"La presse locale et régionale est très importante" : le tour de France de Christophe Deloire, délégué aux Etats généraux de l'information, à Rodez ce 29 février

  • Christophe Deloire fait le tour de France pour les Etats généraux de l'information.
    Christophe Deloire fait le tour de France pour les Etats généraux de l'information. Reproduction Centre Presse - Isa Harsin
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Dans son tour de France, Christophe Deloire, délégué aux Etats généraux de l'information vient animer une journée spéciale sur la question des médias, qui se déroule, ce jeudi 29 février, à l'IUT de Rodez. Il s'agit d'aborder la liberté de la presse et de l'information fiable. 

Le président de la République vous a nommé délégué général pour les Etats généraux de l'information. En quoi consiste votre mission ? Pourquoi passer par Rodez. Et à qui ces Etats généraux s’adressent-ils ?

Les Etats généraux de l'information proviennent d'un constat. Celui du péril de l'information libre et indépendante, à l'ère des réseaux sociaux, de l'intelligence artificielle (l'IA), du monde autoritaire qui diffuse sa propagande. Nous sommes donc en grand danger pour l'information libre, fiable et indépendante.

Les EGI sont un chantier collectif à l'échelle national, présidé par Bruno Patino, président d'Arté. En tout, ce sont une centaine de personnes qui œuvrent pour ces EGI et qui doivent présenter pour juin prochain, une stratégie, un plan d'action pour la France pour répondre à tous ces enjeux informationnels, qui vont de l'IA, à l'éducation aux médias, au financement du journalisme, au statut des journalistes.

Nous sommes confrontés à un bouleversement du paysage de l'information. Ce bouleversement a fait l'objet d'une prise en compte notamment au niveau européen, au cours des dernières mandatures et législations...Il y a toujours eu des réponses par petits bouts. L'idée est d'avoir une vision très large et de travailler avec les citoyens, et non pas qu'avec les professionnels.

Ce chantier collectif vise à défendre le droit à l'information. Le droit à l'information fiable est un droit des citoyens, un droit fondamental pour l'exercice démocratique, pour les droits individuels, droits civils et politiques, mais aussi économiques et sociaux. C'est un droit fondamental pour nos vies aussi. On le voit dans la notion d'infobésité, de fatigue informationnelle etc. 

Quel est le calendrier de ces Etats généraux de l'information ? 

Cela va durer neuf mois. Ils ont commencé en octobre et se termineront en juin. Il faut bien ces neuf mois pour réfléchir et formuler des propositions très concrètes qui puissent changer la donne. 

N'y a-t-il pas un risque que ces Etats généraux n'accouchent d'une souris, comme cela a été souvent le cas avec des assises, des livres blancs, dans d'autres secteurs professionnels ? 

Personne ne peut contester le constat visant l'état de l'information en France, la défiance à l'encontre des journalistes, ou la trop faible confiance ou le sentiment qu'ont les gens que la fiabilité de l'information régresse. Il faut donc apporter des réponses, et pour ça, c'est important qu'une partie de la Nation puisse se regrouper autour de cette réflexion.

Ce qui me manque beaucoup, c'est une vision pour l'information et des changements structurels du changement du statut de l'information, lui-même. Nous allons remettre les travaux au président de la République, mais nous sommes déjà en interaction avec les parlementaires pour aboutir, au final,  à des changements législatifs, fiscaux, réglementaires. Pour autant, nous n'allons pas nous substituer aux parlementaires. 

Que pensez-vous du programme et de cette journée du 29 février à l'IUT de Rodez ? 

J'ai commencé un tour de France, où j'ai assisté à une trentaine d'événements. Ce n'est pas une opération parisienne, on veut aller vers tous les Français. Je tire un grand coup de chapeau à Rodez et aux organisateurs qui ont préparé un programme très ambitieux au vu du nombre d'intervenants de grande qualité et des sujets qui seront traités.

Vous avez eu raison d'organiser ces Etats généraux en Aveyron, car la presse locale et régionale est très importante. On a vu le désert informationnel créé aux USA. À Rodez, on va travailler sur l'avenir de la presse locale, sur la protection des journalistes dans les territoires ruraux face aux pressions politiques et économiques... Comment fait-on pour que l'information ne soit pas corrompue ? Sous pression ? Qu'elle serve l'intérêt général ? Cela promet des ateliers et des débats très riches. 

Certaines rencontres dans le cadre des EGI, dans certaines villes n'ont pas rencontré un grand engouement du public. Pourquoi le grand public n'est pas intéressé alors qu'il est friand d'informations ? 

D'après mes informations, il y a déjà beaucoup d'inscrits à la journée à l'IUT et au café-citoyen du soir. Ce sera donc un succès en Aveyron. Pour jeudi, on travaille sur un marché informationnel, un espace démocratique de l'information indépendante. Cela suppose de travailler sur des solutions. Il y a donc une forme d'exigence. Mais tout le monde est le bienvenu et peut apporter ses solutions pour construire un bien commun, une place au milieu du village où l'on échange tous ensemble. 

Le gouvernement a favorisé l’Education à l’information et aux médias (EMI) pour faire face aux fake news. Mais cet EMI a du mal à s’implanter. Comment expliquez-vous cela ?

C'est un enjeu national qui est beaucoup mené par l'Education nationale. Il y a de plus en plus d'associations et de médias qui s'y mettent. Il y a des questions par rapport à l'éducation aux médias qui sont posées. Il ne faut surtout pas que l'EMI soit entre les mains de journalistes  ou de professionnels qui défendent leur vision. Il faut qu'elle serve à la construction d'une conscience critique des citoyens de demain. L'autre question est de savoir quelles garanties structurelles mettons-nous pour favoriser son pluralisme, son indépendance. Les citoyens sont très demandeurs. 

La profession journalistique se porte mal, avec beaucoup de précarité en France, surtout chez les pigistes, comment travaillez-vous avec le Synidcat national des journalistes, qui défend cette profession depuis plus d’un siècle, pour remédier à cette situation ?

La question du financement des journalistes est une des questions importantes de ces EGI. Comment fait-on pour avoir des producteurs de l'information qui puissent vivre décemment de leur activité pour précisément ne pas être soumis à d'autres influences, comme la puissance des plateformes numériques américaines ou chinoises, qui captent une bonne partie des revenus de la publicité ? On est confronté à une logique des propriétaires des médias  ou de milliardaires qui ont d'autres intérêts dans d'autres secteurs. Pour le coup, l'affaiblissement économique des journalistes fait peser le risque de formes de dégradations des contenus, et de la dégradation de leur indépendance. C'est donc un danger et un des enjeux essentiels. L’enjeu des EGI est de trouver des solutions concrètes pour assurer le droit d'information des citoyens. 

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