De l'Ukraine à l'Aveyron, le parcours d'une intégration "réussie" de ces femmes et ces enfants

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  • Les femmes ukrainiennes mises à l’honneur et reçues en préfecture, ce mercredi.
    Les femmes ukrainiennes mises à l’honneur et reçues en préfecture, ce mercredi.
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Cette semaine, le préfet de l’Aveyron Charles Giusti a mis à l’honneur les "nouvelles vies" de plusieurs femmes ukrainiennes, ayant trouvé refuge dans le département il y a deux ans. Et pour beaucoup, déjà du travail…

Elles s’appellent Irina, Natalia, Olga, Olena… Il y a deux ans, elles ont fui leur pays qu’elles chérissent tant, l’Ukraine, alors que l’invasion russe débutait. Elles ont laissé travail, mari, domicile pour prendre la direction de la Pologne puis de la France.

En train, en bus, en voiture, elles ont trouvé refuge ici. À Espalion, à Decazeville, à Rodez, à Millau mais aussi dans des petites communes rurales telles que Ségur. Une nouvelle vie s’est ouverte, loin du front. Les mois ont passé, l’Ukraine résiste encore malgré les nombreux martyres tombés face à la tyrannie et ces femmes, de tous les âges et souvent avec leurs enfants, ont appris à s’intégrer avec l’aide des services de l’État, des associations, des municipalités. La solidarité a prouvé qu’elle n’était plus un vain mot dans l’Hexagone.

Et cette semaine, le préfet de l’Aveyron, Charles Giusti, a tenu à mettre en lumière ces tranches de vie aux côtés de plusieurs acteurs et aidants : La Pantarelle, Oc’Teha, Soliha, Villages 12, Accès logement, le CCAS d’Espalion… Car "il ne faut pas oublier, tomber dans l’indifférence, se dire qu’on est dans une normalité avec cette guerre", a-t-il rappelé, loin des derniers soubresauts politiques liés à ce conflit.

Toutes travaillent, ou presque

Comme un symbole, dans le salon Jean-Moulin, il a invité ces femmes à dire quelques mots sur leur "nouvelle vie". Et en français s’il vous plaît pour la plupart. On a par exemple pu entendre le témoignage d’Irina, cette mère de famille arrivée à Rodez seulement quelques jours après les premières bombes tombées sur Kiev.

Elle maîtrise aujourd’hui la langue de Molière, a vu sa fille aînée prendre son envol dans un appartement du centre-ville, et elle a créé sa microentreprise. Dans la manucure, "une passion", confie celle qui travaillait jadis dans la finance à Krivoï Rog, une ville industrielle de 600 000 âmes au sud de l’Ukraine. Aujourd’hui, son business fonctionne, grâce au bouche-à-oreille, et aux côtés de ses compatriotes, elle a tenu à dire "merci" à l’État français, incarné par le préfet. Lui à son tour à féliciter ces femmes ukrainiennes qui, toutes ou presque, ont rejoint le monde du travail dans un département où, on le sait, les débouchées ne sont pas toujours légion.

"Je vous félicite, votre travail est indispensable !", a-t-il lancé par exemple à cette mère de famille, installée à Millau et devenue aide-soignante dans un Ehpad. Parmi les témoignages, il y avait aussi Natalia, qui a pu poursuivre son métier d’informaticienne à distance depuis son nouveau domicile à Ségur, Nelia, devenue cuisinière après avoir été professeure d’anglais en Ukraine, Olena, aujourd’hui assistante commerciale à la RAGT. "Je suis impressionné par leur capacité d’intégration, elles sont devenues autonomes et les enfants, scolarisés, parlent déjà français couramment ! Et sans l’accent", s’est félicité à son tour Éric Picard, maire d’Espalion. Sa commune compte aujourd’hui 41 réfugiées.

"La langue, c’est vraiment difficile"

Et si les enfants, tous scolarisés, n’ont pas eu de souci à appréhender la langue française, c’est semble-t-il pas la même chose pour leurs aînés. Car à la question du préfet sur les principaux problèmes rencontrés depuis leur arrivée, toutes ont unanimement répondu "le français". "C’est vraiment difficile", n’ont pas caché la plupart qui suivent néanmoins des cours auprès du Greta à Rodez, du Cresaf ou encore en ligne… Toujours dans l’optique de s’intégrer. Encore plus. Et de rester pourquoi pas ici, la guerre terminée. Nous n’en sommes pas encore là.

Et, ce mercredi, en préfecture, Olena n’a pu contenir ses larmes. Elle s’est effondrée lorsqu’il fut question de ses enfants. "Ils me demandent tous les jours quand nous allons rentrer, retrouver leur papa. Mais leur école a été bombardée. Dans notre ville, on ne parvient plus à résister aux Russes… Il manque de tout. C’est dur", confesse-t-elle. Avant d’espérer retrouver son pays au plus vite, la guerre terminée. En espérant que le drapeau jaune et bleu y flotte toujours…

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