violences du monde moderne et de puiser dans la mémoire collective des émotions millénaires pour "aborder les problématiques actuelles". Enregistrées en live, sans ordinateur, en analogique, ces chansons "réfléchies, travaillées et ressassées" se livrent de façon brute.

"Défendre sur scène cet album qui sort le 29 mars"

Tout commence avec le titre "24 de febrièr de 2022", date du début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le trentenaire originaire du Vibal n’a pas oublié : "On ressent distinctement le bruit des bottes dans cette chanson, grâce à la frappe puissante de la batterie de Dimitri. Le chant joue avec les blessures de l’âme slave, en occitan. Ce jour-là, le 24 février 2022, je me suis dit que, s’il y avait la guerre, je n’irais pas. Pourtant, mon cœur me demande de défendre la démocratie. Que se passe-t-il le jour où tu te réveilles en guerre ?". À méditer...

Paulin Courtial et Dimitri Kogane ont mis la barre très haut pour ce deuxième album. Avec qui vont-ils pouvoir collaborer pour l’enregistrement du troisième ? La question les amuse forcément. "Nous avons des envies, mais pas d’idée !", lancent-ils en chœur. Ils précisent volontiers : "La suite, ce n’est pas vraiment la naissance d’un troisième bébé mais plutôt de défendre sur scène celui qui va sortir le 29 mars". La première date de la tournée est fixée au vendredi 2 février à Nîmes.

Dans son premier album, CXK se décrivait comme "les paysans du Rouergue égarés dans le désert californien", une philosophie musicale se résumant alors en une formule concise : "Une guitare, une batterie et on fonce !".  Aujourd’hui, l’approche du duo est devenue plus complexe, plus profonde. Tandis que Paulin Courtial explore les harmonies modales, flirte avec les dissonances dans sa voix et sa guitare, Dimitri Kogane déconstruit les clichés de la batterie binaire du rock... À consommer sans modération !