Boxe : Ciril Johnson Suffo, les gants de l’espoir

Abonnés
  • Dominique Ferrand, Ciril Johnson Suffo et Hubert Plisson, entraîneur au club de boxe de Naucelle.
    Dominique Ferrand, Ciril Johnson Suffo et Hubert Plisson, entraîneur au club de boxe de Naucelle. P.H.
Publié le
Philippe Henry

Après un parcours brillant chez les amateurs, le boxeur d’origine camerounaise est passé professionnel il y a un an, avec cinq victoires pour zéro défaites. Formé en Aveyron, il poursuit désormais son rêve à Toulouse, dans l’espoir de décrocher une ceinture.

Ciril Johnson Suffo se déplace avec légèreté, aisance, puissance aussi, aux quatre coins du ring. Un sourire accroché aux lèvres alors que ce jour-là, samedi, le boxeur professionnel met les gants avec un jeune novice venu se tester entre les cordes, lors d’une journée organisée chez un partenaire du club de boxe de Naucelle, l’entreprise CMA à Rodez. Dominique Ferrand, le président du Ségala Boxing club, a beaucoup d’affection pour ce jeune boxeur de 22 ans, passé chez les professionnels l’année dernière mais qui compte déjà cinq victoires pour zéro défaites. Car Ciril Johnson Suffo a enfilé les gants en Aveyron, à Rodez, où il a affronté ses premiers adversaires chez les amateurs. De là est née sa complicité avec Dominique Ferrand qui soutient les boxeurs depuis plusieurs années. "Mais j’ai réellement commencé la boxe en Espagne, se souvient-il. Je ne savais pas trop comment il fallait s’y prendre mais j’aimais ça, j’aimais me dépenser."

Le parcours de Ciril Johnson Suffo, qui a aujourd’hui 22 ans, est semblable à celui de milliers d’autres migrants qui ont fui leur pays, enduré des épreuves innommables, traversé la Méditerranée, dans l’espoir d’une vie meilleure.

Ciril Johnson Suffo, les gants de l’espoir
Ciril Johnson Suffo, les gants de l’espoir

"J’ai toujours attendu ce moment"

Lui, s’est raccroché à la boxe. Et il a donné toute sa force et sa volonté au noble art. Certains se souviennent d’ailleurs de lui, à ses débuts, comme étant un boxeur un peu brouillon, mais donnant toute son énergie pour progresser, travaillant plus que les autres. "J’ai toujours gardé le souvenir de mon premier combat en amateur, à Argences-en-Aubrac, lors d’un grand gala de boxe. J’ai connu la défaite. Je sais aujourd’hui pourquoi j’ai perdu ce combat. Et je travaille pour que cela n’arrive plus", explique-t-il. Après une trentaine de rencontres, toujours chez les poids moyens, son intégration dans le club toulousain du Boxing Center va le faire basculer chez les professionnels. "J’ai toujours attendu ce moment, sourit-il. Je profite de chaque moment pour travailler encore plus. Je combats presque tous les mois et je prends beaucoup de plaisir." Désormais, il partage son temps entre son métier de peintre en bâtiment et sa carrière de boxeur. "Une fois le travail terminé je vais à la salle pour m’entraîner. Et je recommence ça tous les jours. Je ne dirais pas que c’est exigeant car j’aime profondément ce que je fais."

Si Ciril Johnson Suffo travaille aussi dur, c’est pour un jour "devenir champion du monde", ni plus, ni moins. "Si j’affirme ça, c’est que je travaille pour. Et il ne suffit pas de parler en boxe, il faut aussi prouver", insiste celui qui s’est donné le surnom de "Guerrier noir". Un surnom qui le renvoie à ses origines et à son parcours avant d’arriver en France. "Dans notre groupe, lorsque nous avons fait le voyager pour venir jusqu’en Europe, tout le monde me surnommait le "guerrier" car j’allais au-devant de toutes les épreuves et des dangers. Et puis, une fois arrivé ici, on m’appelait "le noir". Ça, je ne comprenais pas. En portant ce surnom de "Guerrier noir", je voulais affirmer quelque chose, faire passer un message. Celui, notamment, que j’irai jusqu’au bout. Que je ne renoncerai pas."

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?