Fin de vie : des moyens financiers pour les soins palliatifs... mais avec quels moyens humains ?

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Laurent Roustan, avec AFP

Rebaptisés "d'accompagnement" avant même le passage du projet de loi le mercredi 10 avril devant le conseil des ministres, les soins palliatifs bénéficieront d'une effort financier supplémentaire d'1,1 milliard d'euros sur 10 ans, a annoncé ce samedi 6 avril la ministre de la Santé Catherine Vautrin. Mais il faudra composer avec la crise dans les hôpitaux et la pénurie de soignants.

Avant le passage du projet de loi sur la fin de vie le mercredi 10 avril en conseil des ministres, qui ouvre notamment le droit à une controversée "aide à mourir", le gouvernement s'est engagé à fournir un effort financier supplémentaire de 1,1 milliard d'euros sur 10 ans pour les soins palliatifs.

"En 2034, on aura 2,7 milliards d’euros (annuels) consacrés aux soins d’accompagnement. Soit 1,1 milliard de plus qu’aujourd’hui", avec une montée en charge progressive, a affirmé la ministre de la Santé Catherine Vautrin, ce samedi 6 avril dans une interview au Monde détaillant la stratégie de l'exécutif sur les soins palliatifs, rebaptisés "d'accompagnement".

"Le nombre de patients qui nécessiteront des soins palliatifs va croître de 16% en dix ans. Nous allons augmenter les crédits (aujourd'hui de 1,6 milliard d'euros annuels) de 66%" progressivement d'ici 2034, ce qui se traduira par des "mesures nouvelles financées à hauteur de 100 millions d'euros" chaque année en moyenne.

Avant l'annonce de la stratégie 2024-2034 pour les soins palliatifs, Catherine Vautrin a plusieurs fois évoqué les mesures majeures en vue : création de 21 unités de soins palliatifs dans les départements en étant dépourvus, des "maisons d’accompagnement" pour compléter le dispositif entre l’hôpital et le domicile, ou encore la mise en place d’une filière universitaire sur les soins palliatifs. 

Quels moyens humains ?

Pour Claire Fourcade, la présidente de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), les financements promis "sont une avancée importante. Mais on sera très vigilants sur l'inscription concrète des crédits dans le PLFSS (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale), car la version 2024 ne contenait pas une ligne sur les soins palliatifs", ajoutant que "2034 c'est loin, et on souhaiterait une inscription pluriannuelle".

Mais si les finances suivent, les moyens humains vont poser (pour l'instant) problème. La disponibilité de soignants reste en question alors que la crise de l'hôpital persiste. Dans un rapport publié en juillet, la Cour des comptes avait souligné que la moitié des malades nécessitant des soins palliatifs n'y avaient toujours pas accès. "C'est une source d’inquiétude majeure", a souligné Claire Fourcade. Dans certains départements censés ouvrir des unités spécialisées dès 2024, "il n’y a aujourd'hui personne pour le faire", et actuellement, "des lits ferment" par endroits "faute de personnel", dit-elle. 

L'aide à mourir, après les soins d'accompagnement

Le projet de loi sur la fin de vie devrait ouvrir la possibilité strictement encadrée d'une assistance au suicide. "Le projet de loi aura une première partie sur les soins d’accompagnement, une deuxième sur le droit des patients et des aidants, et une troisième sur l’aide à mourir", avait ainsi exposé Emmanuel Macron il y a un mois.

"Avant l’aide à mourir, le modèle français de la fin de vie, c’est d’abord une politique ambitieuse de renforcement des soins palliatifs et d’accompagnement", a toutefois estimé la ministre, promettant qu'il faut d'abord augmenter l'offre de soins "et ce dès les trois prochaines années", "avant l’adoption de l'aide à mourir".

Cette possible assistance au suicide est controversée, y compris par la SFAP, qui estime que la légalisation de cette mesure pourrait encore plus décourager les soignants.

Au contraire bien sûr de l'association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), qui reconnaît que "il va falloir former, infuser cette culture" auprès des personnels soignants comme des patients, selon son président Jonathan Denis. Selon lui, il faut "que du généraliste au spécialiste, tout le monde soit capable d’avoir dès le stade précoce de la maladie la discussion avec la personne concernée, avec un accompagnement jusqu'au bout" si elle demande l'assistance au suicide.

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Les commentaires (1)
Jema Il y a 23 jours Le 06/04/2024 à 17:46

Ma mère est décédé en 2018 en soins palliatifs, sont état c'est dégradé subitement à l'hôpital, j'ai été choqué.