Conférence sociale: mécontentement syndical et inquiétudes patronales
Le gouvernement a conclu vendredi la deuxième conférence sociale en lançant une concertation sur la réforme des retraites et un plan pour l'emploi, mais les syndicats sont déçus, voire en colère, et le patronat, tout en saluant la méthode, s'est inquiété sur les retraites.
"Le dialogue social n'est pas un jeu d'ombre. Il est au coeur de notre méthode de gouvernement", a affirmé le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, saluant la présence de 300 participants à la clôture de ces deux jours de débats au palais d'Iéna.
Il a rappelé aux partenaires sociaux la "crise profonde" qui "pourrait menacer les fondements même de notre édifice social", mais s'est dit "convaincu que notre modèle français peut être sauvé et enrichi".
Dans un discours axé sur la lutte contre le chômage, proche du record historique, il a précisé le contenu du plan sur les emplois non pourvus, annoncé la veille par le président François Hollande.
Ce plan n'est "pas un effet d'annonce", a assuré M. Ayrault, précisant que dès juillet, le gouvernement réunirait syndicats et patronat pour "recenser les besoins et mobiliser les financements", avec pour objectif "en 4 mois, d'avoir permis l'entrée supplémentaire en formation de plus de 30.000 demandeurs d'emploi".
Sur les retraites, sujet qui a suscité de vives polémiques pendant la conférence, il s'est borné à annoncer qu'il lancerait lui-même la concertation le 4 juillet qu'il espère "dense, riche et sincère".
Les grandes centrales syndicales sont sorties de ce grand raout en affichant leur mécontentement.
Particulièrement remonté, le secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon a dit "ne pas regretter" d'avoir appelé à une mobilisation en septembre sur les retraites, et s'est dit déçu par le "manque d'annonces concrètes" du gouvernement "en matière de salaires, du pouvoir d'achat et de droits à la retraite". Le plan sur les emplois vacants est à ses yeux une "opération de communication".
Un "rendez-vous manqué"
Le chef de file de FO Jean-Claude Mailly, qui tout au long de la rencontre a insisté sur l'inutilité de cette "grand-messe", a lancé comme une boutade : "Je retourne dans le monde réel".
La présidente de la CFE-CGC Carole Couvert a aussi évoqué un "rendez-vous manqué". "C'est une grosse déception. (...) ce n'est pas d'un coup de baguette magique qu'on va inverser la courbe du chômage", a-t-elle lancé.
Même son de cloche chez Bernadette Groison (FSU): "Les réponses qui ont été faites aujourd'hui ne sont pas à la hauteur".
De son côté, le chef de file de la CFDT, Laurent Berger, a fustigé le manque "d'élan et d'effectivité" du plan gouvernemental sur l'emploi, même s'il y a vu "des choses intéressantes". Il avait plus tôt réclamé des "propositions précises" et des "objectifs chiffrés".
Sur les retraites, il a regretté de ne pas "y voir clair", mais dans une critique voilée sur la méthode des syndicats contestataires, il a dit: "Vu la gravité de la situation de notre pays, aucun acteur ne peut rester dans le commentaire".
Seules la CFTC et l'Unsa avaient une appréciation positive et sans bémol de la rencontre.
De son côté, le patronat a salué la méthode de dialogue, Laurence Parisot évoquant une conférence "très utile". Elle a toutefois été très critique sur le dossier des retraites appelant une nouvelle fois à un report de l'âge légal de départ et un allongement de la durée de cotisation. Elle a aussi reproché au gouvernement de ne pas oser un rapprochement public-privé.
Le président de la République François Hollande a déjà exclu de modifier l'âge légal de départ et marqué sa préférence pour un allongement de la durée de cotisation.
Après la rencontre avec M. Ayrault, la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine prendra la main pour consulter les partenaires sociaux dans l'espoir de faire "émerger des lignes de rassemblement". Mais au final le gouvernement décidera seul et présentera un projet de loi en septembre.
Troisième édition de la "grande conférence sociale", à suivre l'an prochain.
Source : AFP
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